En 2011, Estelle Colas part avec son mari et sa fille pour un tour du monde hors du commun: grâce à leurs amis et amis d’amis sollicités sur Facebook, ils ont été hébergés dans 56 familles dans 17 pays sur 5 continents. L’argent économisé leur a permis de soutenir une école de jeunes filles au Burkina Faso.​

Vous êtes partie faire un tour du monde humanitaire avec votre mari et votre fille, pourquoi ce choix?

Nous voulions un projet familial à dimension humanitaire qui donne un sens fort à nos vies. Venant du monde du marketing et de la publicité, nous nous sommes dit que nous pourrions appliquer des méthodes marketing efficaces, éprouvées au service d’une cause humanitaire. Il faut se remettre en 2010 quand le projet a germé. L’idée était de démontrer que, grâce à la mobilisation des réseaux sociaux et en particulier Facebook, on peut se faire héberger par les amis d’amis et reverser nos économies sur les nuits d’hôtel pour l’école. Finalement ça a bien marché, ‘le tour du monde social en 80.000 amis’ a permis de construire une école primaire au Burkina Faso, une cantine, un terrain de jeu, de financer des bicyclettes pour envoyer des jeunes filles au collège.

Pourquoi la cause des enfants? Pourquoi la construction d’une école vs d’autres projets possibles? 

A cause de mon histoire personnelle. Je suis une fille distilbène et avoir moi-même un enfant a été une bataille et je n’ai pas pu en avoir de second. Alors mettre un enfant à l’école, lui donner un avenir, c’est une façon symbolique d’agrandir la famille. Nous avons mis l’accent sur l’éducation des filles, car selon la banque mondiale, c’est l’investissement le plus ‘rentable’ dans les pays en voie de développement.

Qu’est ce que cela vous a apporté à tous?

Avant tout des rencontres merveilleuses avec des amis d’amis inconnus, très ouverts d’esprit qui nous ont ouvert leurs coeurs et leurs maisons. Ce projet a attiré des gens très généreux, qui ont envie de changer les choses. Nous avons réussi à être hébergés par 52 familles dans 17 pays. C’est formidable d’être totalement immergés dans la vie quotidienne des gens, si ils devaient faire des courses, aller chercher les enfants à école, on partait avec eux, c’est le meilleur moyen de sentir la vraie vie.

Ce tour du monde a permis aussi à notre fille de rencontrer des enfants partout dans le monde et de lui transmettre des valeurs essentielles de solidarité, générosité, courage, optimisme.

Comment vos amis ont-ils réagi quand vous les avez sollicités?

Formidablement bien, les gens ont eu très envie d’aider car il y avait une bonne cause à soutenir, un projet d’école au bout. Du coup, chacun pouvait facilement s’identifier, se projeter. Grâce à l’entraide, nous avons trouvé le nom du projet ‘We Like The World’, fait le logo, rencontré l’association La Voix de l’Enfant avec qui nous avons monté le projet au Burkina, trouvé des sponsors pour l’école (Bic, Samsonite, Orange, GDF Suez), trouvé nos hébergements… aucun ‘cold call’ tout s’est fait par la force du réseau.

Comment vous-êtes vous organisés? Comment êtes vous parvenus à vous faire héberger tout au long du voyage?

On postait sur Facebook, au fur et à mesure du voyage, nos besoins d’hébergement dans telle ville, à telle date et les amis se mobilisaient pour nous trouver un lieu d’accueil. Cela a marché dans 80% des cas possibles (par exemple je ne compte pas un hébergement impossible dans le parc du Yellowstone car aucun particulier n’y vit). 4 hébergements sur 5 est un excellent résultat je trouve.

Et maintenant, comment faire en sorte que l’aventure continue?

Aujourd’hui nous voudrions que le principe de tourisme solidaire au service de l’éducation soit possible pour tous. Tout le monde ne peut pas partir en Tour du monde, mais beaucoup de gens partent en week-ends. Nous imaginons une plateforme We Like The World avec des outils à partager sur les réseaux sociaux, qui permette la mise en relation de voyageurs potentiels avec des hôtes prêts à les accueillir, et pour chaque nuit hébergée gracieusement, le voyageur fait un don sur la plateforme.

1 week-end = 100€ (qui n’en coûte que 25 grâce à la défiscalisation) = 1 an d’éducation pour 1 enfant dans un pays en voie de développement.

Nous recherchons de l’aide et des fonds pour bâtir cette plateforme. L’Engage Camp est une belle étape pour réfléchir au financement et au marketing du projet. Nous avons besoin de vous, venez nous aider le 26 mai!