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La conjoncture qui se durcit, les perspectives qui s’assombrissent, la fluctuation des réglementations et l’inflation fiscale ont déjà sonné le glas d’une série d’actions, initiatives, programmes, soutiens et investissements en faveur de la biodiversité, du climat et de l’environnement en général. Beaucoup de structures associatives, de conseil, de formation, de recherche ou d’entreprises innovantes se voient déjà nettement fragilisées et tirent le signal d’alarme. On se dirige tout droit vers un tsunami de la démobilisation, du découragement et un crash de l’économie de la transition.

La conjoncture ne doit pas mettre l’avenir en pause.

Chers partenaires, tant publics que privés, qui œuvrez déjà à rebâtir ce monde de demain, restez sur le pont et au front à ce moment crucial, lorsque tout se joue. Maintenez vos programmes de recherche, vos actions de sensibilisation et de formation, les événements qui font grandir les idées et les solutions d’avenir, les programmes expérimentaux, les réflexions stratégiques, les investissements dans les solutions d’avenir. Vous en avez été pour certains les pionniers et initiateurs, n’affalez pas les voiles face au coup de vent conjoncturel. Pour ne pas s’arrêter en pleine course, mais s’adapter aux courants et contraintes, réorienter les priorités, se focaliser sur les actions concrètes de terrain, ne pas subir mais transformer ces enjeux en nouveaux atouts. La conjoncture ne doit pas mettre l’avenir en pause.

La Nature, elle, n’attend pas. La planète et l’Humanité n’ont pas les moyens de remettre ces actions et investissements à plus tard, ce qui n’aurait qu’une seule conséquence, celle d’accélérer la chute du cours de l’action Vivre sur Terre et le coût des décisions futures. Les effets du dérèglement climatique et de l’extinction de la biodiversité ne suivent pas un lent processus linéaire, c’est par étapes violentes, subites et douloureuses que l’histoire va s’écrire. Les contraintes de pouvoir d’achat, les flux migratoires, la santé humaine, le coût des soins, les rendements agricoles, la qualité de vie, les catastrophes dites naturelles … tout ne fera que s’aggraver encore davantage si on lâche maintenant. Personne ne peut profiter de sa vie ou bâtir des projets sur une planète en surchauffe, appauvrie et insalubre.

L’avenir a besoin de vous, ne le lâchez pas au cœur de la bataille, il vous le rendra au centuple.

Investir le long terme et le bien commun, c’est rentable. Nous vivons désormais en communauté de destins, liés, et cela renverse les paradigmes et schémas de pensée qui ont bâti notre croissance économique depuis le 18ème siècle : nos intérêts économiques individuels dépendent de notre capacité à servir les intérêts collectifs, en investissant dans le bien commun pour le maintenir en bonne santé économique, sociale et écologique. Le manque de vision et de continuité n’a déjà que trop nui à la crédibilité politique, à la pérennité économique, et à la capacité à proposer le projet et récit collectif tant attendu et tant repoussé.

Demain a déjà démarré. Les solutions sont là, les alternatives existent, le travail de prise de conscience a été largement entamé, lâcher maintenant c’est comme refuser de prendre ses bénéfices, c’est accepter de perdre des années d’investissement et de travail. L’écosystème socio-économique de la transition reste sur le pont et mobilisé. Le relâchement conjoncturel va en décimer les troupes, et contrairement au tardigrade, il ne redémarrera pas à la première goutte d’eau budgétaire. Ralentir maintenant, c’est aussi décevoir votre propre mobilisation interne, nuire à votre crédibilité, à votre attractivité auprès des nouvelles générations. C’est aussi laisser le champ libre d’un côté aux sceptiques, et de l’autre au contraire aux acteurs qui maintiendront leurs engagements et tireront profit de l’avenir.

L’avenir a besoin de vous, ne le lâchez pas au cœur de la bataille, il vous le rendra au centuple.

