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Hortense Dewulf vient de rejoindre ENGAGE pour déployer l’atelier MISSION biodiversité.

Qui es-tu, Hortense ?

Vaste question… Il me faudrait la journée pour y répondre ! Plus sérieusement, je viens de rejoindre ENGAGE après une expérience dans le conseil en innovation et un voyage au coeur de l’Amazonie.

Pourquoi alors ENGAGE et cette MISSION Biodiversité ?

Je ne vais pas te surprendre. Je souhaitais faire coïncider à 100% mes convictions personnelles et mes responsabilité professionnelles. M’engager chez ENGAGE… ça allait de soi !

En quoi consiste ton travail ?

ll a de multiples dimensions. Un aspect de conception d’abord, en travaillant à la refonte de l’atelier avec Quentin Thomas, notre responsable biodiversité. Un aspect d’adaptation ensuite, pour accorder le troisième temps de mise en action aux enjeux des entreprises avec qui nous le déployons (en fonction de l’organisation, de son niveau d’engagement ou d’avancée sur ces sujets). Enfin, un aspect de déploiement pour trouver des nouveaux partenaires, des entreprises ou des universités dans lesquels le déployer. D’ailleurs, si vous souhaitez le tester ou le déployer, n’hésitez pas à me contacter, je serai ravie de vous aider 😉

Et toi, dans quel type d’organisations préfères-tu le déployer ?

Difficile de répondre. J’aime beaucoup le déployer dans les universités (nous l’avons fait avec l’Université de Sfax, en Tunisie, récemment) car je crois que les étudiants qui ont bien compris les enjeux, sont à la recherche de moyens pour être acteurs du changement.

Dans les entreprises la dynamique est différente car les collaborateurs ou dirigeants sont à mes yeux moins au courant de la crise de la biodiversité, qui est encore le parent pauvre, par rapport au climat. Nous avons du chemin à faire et c’est évidemment motivant.

Alors, justement, que propose l’atelier pour se mettre en action ?

Il est organisé en trois temps, avec une approche progressive pour permettre à chacun de s’emparer des enjeux. Le premier temps pour comprendre, le second pour s’entraîner et puis le dernier pour se lancer dans sa propre entreprise ou dans n’importe quelle organisation d’ailleurs. Il relie donc la compréhension théorique de ce qu’est la biodiversité et l’appréhension pratique de ses liens avec les activités économiques. Il est aussi très interactif et fait appel à l’intelligence collective. C’est une approche fondamentale dans cet atelier mais aussi plus génériquement car je pense que ce n’est que collectivement que nous trouverons des solutions.

Tu gardes donc espoir ?

Et comment ! Je ne veux pas vous dire que tout est foutu à 26 ans. La situation est grave oui, mais pas désespérée. Nous pouvons travailler à la défense, à la restauration, voire à la régénération de la biodiversité. Nous le devons même ! C’est maintenant qu’il faut s’engager. Regardez l’exemple du couple Salgado dont nous parlons dans cette ActionLetter, ils l’ont fait et le résultat est là. Je crois aussi que nous vivons un Momentum. Les planètes de l’engagement, notamment du monde économique, commencent à s’aligner. Les entreprises n’ont plus le choix car les risques liés à l’inaction commencent à être trop évidents. Et puis la biodiversité, c’est aussi une opportunité d’aller chercher l’engagement par le sensible. Qui, autour de vous, ne voudrait plus d’oiseaux, de poissons, de fruits juteux et de paysages variés ? Je suis certaine que nous pouvons jouer là-dessus. Attention, ce n’est pas de la manipulation hein ;), juste la meilleure stratégie à adopter. Bref, plus de tergiversations… de l’action !

Et tes futurs désirables, Hortense, à quoi ressemblent-ils ?

Je rêve d’un futur où il ira de soi d’investir dans le Vivant à la hauteur des services qu’il nous rend. Comme l’explique Emmanuel Delannoy, il s’agit “juste” d’une démarche de bon gestionnaire de réinvestir dans le capital (naturel) les bénéfices que l’on tire de la productivité du vivant.

Noémie Aubron est fondatrice du studio Prospective Créative et de la newsletter hebdomadaire La Mutante . Elle revient dans cette interview sur la force des mots et des récits pour transformer le réel.

Qui es-tu et qu’est ce que la “Prospective Créative” ?

