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Le trafic illégal d’espèces sauvages est considéré comme un des trafics les plus lucratifs au monde, après le trafic de drogues et le trafic d’armes. Représentant entre 7 et 23 milliards de dollars par an, il est présent sur tous les continents et participe directement à l’exploitation massive des ressources qui est une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité.

Ce phénomène planétaire représente également un danger pour nous, les Hommes comme l’a rappelé en novembre dernier, Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne :

« Le trafic d’espèces sauvages relève de la grande criminalité organisée et constitue une menace directe et croissante pour la biodiversité, la sécurité mondiale et l’Etat de droit ». 

L’ampleur de ce trafic est donc gigantesque. En effet, d’après l’ONG IFAW, 7 000 espèces animales et végétales sont victimes du trafic dans le monde et 1 000 écogardes ont déjà péri dans l’exercice de leurs fonctions. Certaines espèces sont particulièrement menacées. Elles peuvent être emblématiques comme les éléphants où 100 individus sont abattus, chaque jour, par des braconniers, soit 1 toutes les 15 minutes, mais peuvent également être moins connues du grand public, mais tout autant indispensables à leurs écosystèmes. Les Saïgas par exemple, une antilope située entre l’Europe de l’Est et l’Asie, est désormais en danger. Pourtant chassée pendant des centaines d’années, c’est depuis l’effondrement de l’Union Soviétique que son nombre a chuté de plus de 95% en raison du trafic illégal, d’après Interpol

Utilisés à des fins pharmaceutiques, décoratives, ornementales, récréatives, domestiques ou de médecine traditionnelle, les raisons de la demande qui alimente ce trafic sont nombreuses. Les revenus qu’il peut générer sont également énormes, principalement pour les trafiquants qui se trouvent à la tête des réseaux. En effet, les braconniers qui capturent ou tuent les espèces sauvages, sont ceux qui gagnent le moins d’argent sur le prix de vente du produit final. D’après Interpol : 

“Un braconnier peut vendre un chimpanzé à un prix compris entre 50 et 100 dollars,  alors que l’intermédiaire peut le revendre moyennant une marge allant jusqu’à 400 %.”

Ces trafiquants en tête de réseaux sont des acteurs notoires du crime organisé et utilisent souvent le trafic illégal d’espèces sauvages pour financer d’autres crimes. C’est le cas notamment de certaines milices ou groupes armés non-étatiques qui financent leurs actions via ce biais, profitant d’une situation de conflit dans un pays. 

Pour lutter contre ces activités illégales et contrôler le cadre de la vente légale d’espèces sauvages afin qu’elles ne menacent pas leurs survies, la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) internationale a été signée en 1973. Grâce à une catégorisation, faite selon le degré de menace pesant sur l’espèce et la délivrance de permis y correspondant, les États tentent de réguler les flux commerciaux autour des espèces sauvages et ainsi de lutter contre le trafic illégal. 

Cependant, des actions complémentaires doivent être prises au niveau régional ou national afin d’agir à toutes les échelles. L’Union européenne, plaque tournante de ce trafic, a adopté un plan d’action en novembre dernier visant à lutter contre ce phénomène. Quatre axes principaux ont été définis : 

  • Prévenir le trafic d’espèces sauvages et s’attaquer à ses causes profondes
  • Renforcer le cadre juridique et politique de lutte contre le trafic d’espèces sauvages
  • Faire appliquer la réglementation et les politiques afin de lutter de manière efficace contre le trafic d’espèces sauvages
  • Renforcer le partenariat mondial entre les pays d’origine, les pays consommateurs et les pays de transit contre le trafic d’espèces sauvages

Nombreux sont les acteurs qui ont un rôle à jouer dans cette lutte, qui s’avère colossale. 

 

Sources de l’article :

  • La France, plaque tournante du trafic d’espèces sauvages – Le Monde
  • La CITES en bref – CITES
  • Biodiversité: renforcement des mesures de lutte contre le trafic d’espèces sauvages – Commission européenne
  • The Environmental Crime Crisis – Interpol, UNEP
  • Wildlife Crime Initiative – WWF
  • Criminalité liée aux espèces sauvages – IFAW

Les différents éléments de la biodiversité sont notamment liés entre eux à travers la chaîne alimentaire : chaque être vivant mange celui qui le précède. Si certains organismes n’ont pas la chance d’être à la tête de la chaîne alimentaire en tant qu’espèce prédatrice, détritivore ou composteur, ils doivent alors trouver des moyens d’adaptation pour survivre. Focus sur le camouflage.

