Nayla Ajaltouni, coordinatrice du Collectif Ethique sur l’étiquette nous parle d’engagement citoyen, fil rouge qui traverse sa vie.
Depuis 20 ans, ce Collectif Ethique, regroupant plus de 20 associations, milite pour un strict respect des droits humains au travail à travers le monde, pour la mise en place d’un “salaire vital” dans l’industrie de l’habillement et pour le partage d’informations plus transparentes pour les consommateurs afin que ces derniers puissent connaitre les réelles conditions de fabrications de leurs achats. Pour suivre les campagnes du Collectif, c’est par .

1. Comment définissez-vous l’engagement ? 
Pour moi, l’engagement est le passage à l’action ayant pour point de départ une indignation, une motivation de transformer un aspect de la société. Il prend plusieurs formes, plusieurs intensités. C’est ce qui nous meut ; c’est une façon de résister. A mes yeux, l’engagement a nécessairement un caractère citoyen et donc politique.

2. Quand vous êtes-vous engagée pour la dernière fois et comment ?
Je suis engagée au quotidien dans mon travail, en tant que coordinatrice du collectif Ethique sur l’étiquette, ONG défendant les droits humains au travail. Je m’engage aussi différemment, en soutenant des projets musicaux d’amis par exemple. L’action qui m’a sûrement le plus mobilisée cette dernière année a été le TedXtalk, que j’ai accepté de réaliser après beaucoup de réticences, essentiellement pour les personnes qui me l’ont proposé. La formidable équipe du TedX de la Rochelle conçoit les talk comme un véritable outil pour promouvoir une société plus juste, plus démocratique, pour proposer des alternatives. C’est aussi un événement amusant, qui se déroule dans une ambiance exceptionnelle, avec une bienveillance, un engagement et un humour hors pair qui m’ont, contre toute attente, littéralement transportée. Voir la vidéo du TEDx.

3. Si vous ne deviez choisir qu’un seul combat, quel serait-il ? Comment agiriez-vous ?
Il est difficile d’en choisir un seul. D’ailleurs, je ne vois pas un combat isolé d’autres, ils sont tous imbriqués, mais il est clair qu’on ne peut pas être sur tous les fronts. Mes combats sont généralement liés au respect des droits humains fondamentaux, ce qui est très vaste. Il faut avoir en tête que s’engager pour défendre une idée, une vision, ce n’est pas une simple question de charité, mais de rétablir une justice dans des situations qui en manquent.

4. Lequel de vos projets à venir vous tient le plus à coeur ? 
Au niveau professionnel, je souhaite continuer à élargir la base des citoyens que nous touchons et les pousser davantage à l’action. Il faut faire pression sur les multinationales de l’habillement et les pouvoirs publics pour mettre un terme définitif à l’impunité des multinationales. Ce combat n’est pas incompatible avec le fait d’aimer la mode, mais pas à n’importe quel prix. Je crois fermement en la mobilisation et au plaidoyer citoyen, mais il faut faire masse. Au niveau plus personnel, je voudrais reprendre la batterie !

5. Qui vous inspire et pourquoi ? 
Je suis admirative de beaucoup de personnes mais je ne sais pas vraiment si elles m’inspirent… Je dirais plutôt qu’elles me stimulent. Parmi elles, des artistes engagés, des intermittents qui se mobilisent contre la logique purement marchande que l’on tente d’imposer à la culture, Stéphane Hessel en son temps, les économistes atterrés, des citoyens venant spontanément en appui aux migrants, ou mes copains du Raidh aussi, par exemple…

6. Si vous aviez un conseil à donner, un message à faire passer, ce serait… 
D’avoir des objets d’indignation. Il y a des choses universellement inacceptables et c’est un impératif de les combattre, sans pour autant renoncer à une vie “normale”. On peut être engagé et continuer à rire, à créer… Fort heureusement, la société n’est pas qu’un amas d’injustices. Etre engagé ou militant, ce n’est pas être utopiste. Je rejette cette qualification. L’utopie implique une dimension irréalisable, inatteignable, or garantir un minimum de dignité à tout être humain est tout à fait réalisable. C’est même le devoir de toute société mais malheureusement, les considérations d’ordre politique y font trop souvent barrage.