Article paru dans La Tribune

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(*) Co-signataires :

  • Fanny Agostini, journaliste, co-fondatrice de Landestini
  • Arthur Auboeuf, co-Fondateur de Team for the Planet
  • Lucie Basch, co-Fondatrice de Too Good To Go ; Présidente de la Climate House
  • Sandrine Bélier, Directrice d’Humanité et Biodiversité
  • Maxime Blondeau, Fondateur de Cosmorama
  • Gilles Bœuf, Biologiste ; ancien Président du Muséum national d’Histoire naturelle ; Professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie et Sorbonne Université
  • Gildas Bonnel, Président de la Fondation pour la Nature et l’Homme
  • Fabrice Bonnifet, Président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D)
  • Allain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)
  • Tarik Chekchak, Directeur du pôle stratégies inspirées du vivant de l’Institut des Futurs souhaitables
  • Jérôme Cohen, Président-fondateur d’Engage
  • Franck Courchamp, Directeur de recherche CNRS ; Médaille d’argent CNRS ; Grand Prix de la Société Française d’Ecologie & Evolution ; Chaire Biodiversité au Collège de France
  • Emmanuel Delannoy, co-créateur de la Fresque de l’économie régénératrice
  • Eric Duverger, Fondateur de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC)
  • Marion Enzer, Directrice du Développement de Fermes d’Avenir ; Coordinatrice France du Climate Reality Project
  • Françoise Gaill, Vice présidente de la plateforme Océan & Climat
  • François Gemenne, Président du conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l’Homme
  • Philippe Grandcolas, Directeur de recherche CNRS ; Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle
  • Roland Jourdain, Navigateur ; co-fondateur du Fonds de dotation Explore
  • Galitt Kenan, Directrice du Jane Goodall Institute France
  • Henri Landes, co-fondateur de Landestini
  • Alizée Lozac’hmeur, co-fondatrice et porte-parole de makesense
  • Henry François Martin, co-directeur général de la Climate House
  • Claudio Muskus, Directeur général de Fermes d’avenir
  • Maika Nuti, co-directrice générale de la Climate House
  • Alexandra Palt, Présidente du WWF France
  • Magali Payen, Fondatrice d’OnEstPrêt et d’Imagine 2050
  • Kalina Raskin, Directrice générale du Ceebios
  • Alain Renaudin, Président-fondateur de Biomim’expo et de NewCorp Conseil
  • Patricia Ricard, Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard
  • Cédric Ringenbach, Fondateur de la Fresque du Climat
  • David Robert, Directeur général de J’accueille by Singa
  • Maxime de Rostolan, Fondateur de Sailcoop ; Fondateur de Planteurs d’avenir
  • Jacques Rougerie, Architecte ; Membre de l’Institut
  • Sabine Roux de Bézieux, Présidente de la Fondation de la mer
  • Brieuc Saffré, co-fondateur et CEO de Circulab
  • Marc-André Selosse, Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle ; Président de la Fédération Biogée
  • Isabelle Susini, Directrice du 1% pour la Planète
  • Romain Troublé, Directeur de la Fondation Tara Océan ; Président de la plateforme Océan & Climat
  • Christian Vannier, Créateur et directeur du Forum International de la Météo et du Climat
  • Jean-Luc Verreaux, Directeur général de l’Institut des Futurs souhaitables

Delphine Hervot est consultante en conduite du changement et en développement du Leadership. Elle est Exploratrice pour ENGAGE et alumni de la 9ème édition du Programme Transformation.

Peux-tu te présenter ?

J’ai eu un parcours essentiellement international. Pendant 18 ans, j’ai été collaboratrice au sein du leader mondial de la post-production, Deluxe, à Montréal, où j’ai occupé des postes à hautes responsabilités. J’ai été vice-présidente des Opérations Internationales de sous-titrage multilingue, et vice-présidente du leadership et de la culture organisationnelle.

J’ai toujours été passionnée par l’humain, par les dynamiques collectives, l’innovation managériale ainsi que le développement des collaborateurs. J’ai toujours cru en l’intelligence collective comme activateur du changement et comme agent libérateur de la créativité. J’ai beaucoup milité en interne pour une transformation des organisations et pour une réinvention managériale, mais ça n’a pas toujours été populaire dans une entreprise américaine traditionnelle.

