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La conjoncture qui se durcit, les perspectives qui s’assombrissent, la fluctuation des réglementations et l’inflation fiscale ont déjà sonné le glas d’une série d’actions, initiatives, programmes, soutiens et investissements en faveur de la biodiversité, du climat et de l’environnement en général. Beaucoup de structures associatives, de conseil, de formation, de recherche ou d’entreprises innovantes se voient déjà nettement fragilisées et tirent le signal d’alarme. On se dirige tout droit vers un tsunami de la démobilisation, du découragement et un crash de l’économie de la transition.

La conjoncture ne doit pas mettre l’avenir en pause.

Chers partenaires, tant publics que privés, qui œuvrez déjà à rebâtir ce monde de demain, restez sur le pont et au front à ce moment crucial, lorsque tout se joue. Maintenez vos programmes de recherche, vos actions de sensibilisation et de formation, les événements qui font grandir les idées et les solutions d’avenir, les programmes expérimentaux, les réflexions stratégiques, les investissements dans les solutions d’avenir. Vous en avez été pour certains les pionniers et initiateurs, n’affalez pas les voiles face au coup de vent conjoncturel. Pour ne pas s’arrêter en pleine course, mais s’adapter aux courants et contraintes, réorienter les priorités, se focaliser sur les actions concrètes de terrain, ne pas subir mais transformer ces enjeux en nouveaux atouts. La conjoncture ne doit pas mettre l’avenir en pause.

La Nature, elle, n’attend pas. La planète et l’Humanité n’ont pas les moyens de remettre ces actions et investissements à plus tard, ce qui n’aurait qu’une seule conséquence, celle d’accélérer la chute du cours de l’action Vivre sur Terre et le coût des décisions futures. Les effets du dérèglement climatique et de l’extinction de la biodiversité ne suivent pas un lent processus linéaire, c’est par étapes violentes, subites et douloureuses que l’histoire va s’écrire. Les contraintes de pouvoir d’achat, les flux migratoires, la santé humaine, le coût des soins, les rendements agricoles, la qualité de vie, les catastrophes dites naturelles … tout ne fera que s’aggraver encore davantage si on lâche maintenant. Personne ne peut profiter de sa vie ou bâtir des projets sur une planète en surchauffe, appauvrie et insalubre.

L’avenir a besoin de vous, ne le lâchez pas au cœur de la bataille, il vous le rendra au centuple.

Investir le long terme et le bien commun, c’est rentable. Nous vivons désormais en communauté de destins, liés, et cela renverse les paradigmes et schémas de pensée qui ont bâti notre croissance économique depuis le 18ème siècle : nos intérêts économiques individuels dépendent de notre capacité à servir les intérêts collectifs, en investissant dans le bien commun pour le maintenir en bonne santé économique, sociale et écologique. Le manque de vision et de continuité n’a déjà que trop nui à la crédibilité politique, à la pérennité économique, et à la capacité à proposer le projet et récit collectif tant attendu et tant repoussé.

Demain a déjà démarré. Les solutions sont là, les alternatives existent, le travail de prise de conscience a été largement entamé, lâcher maintenant c’est comme refuser de prendre ses bénéfices, c’est accepter de perdre des années d’investissement et de travail. L’écosystème socio-économique de la transition reste sur le pont et mobilisé. Le relâchement conjoncturel va en décimer les troupes, et contrairement au tardigrade, il ne redémarrera pas à la première goutte d’eau budgétaire. Ralentir maintenant, c’est aussi décevoir votre propre mobilisation interne, nuire à votre crédibilité, à votre attractivité auprès des nouvelles générations. C’est aussi laisser le champ libre d’un côté aux sceptiques, et de l’autre au contraire aux acteurs qui maintiendront leurs engagements et tireront profit de l’avenir.

L’avenir a besoin de vous, ne le lâchez pas au cœur de la bataille, il vous le rendra au centuple.

