Benjamin Gratton a co-fondé plusieurs organisations dans l’univers de la communication avant de s’intéresser au change management et à l’intelligence collective. Il est aujourd’hui associé de La BoetiePartners et Up&Co. Passionné par l’innovation sociale, il intervient régulièrement chez ENGAGE au sein des Défis et des Programmes.

Pourquoi ce boom de l’intelligence collective aujourd’hui ?

J’aime bien ce mot « boom ». C’est celui qui me fait réagir. Je ne me rends pas vraiment compte du « boom » car je suis né dedans. Je le vois donc plus comme un flux, assez progressif mais qui, tu as raison, semble s’accélérer.
Dans le monde dans lequel nous vivons, j’y vois beaucoup de raisons. Nous faisons face à des défis plus nombreux et complexes. Il y a nos Grands Défis sociétaux bien sûr, mais aussi ceux de notre vie quotidienne ou professionnelle, pour lesquels nous devons inventer de nouvelles réponses… l’IC est un moyen puissant de trouver des solutions et surtout de créer l’engagement et la dynamique pour avancer et réaliser ensemble. C’est aussi un moyen de se regrouper, de se soutenir et de combattre une certaine solitude.

Qu’entendons-nous d’ailleurs par intelligence collective ?

Nous entendons beaucoup de choses ! Pour moi, c’est à la fois un outil lorsque j’anime des ateliers, un objectif quand je cherche à en créer, voire un état d’esprit quand je fais partie d’un groupe. Je parlerais même de spiritualité lorsque je considère mon appartenance à un tout.

Plus prosaïquement, c’est la capacité d’un groupe à élaborer et agir ensemble pour créer de la valeur. Mon travail consiste à développer les liens entre ces individus pour créer le plus de valeurs possibles, pour donner de la puissance au sens presque mathématique du terme. J’ai souvent l’image des réseaux neuronaux.

Dans quelles circonstances son utilisation est-elle souhaitable ?

J’aurais envie de dire tout le temps mais c’est trop ou approximatif. Je vais répondre à l’inverse en expliquant quand ce n’est pas utile à partir de la phrase « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Quand il faut aller vite, quand il faut prendre une décision forte dans un temps limité, quand le collectif n’a pas été entrainé à décider, à faire confiance à l’un des siens … alors ce n’est pas souhaitable.

Quelles sont ses limites?

Ce que je viens de dire précédemment y répond déjà. J’ajouterai que cela nécessite de la pratique et le respect de quelques lignes de conduite. Nous ne sommes malheureusement pas éduqués à ces modes de fonctionnement. Quelle est la part des travaux et apprentissages à l’école qui sont collectifs? 1% ou 2%? Il m’arrive souvent de rappeler quelques fondamentaux nécessaires et je vois le plaisir du collectif à s’en emparer et s’en servir pour mieux fonctionner ensemble.

Tu travailles beaucoup en animant des groupes, que penses-tu des plateformes d’intelligence collective?

Je viens un peu de ce monde là, j’ai développé des plateformes de discussion web dès les années 2000… Une plateforme est un outil et donc peut répondre à certains besoins. Dans une mission pour un travail de Vision d’une organisation, elles m’ont permis de mettre en discussion l’ensemble des collaborateurs. C’était extrêmement puissant au sein d’un dispositif plus complet.

Tu collabores avec ENGAGE en participant à des Défis, en animant des Conférences-Actions, des Programmes … pourquoi?

Je fais ma part, au sens du colibri, je participe à un tout, je sème des graines qui j’espère vont germer et petit à petit semer leurs propres graines pour faire évoluer notre monde et nous permettre de répondre aux Grands Défis de ce siècle.

Et enfin, quels sont tes futurs désirables ?

Je souris…
Être à une table avec des gens qui comptent pour moi, boire un verre avec eux, avoir de belles discussions nourrissantes, me sentir aimé et faire sentir aux personnes qui sont avec moi que je les aime aussi.