Il y a trois ans, je suis rentrée en France et j’ai décidé d’opérer une réorientation et un réalignement afin d’utiliser mon bagage de compétences pour faire ce par quoi j’ai toujours été passionnée : la transition et l’innovation managériale. Aujourd’hui je fais du conseil en transformation d’organisation, en conduite du changement et en développement du leadership.

 

Pourquoi es-tu devenue Exploratrice pour ENGAGE  ?

J’ai commencé à suivre les formations de l’ENGAGE University il y a trois ans lorsque je suis rentrée en France : leadership, organisations éthiques et responsables, art oratoire, intelligence collective… J’ai souhaité aller plus loin avec ENGAGE au moment du confinement, lorsque les ENGAGE Calls Citoyens ont été lancés, l’émission participative live avec des intervenants de la communauté d’ENGAGE. Je me suis alors portée volontaire pour être Exploratrice et faciliter les temps d’intelligence collective qui font suite à ces conférences citoyennes. Je souhaitais transmettre et rendre tous les savoirs appris par ENGAGE.

 

Quels sont tes rôles en tant qu’Exploratrice  ?

Je suis facilitatrice pour les temps d’intelligence collective et également Exploratrice pour le Défi Biodiversité.

En tant que facilitatrice, j’interviens dans le deuxième temps des conférences pour animer les temps d’intelligence collective et aider à faire émerger des pistes d’actions sur des sujets précis abordés pendant la conférence. Récemment, nous avons eu la chance de travailler sur des ateliers de prospective et de design fiction.

En tant qu’Exploratrice pour le Défi Biodiversité, mon rôle est d’accompagner une entreprise et plus particulièrement une équipe dédiée au Défi. Nous suivons cette équipe pendant plusieurs mois pour transformer leur organisation en alliée de la biodiversité. Nous sommes à la fois des agents de liaison entre ENGAGE et l’entreprise, des vigies sur les questions éthiques notamment, mais aussi des boosteurs d’énergie pour les aider à mobiliser les équipes en interne. Nous facilitons leur sensibilisation aux enjeux de biodiversité et aidons leur réflexion sur la façon dont l’entreprise peut inscrire ces enjeux au cœur de ses activités..

 

Qu’est-ce que t’apporte ton rôle d’Exploratrice ? 

Pour être à la fois engagée en tant que citoyenne mais aussi performante dans le domaine que j’exerce, j’ai besoin d’être toujours à jour en termes de connaissances des grands enjeux actuels. ENGAGE me donne un accès précieux à ces connaissances, me nourrit et m’aide à être mieux outillée pour la compréhension du monde dans lequel on vit. C’est très riche d’un point de vue personnel et professionnel. Cet outillage me permet d’aider et d’accompagner concrètement les entreprises dans leur transition et leur transformation, de les aider à maitriser ces grands enjeux du XXIe siècle et surtout de les amener à aligner les 3 P, essentiels aux leaders d’aujourd’hui et de demain : People, Profit & Planet.

 

“ Pour être à la fois engagée en tant que citoyenne mais aussi performante dans le domaine que j’exerce, j’ai besoin d’être toujours à jour en termes de connaissances des grands enjeux actuels : ENGAGE me donne un accès précieux à ces connaissances. ” 

 

Pourquoi l’engagement citoyen est-il particulièrement important aujourd’hui  ?

Je pense que chaque citoyen fait partie d’un tout : il faut nous protéger mais aussi protéger les autres et la planète.

Il est important de ne pas enfermer l’engagement citoyen dans un seul domaine, le politique ou l’environnemental, c’est réducteur et cela peut même rebuter. L’engagement se décline dans beaucoup de domaines, et chacun peut trouver l’engagement qui lui correspond et qui le fera vibrer.