Article paru dans La Tribune

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(*) Co-signataires :

  • Fanny Agostini, journaliste, co-fondatrice de Landestini
  • Arthur Auboeuf, co-Fondateur de Team for the Planet
  • Lucie Basch, co-Fondatrice de Too Good To Go ; Présidente de la Climate House
  • Sandrine Bélier, Directrice d’Humanité et Biodiversité
  • Maxime Blondeau, Fondateur de Cosmorama
  • Gilles Bœuf, Biologiste ; ancien Président du Muséum national d’Histoire naturelle ; Professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie et Sorbonne Université
  • Gildas Bonnel, Président de la Fondation pour la Nature et l’Homme
  • Fabrice Bonnifet, Président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D)
  • Allain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)
  • Tarik Chekchak, Directeur du pôle stratégies inspirées du vivant de l’Institut des Futurs souhaitables
  • Jérôme Cohen, Président-fondateur d’Engage
  • Franck Courchamp, Directeur de recherche CNRS ; Médaille d’argent CNRS ; Grand Prix de la Société Française d’Ecologie & Evolution ; Chaire Biodiversité au Collège de France
  • Emmanuel Delannoy, co-créateur de la Fresque de l’économie régénératrice
  • Eric Duverger, Fondateur de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC)
  • Marion Enzer, Directrice du Développement de Fermes d’Avenir ; Coordinatrice France du Climate Reality Project
  • Françoise Gaill, Vice présidente de la plateforme Océan & Climat
  • François Gemenne, Président du conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l’Homme
  • Philippe Grandcolas, Directeur de recherche CNRS ; Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle
  • Roland Jourdain, Navigateur ; co-fondateur du Fonds de dotation Explore
  • Galitt Kenan, Directrice du Jane Goodall Institute France
  • Henri Landes, co-fondateur de Landestini
  • Alizée Lozac’hmeur, co-fondatrice et porte-parole de makesense
  • Henry François Martin, co-directeur général de la Climate House
  • Claudio Muskus, Directeur général de Fermes d’avenir
  • Maika Nuti, co-directrice générale de la Climate House
  • Alexandra Palt, Présidente du WWF France
  • Magali Payen, Fondatrice d’OnEstPrêt et d’Imagine 2050
  • Kalina Raskin, Directrice générale du Ceebios
  • Alain Renaudin, Président-fondateur de Biomim’expo et de NewCorp Conseil
  • Patricia Ricard, Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard
  • Cédric Ringenbach, Fondateur de la Fresque du Climat
  • David Robert, Directeur général de J’accueille by Singa
  • Maxime de Rostolan, Fondateur de Sailcoop ; Fondateur de Planteurs d’avenir
  • Jacques Rougerie, Architecte ; Membre de l’Institut
  • Sabine Roux de Bézieux, Présidente de la Fondation de la mer
  • Brieuc Saffré, co-fondateur et CEO de Circulab
  • Marc-André Selosse, Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle ; Président de la Fédération Biogée
  • Isabelle Susini, Directrice du 1% pour la Planète
  • Romain Troublé, Directeur de la Fondation Tara Océan ; Président de la plateforme Océan & Climat
  • Christian Vannier, Créateur et directeur du Forum International de la Météo et du Climat
  • Jean-Luc Verreaux, Directeur général de l’Institut des Futurs souhaitables

Si on lui dit  Nature, il répond Futur. Jean-Philippe Camborde s’est donné pour mission de révéler les prouesses incroyables du vivant et les solutions pour le futur dont il regorge. 

Qui êtes-vous, Jean-Philippe ?

Je suis Producteur chez La Belle Société Production, qui réalise des films pour accompagner la transition écologique.

Nature=Futur : c’est quoi l’histoire ?

Tout est parti d’un article que j’ai lu dans Le Monde en 2011 sur le biomimétisme. Ça a été une révélation. J’avais toujours été fasciné par la nature, je passais mon temps à l’observer. Mais là j’ai découvert qu’un monde inconnu, à l’intérieur, au niveau microscopique tout autant incroyable ! Je me suis dis que ces merveilles, il fallait les faire connaître. Nature=Futur était né.

