Alice Barbe est Directice de Singa France, une association qui vise à encourager la collaboration entre les personnes réfugiées et leur société d’accueil. Elle a été aussi Vice Présiente de Johanson International, une organisation qui favorise le développement durable chez ses collaborateurs, ses partenaires et ses clients.
1) Vous êtes Directrice de Singa France, en quoi consistent les actions que vous menez ?
Née d’un mouvement citoyen, Singa veut créer des opportunités d’engagement et de collaboration entre les personnes réfugiées et leur société d’accueil. Ensemble nous construisons des ponts entre les individus pour le vivre ensemble, l’enrichissement culturel et la création d’emplois, dans une démarche de sensibilisation pour déconstruire les préjugés sur l’asile. Afin de attaindre ces objectifs, des plateformes d’échange et de dialogue entre réfugiés et personnes d’accueil sont developpés pour integrer des moyens d’action digital, d’entreprenariat et d’innovation.
Singa aide ainsi la société à porter un nouveau regard sur les réfugiés, en brisant les stéréotypes et en contribuant à une intégration réussie.
2) Etes-vous étonnée par la solidarité des citoyens français que vous constatez à l’égard des réfugiés ?
Pour moi, l’étonnement c’est la base de l’enrichissement et de l’innovation. C’est cet étonnement qui mène à tout un tas d’améliorations et d’innovations sur les territoires. C’est un condensé de richesses qui restent à découvrir, à fédérer ou à soutenir. Mais cette solidarité a besoin d’un soutien, car les citoyens qui veulent aider ont besoin de connaitre les outils pour pouvoir agir. Il faut pour cela développer et mettre à la disposition de tous des outils pour permettre à ce mouvement de s’accroitre.
3) Vous avez récemment créé le collectif “Les Crapauds fous“. Pourquoi ? En quoi cela consiste-t-il ?
La volonté du mouvement des « Crapauds fous » est de créer de l’enthousiasme, ce qui paraît indispensable aujourd’hui, surtout face aux enjeux technologiques du big data, de l’intelligence artificielle, des algorithmes ou de l’automatisation de la société ainsi que face aux forces identitaires politiques qui émergent. Pour ce faire, il nous apparaît comme nécessaire de créer des outils pour faire face aux urgences actuelles et générer des solutions aux fractures sociales, environnementales et sociétales.
Cet enthousiasme, on le retrouve dans le nom même du mouvement. Les « Crapauds fous » ce sont les quelques batraciens qui s’aventurent, à contre-courant de leurs congénères, dans des tunnels conçus sous les routes pour leur permettre de traverser sans danger. Ce sont ceux qui prennent les premiers le tunnel pour aller de l’autre côté et qui reviennent chercher leurs semblables pour les mener vers l’avant.
A ce jour, le mouvement est initié par Cédric Villani, prix Nobel de mathématiques et Thanh Nghiem, dirigeante de grandes entreprises. Il est porté par 34 crapauds fous dont des chercheurs, des entrepreneurs sociaux et des intellectuels d’horizons divers et 12 cercles d’entr’aides avec l’idée de réfléchir et de proposer des solutions concrètes pour un nouveau « vivre ensemble » à travers un manifeste qui sort le 14 septembre 2017.
J’ai rejoint le mouvement à ses débuts et je fais partie d’un comité de réflexion autour de la diversité culturelle. Forte de cette expérience, je souhaite mettre en place au sein de Singaet avec Engage, un projet de « crapauds fous » pour et avec les réfugiés. Le but : qu’ils apportent leurs éclairages sur les enjeux actuels du fait de leur culture, savoir-faire et expériences, afin de co-construire des solutions.
4) Le digital justement est au cœur du prochain programme Exploraction de l‘Engage University. Comment peut-il servir le bien commun ?
Servir le bien commun, à mon avis, c’est restaurer la fraternité au sens classique du terme, c’est-à-dire accepter et avoir envie de vivre avec des personnes qui ne nous ressemblent pas. Pour cela, il faut pour cela créer des outils pédagogiques pour permettre une prise de conscience et encourager la création d’une cohorte sociale de personnes qui s’engagent et qui veulent avoir un impact pour enrichir et apporter des solutions. Dans ce sens, le digital est un outil formidable qui, s’il est bien utilisé, peut servir le bien commun.
5) Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à nos lecteurs pour agir et changer les choses à leur échelle ?
Pour changer les choses à son échelle, on peut commencer par mettre en place des démarches de micro engagement. Tout simplement partager un moment avec une personne inconnue, différente et valoriser les points communs comme les différences. S’engager auprès de Singa est une bonne solution aussi !