 

Peux-tu nous dire quelques mots sur ta participation au Programme Transformation 

Le dernier programme de l’ENGAGE University auquel j’ai participé est le Programme Transformation qui s’est déroulé sur trois mois. C’est un programme extrêmement riche et pluridisciplinaire, de 75 heures avec une trentaine d’intervenants que j’ai véritablement trouvé exceptionnels. Un programme qui balaye les grands enjeux du XXIème siècle et qui apporte théorie, outils et compétences. Ce programme nourrit l’esprit et facilite l’application des apprentissages dans sa propre sphère de responsabilité.

Ma promotion était constituée d’une vingtaine de participants, et même si nous avons dû vivre le programme entièrement à distance à cause des conditions sanitaires, c’était une formidable aventure collective dans laquelle nous avons pu créer du lien.

Le programme permet des temps d’échange privilégiés avec les intervenants mais aussi des temps de dialogue et de liens avec nos pairs durant lesquels nous nous nourrissons de nos compétences et approches respectives.

 

Le Programme Transformation nourrit l’esprit et facilite l’application des apprentissages dans sa propre sphère de responsabilité. ” 

 

Pour finir, quels seraient tes futurs désirables ?

Un monde où l’on prend soin de soi, des autres et de la planète.

 

Ferdinand Richter est Responsable France d’Ecosia, le célèbre moteur de recherche qui plante des arbres. Nous l’interrogeons sur sa vision d’Ecosia, de l’état de la biodiversité et de ses futurs désirables…

 

Peux-tu te présenter et expliquer ton rôle au sein d’Ecosia ?

Je suis responsable France d’Ecosia, je m’occupe donc de toutes les activités d’Ecosia en France, et surtout la partie « éveil et conscience ». Mon rôle consiste donc à faire avancer la conscience de notre communauté d’utilisateurs au-delà de la simple utilisation du moteur de recherche.
Je suis donc un touche-à-tout, et mes missions vont de l’accompagnement de la communauté à la recherche de partenariats en passant par l’organisation de conférences ou d’action de lobbying sur les sujets d’agroforesterie ou de permaculture par exemple.

 

On pense souvent à Ecosia comme un outil de compensation carbone. Ce que tu nous décris semble montrer que la mission que vous vous donnez est bien plus large. Quelle sont donc les actions concrètes que vous mettez en place ?

Pour moi, Ecosia n’est pas un outil de compensation. Nous ne sommes pas dans la croyance qu’il suffit de compenser pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés.
Au-delà de planter des arbres, notre mission est de régénérer les écosystèmes. L’arbre est un outil qui permet, notamment dans les zones les plus fortement touchées par le réchauffement climatique ou les plus fortement exploitées, d’aider la nature à se régénérer tout en réinstallant des économies locales liées aux techniques d’agroforesterie, de permaculture, de forêts comestibles, etc.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Ecosia est avant tout un outil pour régénérer les écosystèmes et les économies locales, et non un concurrent de Google.

Nous travaillons aussi sur la protection des écosystèmes qui existent encore avec des actions très variées, par exemple en luttant contre l’extinction des chimpanzés, ou contre les feux de forêts et la technique du brulis.

 

Pour toi, pour régénérer le vivant, il faut passer par le citoyen ? par les entreprises ? par les ONG ?

Le message que l’on porte, c’est que chacun, à son niveau, doit faire avancer les choses. Et c’est très dur, car les effets macroéconomiques des actions individuelles sont difficilement mesurables. Ce que l’on montre avec Ecosia, c’est que l’utilisation d’un outil gratuit, un mini-geste, peut avoir un impact positif et conséquent sur les écosystèmes : plus de 80 millions d’arbres plantés.

 

Cela ne donne-t-il pas l’impression qu’on peut changer le monde d’un simple clic en restant derrière son ordinateur ?