Et plus concrètement ?

C’est  une série de vidéos de vulgarisation qui donne à voir les prouesses insoupçonnées qu’a développé le vivant. L’originalité c’est de le faire en montrant le merveilleux de la nature et de le décoder grâce à des scientifiques, qui nous éclairent sur ses mécanismes.

La nature c’est merveilleux, la science c’est fascinant, mais tout ça en même temps, c’est pas simple quand même non ?

C’est le défi de chaque épisode : révéler et faire comprendre des mécanismes dingues à un enfant de 11 ans. Et en 5 mn.

Et comment avez-vous trouvé la formule magique ?

En fait, on s’inspire aussi du vivant pour réaliser ce programme : on est dans le lien en permanence et les relations inter-espèces (ou inter-disciplines).
Lien entre les sciences et la beauté, le vivant et la technique, le vivant et l’innovation; Liens humains : on a créé un écosystème avec des scientifiques, des institutions, des scientifiques, des media, des associations et bien d’autres !; Et aujourd’hui – et je n’en suis pas peu fier – liens entre les générations : des professeurs s’en servent en cours !

Vous rappelez souvent que c’est un programme de solutions : utilitariste alors ? 

Non c’est l’inverse : s’émerveiller, c’est redécouvrir, c’est voir autrement, trouver un autre questionnement. C’est ça qui permet de trouver des solutions. Reposer le problème, changer le regard. Et de toutes façons, j’assume le côté positif. Les chiffres, ça assomme mais ça ne fait pas bouger les gens. Les ailes du papillon Morpho, oui.

Et vos futurs désirables ?

Allez, je site un gros mot : holistique. Ca veut dire, faire partie d’un tout et influer sur ce tout.  Quand j’ai compris et intégré ça,  je suis sorti du logiciel de toute puissance et me suis senti soulagé d’un grand poids. Je me sens humble, à ma place. J’ai plaisir à appartenir au vivant et je me sens vivant. Dans mon futur désirable, tout le monde connaît ce bonheur.

Pour en savoir plus et accéder au vidéo.

Les micronectons sont de petits organismes vivants présents dans les océans et qui jouent un rôle crucial dans la pompe biologique, essentielle pour réguler le climat de la Terre en transférant le carbone et en absorbant le surplus de CO2 anthropique causé par les activités humaines. Malgré leur découverte à la fin du XIXème siècle, le rôle essentiel du micronecton dans la pompe biologique, moins étudié que le phytoplancton et le microplancton, reste relativement méconnu du fait des difficultés d’observation et de la disponibilité des données scientifiques. Nous avons mené l’enquête !

C’est quoi le micronecton exactement ?

Le micronecton est une espèce marine composée de petits organismes vivants mesurant entre 2 et 20 centimètres, tels que des poissons, mollusques, crustacés, céphalopodes et organismes gélatineux qui interagissent ensemble.

Dessins schématiques de différentes espèces de micronectons : poissons, crustacés, céphalopodes.

Le micronecton se situe au niveau intermédiaire de la chaîne alimentaire. En effet, le phytoplancton est consommé par le zooplancton lui-même consommé par le micronecton. Cette espèce joue un rôle central dans le fonctionnement de la chaîne alimentaire en assurant le transfert d’énergie du plancton vers les prédateurs supérieurs.

Le terme micronecton trouve son origine dans un nom composé. Le terme « micro- » fait référence à la taille de l’espèce marine étudiée et « -necton » au fait qu’elle est capable de nager, contrairement au plancton qui dérive au gré des courants marins.

La migration verticale : cette spécificité du micronecton

L’originalité du micronecton, organisme vivant capable de nager indépendamment du courant, réside dans sa capacité à migrer, migrations verticales qui jouent un rôle fondamental dans la pompe à carbone biologique au sein de son cycle et de sa séquestration.

Comment se déroulent les migrations verticales quotidiennes ?