Au fil du temps et de la mutation génétique nourrie par la sélection naturelle, certains animaux ont mis en place des moyens de défenses subtils et adaptés : le camouflage et le mimétisme.

Mais ces techniques ne servent pas uniquement contre les prédateurs, en effet, les différentes espèces peuvent également s’en servir afin de tromper leurs proies. 

Le camouflage est une méthode de dissimulation qui permet à des êtres vivants de se fondre dans leur environnement. Différentes techniques peuvent être utilisées afin de passer inaperçu. 

Une des premières catégories de camouflage est l’homochromie : l’animal s’adapte aux couleurs de l’environnement qui l’entoure. Cette adaptation peut se faire de différentes manières. L’animal peut naître directement avec la couleur qui correspond à son environnement, mais dans d’autres cas, sa couleur peut varier en fonction de la saison ou encore de son milieu. 

Certaines espèces utilisent également les couleurs disruptives, c’est-à-dire qu’elles sont très contrastées. Cela leur permet de rendre troubles les contours de leurs corps et de mieux se confondre avec les éléments qui l’entourent. Les couleurs ne sont pas forcément unies, en effet, des tâches, rayures ou autres formes peuvent faire partie de ce phénomène d’adaptation. Les fameux guépards, bénéficient grâce à leurs fourrures tachetées, d’un avantage de dissimulation pour mieux surprendre leurs proies. 

Dans la même lignée, certains motifs très présents peuvent servir à distraire d’autres espèces, notamment des prédateurs ou des proies, afin d’avoir une longueur d’avance dans toutes les situations. 

Une deuxième technique développée par certaines espèces est l’homotypie. Cela consiste également à accorder sa couleur à son environnement, mais également sa forme. Les principales espèces concernées par cette méthode sont des insectes qui se fondent notamment dans des éléments de plantes ou d’arbres. C’est notamment le cas du Papillon-feuille, qui comme son nom l’indique prend la forme et la couleur d’une feuille d’arbre afin de se camoufler efficacement. 

Une troisième technique de camouflage est le mimétisme. Ici, le bluff est poussé à son paroxysme. En effet, l’animal va essayer de ressembler à une autre espèce, souvent plus dangereuse ou menaçante, afin d’échapper à ses prédateurs. Certaines espèces nocives ou venimeuses s’imitent même entre elles via des couleurs vives sur leurs corps, ainsi elles bénéficient d’une protection mutuelle car elles sont souvent confondues. 

Tous ces mécanismes de défenses ou de prédations qui ont été adoptées par certaines espèces, bénéficient directement à leur survie dans la nature. La sélection naturelle qui consiste à sélectionner certains individus en fonction de leurs caractéristiques, est le phénomène qui permet de développer ces techniques de camouflage pour les rendre communes à nombre d’individus d’une espèce présente dans un certain milieu.

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Sources de l’article :

  • Les animaux apprennent-ils à se camoufler ? – Ça m’intéresse
  • Les animaux jouent à cache-cache : l’art du camouflage – Noé
  • Camouflage et mimétisme chez les animaux – Instinct Animal
  • Qu’est ce que la sélection naturelle – Géo

Élément essentiel de la biodiversité marine, les herbiers marins sont présents dans différentes zones de notre planète. Composés de plantes à fleurs, ils sont considérés comme des “prairies sous-marines”, situés à une faible profondeur sous l’eau, afin que la lumière puisse les atteindre. 

Malgré leur faible densité d’occupation des espaces marins, environ 0,15%, leurs fonctions écologiques est indispensable à la bonne santé des écosystèmes qui les accueillent. 

Ils façonnent leur environnement, par tous les services écosystémiques qu’ils apportent : oxygénation de l’eau, stabilisation des fonds et des courants marins, production de matière organique, zone de refuge et source de nourriture pour de nombreuses espèces. Ils jouent également un rôle important dans le stockage de carbone, puisqu’ils absorbent 18% du total stocké par les océans chaque année. Ainsi, leur conservation est indispensable à la bonne santé des espaces marins, mais également à celle de notre planète. 

Seulement, depuis les années 90, leur répartition à diminuer de moitié, notamment en conséquence des activités humaines.