Non, il faut voir Ecosia comme un site internet que les utilisateurs consultent quotidiennement, ce qui nous permet de leur proposer une vision, un chemin. Si demain, on diffuse une vidéo qui montre que la moitié de l’équipe Ecosia fait des actions de désobéissance civile pacifiques avec Extinction Rébellion, on a une chance que 15 millions de personnes la voient. Le fait qu’Ecosia soit un outil utile pour les gens nous donne la légitimité de les inviter à faire un pas de plus. C’est pour cela que nous revendiquons de nombreux engagements sur la désobéissance civile, sur l’énergie, sur la déconsommation, etc.

 

Vous travaillez avec les entreprises ?

La particularité d’Ecosia, c’est que c’est un outil gratuit, donc une entreprise peut installer Ecosia sans même qu’on le sache et faire sa part. Le problème, c’est que les entreprises ont l’habitude d’avoir des outils payants. Elles ne comprennent pas pourquoi on leur offre une solution gratuite.
Deuxièmement, les entreprises veulent souvent utiliser Ecosia pour leur communication RSE, ce qui peut s’avérer problématique. L’intention est-elle d’aller au bout de la démarche écologique, ou juste de s’acheter une bonne conscience ? Nous connaissons malheureusement souvent la réponse.

 

Pourquoi Ecosia est-il partenaire du Défi Biodiversité ? Pourquoi trouves-tu ce Défi intéressant ?

Le nom résume assez bien le « pourquoi » : la biodiversité est un enjeu crucial, peut-être plus que certains autres plus populaires comme celui du climat. La biodiversité est plus complexe et difficile à comprendre, mais elle nous offre une approche beaucoup plus systémique du problème environnemental. Il est primordial que les entreprises comprennent qu’elles font partie d’un écosystème, qu’elles réfléchissent au-delà de leur logo et de leur marque.
Et le mot « défi » est intéressant car il faut s’autoriser à nous challenger. Il ne faut pas adopter une posture qui considère les entreprises comme des gamins auxquels il faut tout expliquer. Les entreprises sont au fait des problèmes et des solutions, il faut maintenant les pousser à se lancer !
Mais « défi » signifie aussi que si les entreprises ne bougent pas maintenant, les conséquences vont leur tomber dessus de façon beaucoup plus lourde. Car les gens qui s’engagent aujourd’hui à leurs côtés sont aussi prêts à mener des actions plus radicales pour faire bouger les lignes. Le Défi Biodiversité, c’est l’une des dernières mains tendues aux entreprises.

 

Justement, que penses-tu de la posture actuelle des entreprises face aux enjeux environnementaux ?

En prenant du recul, malgré tous les progrès que l’on fait, je suis un peu perdu. Malgré l’emballement actuel autour de la plantation d’arbres, je n’ai pas l’impression que l’on comprenne vraiment l’enjeu. Il serait très simple de continuer comme cela, et de se dire qu’on a quand même fait des efforts, que les lignes ont un peu bougé. Personnellement, j’ai besoin d’être honnête avec moi-même, et je me rends compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je sens que je dois renouveler mon discours.

 

Si tu devais imaginer un futur désirable, à quoi ressemblerait-il ?

Un futur où l’on se fait moins ch*** ! Quand je regarde ce que la société nous propose actuellement, il n’y a pas grand-chose qui me fait rêver. La sur-rationalisation de l’être humain et du vivant, qui atteint son paroxysme les entreprises uniquement guidées par la recherche de profits, ça aboutit à un monde où on s’ennuie. Je vois à quel point certaines personnes ont une capacité à s’éclater dans cette vie, qui se reconnectent avec une sorte de folie. J’aimerais voir advenir un joyeux bordel général !
L’arrogance de l’être humain vis-à-vis de la nature, c’est bon, on l’a expérimentée, on l’a vécue. Maintenant on veut autre chose. Laissons-nous surprendre ! Acceptons notre incapacité à contrôler l’avenir. Qu’adviendrait-il si on apprenait aux gamins à s’amuser, à s’éclater dans la diversité ? Soyons assez fou pour oser ne pas les mettre dans des cases et voir ce qu’il se passe.