  • Le jour, les micronectons descendent profondément dans les couches inférieures de l’océan. Cette migration verticale diurne est un processus principalement influencé par la lumière, la température, la nourriture et les prédateurs.
  • La nuit, les micronectons remontent à la surface de l’océan et se nourrissent de zooplanctons. A l’aube, le micronecton migre à nouveau en profondeur dans les couches inférieures de l’océan.

Diagramme montrant la migration verticale quotidienne des micronectons.
e.g., Credit: Pavanee Annasawmy; Annasawmy et al., 2019

Il est important de souligner que cette migration quotidienne du micronecton est la plus grande migration existant sur la planète Terre en termes de biomasse.

Ce processus a une triple importante : à la fois pour la survie et la reproduction des organismes planctoniques, pour le fonctionnement des écosystèmes marins et pour la régulation du climat.

La pompe biologique du carbone : le rôle du micronecton

Le micronecton stocke le carbone en profondeur dans les océans et contribue à la pompe biologique du carbone. La pompe biologique du carbone est une série de processus biologiques conduisant à transporter le carbone de la zone de surface vers les fonds marins. Cette migration quotidienne des micronectons contribue à transférer le CO2 atmosphérique anthropique, en injectant le carbone, dans la couche profonde de l’océan.

Chaque jour, au crépuscule, le micronecton remonte à la surface et se nourrit de zooplancton. Lorsqu’ils plongent à l’aube, les micronectons traversent la thermocline : la zone de transition entre les couches superficielles chaudes et oxygénées de l’océan, et les couches salées de l’océan. En plongeant dans les couches océaniques profondes (sous la thermocline), le micronecton transporte du CO2 contenu dans le zooplancton ingéré. Par ailleurs, la matière fécale des micronectons libérées dans les couches profondes de l’océan stocke le CO2. Enfin, à la mort de ces organismes, leurs carapaces plongent au fond des océans et contribuent encore une fois au stockage du carbone de manière durable.

Un zooplancton qui constitue la nourriture recherchée par les micronectons pendant la nuit à la surface des océans.

Quelles menaces pour le micronecton ?

La séquestration du carbone dans l’océan diminue en raison de l’acidification, du chalutage et de l’augmentation des températures. Le micronecton est menacé alors même que les migrations verticales qu’il génère sont responsables de l’atténuation du dérèglement climatique.

Par ailleurs, le micronecton est mangé par divers prédateurs tels que le thon et les oiseaux de mer pour lesquels il constitue une nourriture essentielle à l’équilibre de la chaîne trophique.

Dans l’Antarctique, le krill, petit crustacé de la famille des zooplanctons, voit son existence menacée par le dérèglement climatique et subit les conséquences de la fonte des glaces. Ses larves dépendent de la présence de la banquise qui est un abri pour le phytoplancton, nourriture essentielle de l’espèce. Or, le dérèglement climatique et la fonte des glaces en Antarctique affaiblissent les quantités de nourriture disponibles et donc les populations de krill.

Les micronectons, otaries, albatros et baleines, qui se nourrissent du krill, sont ainsi menacés par la diminution des populations de krill ayant un impact direct sur toute la chaîne alimentaire.

Enfin, le phytoplancton, premier maillon de la chaîne alimentaire qui absorbe le dioxyde de carbone pour créer de l’oxygène essentiel à la vie humaine sur Terre est lui aussi menacé. L’augmentation de la température et le phénomène d’acidification des océans entravent la calcification des squelettes de ces organismes marins.

La disparition des populations de micronecton pourrait avoir d’importantes conséquences sociales et économiques à l’échelle mondiale sur les zones de pêches ou le tourisme mondial par exemple.