Une des premières causes énoncées dans une étude scientifique publiée dans The Global Change Biology, est l’impact du secteur maritime sur ces herbiers : hélice, pêche de fond, ancre marine, loisirs nautiques… Toutes ces activités dégradent directement la santé des herbiers et donc tout l’écosystème qui y est rattaché. Avec toutes ces activités, qui se sont multipliées ces dernières années, vient s’ajouter la qualité de l’eau, qui de par les innombrables mouvements et la pollution, devient plus trouble et agitée. En conséquence, les rayons du soleil ont plus de mal à atteindre les zones où les herbiers sont installés, mettant en péril leur photosynthèse et leur croissance. 

En France et plus particulièrement le long des côtes méditerranéennes, l’herbe marine la plus répandue est la posidonie. D’après une étude de la revue Scientific Reports, cette dernière joue un rôle primordial dans la lutte contre la pollution plastique. En effet, ces herbiers auraient développé la capacité de capturer puis de filtrer les déchets plastiques, dont les microplastiques, qui sont par la suite mélangés à des déchets végétaux marins et relâchés sous forme de boules sur les côtes lors de moment de forte agitation des mers. 

Afin de protéger ces éléments indispensables à leurs écosystèmes et au bon fonctionnement de la planète, de plus en plus de mesures de protection sont et doivent être mises en place : formation et programme sur l’éco navigation, mise en place d’aires marines protégées, contrôles des méthodes d’ancrage, sensibilisation, et même restauration d’habitat. 

 

Sources :

  • Les herbiers marins, essentiels à notre survie – Fondation de la mer
  • Cinq façons dont les herbiers marins stimulent la biodiversité – UNFCC
  • Seagrasses provide a novel ecosystem service by trapping marine plastics – Scientific Reports
  • Les herbiers marins : des prairies sous-marines au rôle écologique considérable – OFB
  • Long-term declines and recovery of meadow area across the world’s seagrass bioregions – The Global Change Biology

Un écosystème est constitué d’une multitude d’interactions entre les espèces qui y sont présentes, certaines sont sédentaires, d’autres nomades, mais elles ont toutes un rôle significatif dans le maintien de la bonne santé de leurs milieux. Rencontre avec les espèces clés de voûte.

Certaines espèces, cependant, ont des rôles majeurs dans l’architecture des écosystèmes : elles les façonnent à travers leurs déplacements, leurs alimentations ou leurs interactions. Elles ont des fonctions essentielles, qui ne peuvent pas être remplies par d’autres espèces, c’est ce qu’on appelle des espèces clés de voûte.

Différents exemples peuvent être donnés, comme le castor. Il modifie son environnement et participe directement à la création de nombreuses zones humides sur son territoire, permettant ainsi la conception de zones de sédimentation et de puits de carbone.

De nombreuses espèces “clés de voûtes” sont également considérées comme des espèces dites parapluie, c’est-à-dire que la protection de ces espèces, dont le domaine vital est large, assure également la protection des autres espèces de l’écosystème, dans un effet domino.

L’éléphant appartient à ces deux catégories. En effet, par leur alimentation et leur déplacement, il modifie physiquement son environnement, permettant de créer, changer ou maintenir différents habitats. Son passage peut permettre de créer de nouveaux lieux d’habitation à des espèces plus petites comme les lézards, qui vont ainsi pouvoir trouver refuge dans les crevasses des branches cassées des arbres.
Les brèches causées par le passage des éléphants dans les forêts, permettent également de faire pénétrer de la lumière à certains endroits et de favoriser l’existence et la prolifération de certaines espèces végétales. Cela peut aussi permettre aux arbres de gagner en force et en hauteur, avec une plus grande capacité de stockage de carbone, ayant ainsi non seulement un impact local, mais mondial.
La consommation alimentaire importante des éléphants et leur système digestif rapide (environ 24h) permettent aussi la dispersion de graines à travers leurs selles. Grâce aux qualités d’engrais de la bouse d’éléphants, ces graines peuvent germer et se développer, favorisant la création de nouveaux habitats via l’implantation de certaines végétations dans de nouvelles zones où les éléphants sont passés.

Le rôle des éléphants est essentiel au bon maintien des écosystèmes, et leur protection ne bénéficie donc pas uniquement à cette espèce, mais aux centaines d’autres avec lesquelles ils cohabitent, dont les humains.

 

Sources :

  • Les éléphants en tant qu’ingénieurs de l’écosystème – Save the Elephants
  • Les espèces parapluies au secours de la nature – Géo
  • Les espèces parapluies assurent la biodiversité – Notre nature