Depuis 10 ans, Amandine Lebreton travaille au sein de la Fondation pour la Nature et l’Homme pour métamorphoser notre modèle de société. Ingénieur agronome, elle dirige aujourd’hui le pôle Scientifique et Technique de l’organisation créée par Nicolas Hulot. Le pari de la FNH ? Démontrer que les solutions existent et favoriser le changement des comportements individuels et collectifs, en s’appuyant sur l’information scientifique la plus complète et objective. 

Elle co-animera la conférence du 5 décembre qui introduit les enjeux de biodiversité du Défi “Replacer l’Economie au Service du Vivant”.  

Pourquoi un défi sur la biodiversité aujourd’hui ?

La biodiversité est encore et toujours la grande oubliée des enjeux environnementaux alors même qu’elle est le socle de notre vie, le substrat de notre économie et même notre assurance majeure face au changement climatique ! La preuve, une COP biodiversité se tient actuellement en Egypte et personne ne le sait…

On parle de chute de la biodiversité, qu’est-ce que cela signifie concrètement en France ?

Les espèces disparaissent et les milieux se dégradent à toute vitesse. En France, c’est 30 % des oiseaux qui ont disparu de nos campagnes en 15 ans et 80 % des insectes en Europe. Cette perte de biodiversité est la conséquence d’activités humaines destructrices qu’elles soient agricoles ou industrielles. Parmi les causes majeures, nous retrouvons également l’artificialisation des sols : un département français disparait tous les 7 à 10 ans en France sous les constructions de routes, de parkings, d’habitations… Dans ces conditions, comment retrouver une dynamique globale et mettre en place des corridors écologiques fonctionnels ?

N’est-il pas trop tard ? Peut-on encore réparer ce qui a été si fortement maltraité ? Est-il possible de reconstruire ?

Comme disait Robert Barrault, la biodiversité c’est le tissu vivant. Et il est d’une incroyable résilience… jusqu’à un certain point. Nous avons atteint des seuils gravissime de perte dans certains endroits mais partout où il est possible d’agir, il faut maintenir un espoir et redonner à la biodiversité tout son potentiel. Cela vaut pour la biodiversité extraordinaire comme ordinaire.

La FNH est particulièrement engagée sur cet enjeu, quelles sont ses priorités ?

En 2020, la France accueille le congrès Mondial de l’UICN et la même année se tiendra en Chine la COP 15, l’équivalent de la COP 21 pour la biodiversité. Si le grands messes ne peuvent pas tout, ces évènements sont l’occasion de se projeter collectivement pour d’une part redonner une place centrale à la biodiversité dans les combats écologiques et d’autre part agir en France qui doit être exemplaire. Deux axes majeurs sont identifiés pour la FNH : la réduction drastique de l’usage des pesticides qui empoisonnent notre environnement et nos vies et la lutte contre l’artificialisation des sols.

Pour conclure, donnez-nous quelques raisons de nous engager, de nous battre et de rejoindre ce Défi…

C’est tout ce à quoi on tient ! Un bon repas avec de bons produits, nos vêtements, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons … ou encore l’agréable randonnée que nous ferons l’été prochain. Chaque jour les êtres humains tirent de nombreux services gratuits de la biodiversité. Les maintenir fonctionnels doit devenir notre priorité collective. Et c’est le levier majeur pour s’adapter au changement climatique en cours.

POUR APPROFONDIR

En 6 minutes | Comprendre l’importance de notre biodiversité avec Robert Barrault

En 12 minutes | S’émouvoir avec l’astrophysicien Aurélien Barrau sur la scène de CLIMAX

En 14 minutes | Porter un nouveau regard sur l’évolution des espèces avec Pierre-Henri Gouyon

En 4 jours | Se former au biomimétisme à l’Institut des Futurs Souhaitables 

POUR AGIR

En quelques cliques | Télécharger le Kit climat pour sensibiliser ses proches aux enjeux de notre espèce.

En 1h30 | Participer à une session d’intelligence collective du cycle Défi “Replacer l’économie au service du vivant”.

En 2 jours | Suivre le parcours d’apprentissage-action “Repenser la terre et ses ressources” de l’ENGAGE University