Célestine Schmid
Chargée d’étude biodiversité

Pour aller plus loin :

Pour en savoir plus :

– Suivre notre Atelier MISSION Biodiversité : https://lnkd.in/eJb2zJ35
– Suivre notre MOOC Biodiversité : https://lnkd.in/eTXq7iUE
– Participer à notre formation Action Biodiversité : https://lnkd.in/e93iX_WZ

Quel est le point commun entre : le velcro, le TGV japonais, le scotch, le verre anti-reflets, l’Eastgate building à Harare au Zimbabwe, le Fastskin et l’aiguille de seringue Nanopass 33 ?

Toutes ces inventions humaines sont fondées sur le biomimétisme. Sans le savoir, nous vivons au quotidien avec des objets inspirés du vivant. Le biomimétisme est un terme qui revient souvent dans les actualités sans pour autant que nous sachions déterminer avec précision ce à quoi il fait référence.

Biomimétisme, c’est quoi ?

Le biomimétisme est défini comme une philosophie et des approches conceptuelles interdisciplinaires prenant pour modèle la nature afin de relever les défis du développement durable

Kalina Raskin, directrice générale du CEEBIOS (Centre national d’études et d’expertise dans le domaine du biomimétisme) définit le biomimétisme comme “l’approche scientifique qui inclut la notion de durabilité et garantit la prise en compte des enjeux de transition écologique”.
En effet, le biomimétisme repose sur le principe suivant : au cours de l’évolution, par des essais et des erreurs, les espèces vivantes ont progressivement acquis la capacité à s’adapter au mieux à leur environnement se traduisant par des performances techniques diverses. L’objectif du biomimétisme est d’atteindre ces performances et ces aboutissements dans les conditions propices à la durabilité telles que l’on les entrevoit dans le vivant, qui fonctionne grâce aux énergies renouvelables, à des matériaux entièrement recyclables, à une gestion extrêmement efficace de l’information, à des consommations énergétiques optimisées…

Le biomimétisme représente une opportunité inédite d’innovation responsable : s’inspirer du vivant et tirer parti des solutions et inventions qui y sont produites, éprouvées par 3.8 milliards d’années d’évolution.

Divers exemples de biomimétisme, inspirés de la nature, utilisés quotidiennement

Le biomimétisme est donc la démarche qui consiste à innover, en s’inspirant de la nature, en trouvant de nouvelles solutions optimisées pour rendre un domaine ou une activité économique, plus durable, moins coûteuse en énergie, utilisant moins de matières premières, générant moins de déchets et étant plus résilientes. En somme, le biomimétisme permet de faire converger un intérêt technique avec les contraintes et les opportunités environnementales.
Cette approche, qui connaît actuellement un écho face aux enjeux actuels, doit permettre de repenser nos modes de production, de conception et de consommation en répondant aux enjeux multiples du dérèglement climatique, aux objectifs du développement durable et à la lutte pour la préservation de la biodiversité.

Biomimétisme n’est pas synonyme de bio-inspiration

Il faut distinguer la bio-inspiration et le biomimétisme. La bio-inspiration est une approche créative basée sur l’observation des systèmes biologiques. C’est en somme, s’inspirer du vivant pour l’innovation, au sens très large du terme, tant pour les produits, que pour les procédés de fabrication voire pour l’organisation générale de la société et des structures. Cependant, la bioinspiration n’est ni nécessairement scientifique, ni durable. On la trouve par exemple dans l’art et s’illustre par l’imitation de formes inspirées du vivant pour des raisons artistiques et esthétiques.

L’Eastgate Building est un supermarché construit en 1996 à Harare au Zimbabwe, qui s’inspire directement du fonctionnement des termitières. Ce biomimétisme permet de maintenir une chaleur uniforme, une ventillation et climatisation peu coûteuse en énergie.

