Jérôme Cohen est fondateur et président d’ENGAGE dont la mission est d’aider les citoyens et les entreprises à se saisir des grands défis du XXIème siècle. Il est également co-fondateur du Grand Défi dont l’ambition est de fédérer le monde de l’entreprise face aux défis environnementaux.
Le facteur humain est-il fondamental dans la transition ?
Le facteur humain est au cœur de la transition car cette dernière nécessite de se remettre en question individuellement, de déconstruire certaines de nos croyances, certains de nos réflexes en termes de comportements et de connaissances, devenus aujourd’hui incompatibles avec un monde durable. Il nous faut revoir le logiciel qui a accompagné notre société depuis l’après-guerre, notre rapport à l’autre, au monde, qui a imprégné à la fois notre vie personnelle mais également notre vie dans les organisations et les entreprises.
Cette transition passe d’abord par une prise de conscience. Elle passe aussi par l’acquisition de connaissances profondes liées aux enjeux de la transition – environnement, gouvernance, technologie, leardership – et par le développement de compétences qui n’étaient pas celles jugées comme prioritaires il y a encore quelques années. Cette transition individuelle résonne donc avec une transition à plus grande échelle, une transition collective, organisationnelle et sociétale.
C’est tout cela, le facteur humain, qui peut constituer un réel frein comme un puissant levier de transformation.
Quelles compétences devons-nous développer pour contribuer à cette transition ?
Ces compétences sont d’ordre individuel mais aussi collectif. Une des premières compétences est la créativité. En effet nous observons la claire nécessitée de réinventer ce qui est aujourd’hui défini comme un modèle solidement accepté. Pour cela, il nous faut penser hors des cadres, hors des cases et ne plus s’appuyer sur certains réflexes conditionnés. Il nous faut adopter une posture créative profonde afin de pouvoir remettre en question, en permanence, nos habitudes.
Je parlerais également de la notion d’apprentissage profond, comme l’explique François Taddei dans son livre Apprendre au XXIème siècle, nous devons apprendre à apprendre. Dans un monde en mutation, il est essentiel d’adopter une posture permanente d’apprentissage.
Cette transition touche également la question du rapport à l’autre et nos façons d’interagir : qu’attendons-nous de l’autre ? Il faut développer nos compétences en termes de communication, d’écoute active, d’ouverture à l’autre, d’empathie.
Enfin et surtout peut-être, j’appuierais sur les notions d’intelligence et de prise de décision collectives. Les enjeux sont complexes, les solutions le seront aussi, et nécessitent de combiner des intelligences, des expertises, des expériences, des sensibilités variées. Cela nécessite d’inclure et de respecter les idées d’autrui, différent de moi. Ce recours à l’intelligence collective est nécessaire à l’échelle des organisations comme à celle des sociétés. C’est en nous appuyant sur la collaboration que nous trouverons des réponses à des défis, par essence, globaux.
J’ajouterais que nous devons surtout, presque prioritairement, repenser notre rapport au vivant, dans une approche philosophique voire spirituelle. Quelle est notre juste place ?
« Nous devons surtout repenser notre rapport au vivant :
quelle est notre juste place ? »
Comme cela s’incarne-t-il en entreprise ?
L’entreprise est en soi un écosystème et fait partie d’un écosystème. Son rôle sera crucial dans la transition. C’est un système complexe composé d’humains.
Le facteur humain est donc nécessairement au cœur de la transition des organisations. Il est à la fois source des blocages de l’entreprise (en développant des freins par manque de connaissance, de conscience ou d’audace) et à la fois moteur de la transformation. Le niveau managérial n’est d’ailleurs en rien un indicateur de la capacité d’un collaborateur à constituer un frein ou un moteur pour la transformation de l’entreprise.
Pour évoluer, l’entreprise doit devenir un lieu de connaissance, un lieu de créativité et de remise en cause, d’intelligence collective à la fois verticale et horizontale. Elle doit permettre de relier tous les échelons managériaux pour que l’émergence d’idées et la prise de décision soient partagées. La stratégie doit nourrir l’opérationnel et vice-versa.
L’entreprise doit également endosser un rôle politique dans la cité. C’est un organisme vivant qui interagit avec son écosystème, ses parties prenantes – ONG, territoires, citoyens, élus… C’est par cette rencontre et cette porosité que l’entreprise pourra participer efficacement à sa propre transformation et à celle de la société. C’est notamment ce que nous promouvons avec le Grand Défi des entreprises pour la planète, en faisant converger les points de vue, en renforçant le dialogue entre les acteurs de l’économie et de la société civile.
« Pour évoluer, l’entreprise doit devenir un lieu de connaissance, un lieu de créativité et de remise en cause, d’intelligence collective à la fois verticale et horizontale. »
Concrètement, comment ENGAGE intègre-t-elle le facteur humain dans son approche ?
ENGAGE intègre le facteur humain dans son accompagnement des individus que les collectifs.
L’ENGAGE University, avec ses différents programmes et notamment le Programme Transformation, travaille sur l’acquisition des connaissances et compétences nécessaire à un monde en transition. Elle permet aux participants d’expérimenter de nouvelles façons de faire, d’agir. Nous mêlons beaucoup les profils afin que chacun interagisse avec d’autres différents de soi, s’enrichisse, apprenne. Cela permet ensuite aux participants d’intégrer ces pratiques dans leurs entreprises et organisations.
C’est aussi ce que l’on promeut au travers des défis comme le Défi Biodiversité. Nous cherchons à relier des écosystèmes -citoyens, ONG, entreprises, médias- pour mêler les perspectives, les contributions.
Dans ENGAGE Corporate, le facteur humain s’incarne à toutes les phases de l’accompagnement des entreprises. Nous mêlons toujours les sessions d’apprentissage et les ateliers de créativité ou d’intelligence collective. Apprendre sur les enjeux, bien sûr, mais aussi se les approprier collectivement, accélérer le dialogue, faciliter l’émergence de projets partagés.
Nous invitons également les collaborateurs à penser l’entreprise comme un organisme inter-relié à son écosystème, vivant d’échanges permanent, en interne comme en externe.
Comment relier ces futurs désirables auxquels nous inspirons et cette notion de facteur humain ?
Un futur désirable, c’est un futur où chacun a pris conscience de la fragilité de l’autre et de son environnement et a fait de cette conscience son moteur pour mener à bien la transition à travers sa pensée et ses actes.
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