L’exemple emblématique du Shikansen

L’un des exemples emblématiques de biomimétisme est le Shikansen, autrement appelé le « train martin-pêcheur ». En effet, lors de la création du train à grande vitesse, inauguré au Japon en 1964 pour les Jeux Olympiques de Tokyo, celui-ci avait une vitesse de croisière de 320 km/h, ce qui en faisait le train le plus rapide du monde. Cependant, dès sa mise en service, le Shinkansen a rencontré des problèmes, l’un d’entre eux étant dû à la topographie du pays. Région montagneuse, le Shikansen était amené de manière régulière à emprunter des tunnels. Néanmoins, un bruit sourd se produisait à la sortie des trains des tunnels. Par des mouvements de compressions et de déplacements d’air vifs, dus à la grande vitesse du train, ceux-ci étaient obligés de ralentir pour franchir les tunnels et limiter ce bruit assourdissant pour les riverains.

A chaque problème, une solution inspirée de la nature.
Eiji Nakatsu, l’ingénieur et ornithologue, s’est inspiré du bec du martin-pêcheur qui plonge dans l’eau en provoquant un minimum de remous, pour la conception du Shikansen. En effet, Eiji Nakatsu a eu l’idée d’imiter la forme du bec du martin-pêcheur, afin que les trains puissent passer du milieu moins dense à l’extérieur du tunnel au milieu plus dense de l’intérieur du tunnel sans émettre de bruit. Comme pour le martin-pêcheur au bec pointu et fuselé lui permettant de plonger à la verticale dans l’eau pour attraper sa proie, le Shikansen s’est profilé, permettant de réduire la consommation d’énergie de 16% et d’augmenter sa vitesse d’à peu près 10%.

Célestin Schmid
Chargée d’étude biodiversité

Pour aller plus loin :

Découvrez le festival LIFE!

La nature est notre meilleur modèle de performance, d’excellence et de résilience, l’allié incontournable de notre avenir. À travers l’exposition “Nature championne et inspirante” proposée lors du Festival LIFE! créé par ENGAGE, le biomimétisme incite à protéger et à s’inspirer du vivant pour réinventer un monde durable, de prospérité partagée entre l’humanité et l’ensemble de la vie.

Nous vous donnons rendez-vous les 13, 14 et 15 Juin 2024 à l’Académie du Climat pour admirer l’exposition “Nature championne et inspirante” présentée par Biomim’expo lors du Festival LIFE!.

Connaissez-vous Biomim’expo ?

C’est Le grand rassemblement du biomimétisme et des innovations bio-inspirées en France dont la 8e édition se tiendra le 11 et 12 juin 2024 au Parc floral de Paris. Sachant que la nature est notre plus puissant partenaire et notre meilleur modèle d’avenir, Biomim’expo est le plus grand open lab du monde : 3,8 milliards d’années de Recherche & Développement pour inspirer de nouvelles idées et pistes d’innovations pour nos modes de production et d’organisation. Un événement pluridisciplinaire atypique, hors des silos pour penser hors des sentiers battus. Une rencontre entre ingénieurs, industriels, scientifiques, startups, enseignants, étudiants, associations.

Biomim’expo, en cohérence avec son sujet, propose un composite entre colloque, salon professionnel, showroom et agora. Pour proposer des conférences, tables rondes, débats, keynotes… mais aussi des démonstrations, des ateliers, des séances de pitchs-projets, des prototypes, des maquettes, des animations, des expériences sensorielles, une librairie éphémère et des dédicaces, des expositions apprenantes.

Pendant deux jours, venez découvrir les acteurs du biomimétisme, pour vous mettre en action et innover en entreprise grâce à la nature.

Pour en savoir plus :

– Suivre notre Atelier MISSION Biodiversité : https://lnkd.in/eJb2zJ35
– Suivre notre MOOC Biodiversité : https://lnkd.in/eTXq7iUE
– Participer à notre formation Action Biodiversité : https://lnkd.in/e93iX_WZ

Christophe de Hody est éveilleur de conscience autour de la nature. Sa mission : reconnecter au vivant au travers des plantes comestibles et des champignons. Il intervient pour nous dans le cadre du Défi Biodiversité, se connecter au vivant.

Nous vous présentons comme un “guide nature, éveilleur de conscience”, comment sensibilisez-vous le public aux problématiques du vivant ? 

Je sensibilise à la fois sur internet via des vidéos pédagogiques, mais aussi sur le terrain, dans la nature, en amenant des groupes en balade toute l’année, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente.
Nos sorties peuvent être courtes (une heure) ou plus longues (parfois plusieurs jours) lorsqu’il s’agit de formations approfondies ou de stages intensifs.  

Plus les balades sont longues, plus elles sont structurées. Mais dans tous les cas, notre objectif est de transmettre principalement des connaissances sur les plantes et les champignons sauvages. 

Concernant les plantes, nous nous concentrons sur les plantes communes qui ont des usages comestibles ou médicinaux. 

Nous passons par l’intellect mais aussi beaucoup par les sens (toucher, odorat), ce qui permet de  faire vivre des expériences créatrices d’émotions, de souvenirs, pour redonner goût à la Nature.

 

En quoi votre démarche peut-elle contribuer à la préservation de la biodiversité ? 

Je suis convaincu que plus les gens vivront de belles expériences dans la Nature, plus ils auront envie de la connaître et de la protéger. On a envie de protéger ce que l’on connaît. 

La connaissance peut aussi permettre de faire comprendre que la protection de la biodiversité a un impact positif sur notre santé. Si nous préservons la flore, nous aurons moins d’allergies. Plus il y a de vert autour de nous, dans nos villes, moins il y fera chaud. Cela joue aussi sur notre bien être général : plus on entend les petits oiseaux chanter, mieux l’on se sent. 

Finalement, peu de personnes connaissent les bienfaits qu’offrent la nature, les services écosystémiques. Peu de personnes ont conscience que nous en sommes dépendants. C’est cela aussi qu’il s’agit d’inverser.

Nous vivons dans un monde aseptisé, dans lequel la nature fait peur, est dangereuse.  On entend souvent dire aux enfant: “surtout ne touche à rien”, “ne touche pas les plantes”. Beaucoup de personnes ont peur des plantes toxiques.

Ce sont ses cliché que je veux démentir, renverser.
On peut toucher les champignons, on peut toucher les plantes. En réalité, il y a très peu de plantes toxiques et lorsqu’elles le sont, ce n’est pas par le toucher mais par l’ingestion.

Pour dédramatiser et déconstruire les a priori, il m’arrive souvent d’utiliser l’humour; je fais des bisous aux plantes et champignons mortels !

 

Vos balades et vos formations sont-elles accessibles à toutes et tous ? 

Oui absolument. Notre objectif est de faire en sorte que tout le monde puisse suivre ces formations, car nous avons fait un très gros travail de synthèse pour vulgariser le contenu et lui donner un caractère simple et pédagogique. 

En général, je reçois beaucoup de débutants, qui deviennent de plus en plus sachants en participant à nos balades. La base, c’est de savoir identifier, sur le terrain. Cela permet d’avoir accès aux usages pour  se débrouiller tout seul.

Je préfère évidemment les promenades dans la nature, comme les participants, qui aiment le contact : prendre les plantes dans la main, sentir, goûter. Revenir à une connexion simple.

Les réseaux sociaux et Internet nous ont vraiment permis de diffuser plus largement ces connaissances via des formats synthétiques. Notre objectif est d’aller à l’essentiel, d’être le plus clair possible, de décortiquer les mots compliqués, de mettre des images sur ce que l’on dit. 

Sur les formats en ligne, il faut adapter nos pratiques. Nous avons pris le parti de travailler le visuel : je prends dans les mains et je montre les feuilles dentelées de la plante par exemple. Pour les autres sens, je décris ce que je ressens.

 

Qui faut-il impliquer en priorité, les citoyens ? 

Il ne s’agit pas que des citoyens. Il faudrait impliquer à plusieurs niveaux : 

  • Nous avons besoin des experts pour encadrer les citoyens, les guider, avec pédagogie. 
  • Il faut aussi impliquer les entreprises. Elles pourront ensuite impliquer leurs propres collaborateurs. 
  • Il faut aussi impliquer les collectivités. 

C’est la société dans son ensemble qu’il faut mettre en mouvement. 

De mon côté, je suis une pièce du puzzle. J’essaie, à mon niveau, d’impliquer les citoyens. C’est ma participation.

 

Enfin, quel serait votre futur désirable?

Je voudrais d’abord moins de béton, plus d’espaces verts avec de la gestion différenciée, c’est à dire ne pas entretenir de la même manière tous les espaces. Que certains soient laissés libres, non fauchés par exemple. 

Je voudrais que l’on plante de plus en plus d’espèces indigènes aussi, pour des usages spécifiques.. 

Il s’agit aussi réfléchir le paysage à différentes échelles en créant des “corridors bleus” par exemple, pour que les animaux se déplacent sans coupures, entre les écosystèmes.

 

Pour aller plus loin :

Je discutais durant l’été de pêche à un dîner. Passés les habituels sourires étonnés, aucun n’associait à cette pratique ce qu’il signifie du rapport intime aux éléments, au vivant, ou simplement à la rivière. Je proposais plus récemment encore lors d’un forum sur le vivant de débuter par une cueillette de champignons, et tous s’inquiétaient d’abord d’une possible intoxication. Là encore, de trop vagues réminiscences de l’odeur du sous-bois ou de l’humus.

Anecdotique, me direz-vous. Pas forcément.

Un article du Monde citait une étude du Manhattan College selon laquelle seuls 26% des enfants jouent chaque jour en plein air, contre 71% pour la génération de leurs parents. Un autre évoquait l’incapacité d’une majorité de bambins à différencier un poireau d’une courgette.

Et si les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui émanaient de ce rapport fondamentalement distendu entre nous et notre écosystème ? N’est-il pas illusoire de demander à nos concitoyens de protéger la biodiversité lorsque nous n’entretenons plus avec la nature de rapport sensible ?

Si l’intervention de Nicolas Hulot lors de sa célèbre démission s’est révélée particulièrement émouvante pour nombre d’entre nous, c’est qu’il y évoquait sa tristesse de sentir ce rapport se déliter. Elle alertait aussi plus largement sur la nécessité de redessiner un lien sensible à soi, aux autres et à notre environnement.

Comme le montre le photographe George Steinmetz dans son reportage sur la malbouffe vue du ciel, c’est bien cette distance par rapport au réel, au terrestre, comme le dirait Bruno Latour, qui explique l’impasse dans laquelle nous sommes. Fermes de 10.000 génisses qui ne verront jamais la lumière du jour aux Etats-Unis ; usine produisant 32 millions de porcs par an en Chine. Certains répondront qu’il faudra bien nourrir 10 voire 11 milliards de terriens dans 30 ans. Comme cela, nous n’y arriverons pas.

Acceptons tout d’abord d’inverser l’ordre de nos priorités et de penser que nous, humains, ne sommes pas tout-puissants mais au coeur d’un écosystème dont nous dépendons. Prenons chacune de nos décisions à l’aune de leurs externalités sur le vivant, replaçons le bien commun au coeur de nos préoccupations, en amont de chacun de nos choix.

Je propose déjà, pour commencer, de rendre la cueillette des champignons obligatoires pour nos bambins. Et vous ? Une proposition ? Je suis certain que votre imaginaire est déjà en marche…

Pour aller plus loin :
– Retrouver le travail du photographe Goerge Steinmetz ICI
– Connaître le projet Fermes d’avenir initié par Maxime de Rostolan
– Lire Le dernier livre de Bruno Latour : Où Atterrir
– Consulter le blog d’Alain Grandjean : Chroniques de l’anthropocène

Pour agir :
– Participer au Défi ENGAGE sur la biodiversité : ICI
– S’inscrire à un programme dédié de l’ENGAGE University

Événements

2 heures 30 pour comprendre la biodiversité, ses liens avec les activités humaines et se mettre en action !

2 heures 30 pour comprendre la biodiversité, ses liens avec les activités humaines et se mettre en action !