Je suis Noémie Aubron et ma mission consiste à “ouvrir des futurs possibles”.
J’ai longtemps travaillé sur des projets d’innovation pour de grands groupes sur des problématiques de renouvellement de modèles économiques mais je me sentais toujours frustrée car je ne réussissais pas à faire entrer la dimension du changement dans le paradigme et les modèles d’innovation. 

C’est pour cela que j’ai commencé à creuser la question du “comment” parler de changements en sachant que j’avais déjà tenté de le faire sans succès via des méthodes plus rationnelles et corporate. J’ai commencé à  intégrer la notion de fiction en l’associant à la prospective.

Cela fait maintenant 5 ans que j’écris des récits qui sont l’incarnation de ce qui pourrait se passer. J’appelle cela de “l’analyse prospective”. J’essaie d’abord de détecter le changement, de le comprendre.

 

Comment racontes-tu le changement justement ?

Le plus important c’est de trouver le bon angle, une manière nouvelle de raconter ce changement.

Dans ma Newsletter je vais plutôt raconter le changement que j’observe personnellement, de façons très subjective, je partage mon regard sur le monde. 

Mais je travaille aussi auprès des entreprises pour les aider à comprendre et décrypter les tendances nouvelles. Nous sommes à la recherche des “angles morts” ou de ce que l’on appelle les “éléphants noirs” dans notre jargon : des tendances que l’on ne veut pas voir mais qui sont bien présentes et dont les entreprises ont tout intérêt à se saisir pour les intégrer dans leur modèle. 

 

Y a-t-il une réelle volonté de la part des entreprises de transformer le réel pour des futurs plus désirables?

Je dirais que la fiction prend surtout une dimension “de conte d’avertissement”, de lanceur d’alerte qui fait prendre conscience aux entreprises d’un futur non souhaitable, dystopique, pour elles et pour le monde afin de les inciter à travailler sur des transformations plus désirables. 

Pour cela j’aide les entreprise à définir leur intention, je les aide à se projeter pour définir leur mission, les nouveaux métiers qui en découlent et surtout à définir ce vers quoi elles ont envie de se projeter. C’est ce chemin de transformation que j’essaie d’installer grâce à la fiction qui devient un réel outil de transformation.

 

Dans quelles domaines observes-tu le plus de potentialité ou de nécessité de changement ?

Il y en a beaucoup bien évidemment ! Ce sont surtout nos modes de vie car ils vont nécessairement impacter l’activité des entreprises. 

Il y a par exemple notre rapport au confort. Le confort tel qu’il a été conceptualisé ces 50 dernières années devient inopérant aujourd’hui. Se pose la question de savoir ce qu’est un environnement confortable. Il ne s’agit plus, à mes yeux, de le définir comme un confort matériel. 

L’apparition des low tech est aussi un marqueur important à l’heure de notre interrogation sur l’utilisation de nos ressources naturelles.

Dans un monde en accélération constante, je parlerais aussi de notre rapport au temps, de notre gestion des espaces. Pour parler de façon triviale, le confort s’incarne-t-il dans notre désir de posséder la dernière machine à café la plus perfectionnée ou dans le temps dont nous disposons pour cultiver nous-même, notre jardin ?

Il semble que s’ouvre un nouveau chapitre dans nos manières de consommer, d’envisager notre rapport au monde.

 

Et justement, quels seraient tes futurs désirables ?

Habitant à La Rochelle, j’ai une sensibilité toute particulière sur les sujets lié à la mer, à sa protection et plus généralement à notre rapport au vivant. 

Dans cette même veine, je pense aussi à l’urgence de redéfinir notre rapport à l’alimentation. Cela touche les aliments eux-mêmes, leur qualité mais aussi leurs modes de production, de distribution avec des conséquences en matière de santé publique, d’aménagement du territoire.

Les populations de truites, et en particulier de truites fario, pour les connaisseurs, s’effondrent, décimées par l’élévation de la température des rivières, la pollution des eaux, le remembrement et l’appauvrissement des écosystèmes, les espèces envahissantes et en particulier les écrevisses américaines.
Ce constat alarmant et tellement triste pour les amoureux de ce poisson emblématique de nos rivières illustre l’effondrement plus général de la biodiversité et les cinq causes qui le provoquent : le changement d’usage des terres et des mers, la surexploitation de certains organismes, le dérèglement climatique, la pollution des eaux, des sols et de l’air, la propagation des espèces envahissantes.

La situation est critique et nous le savons presque tous désormais, tant les articles et les prises de paroles se succèdent, enfin, dans les médias, les conférences.

Alors, doit-on baisser les bras ? La situation est-elle irrécupérable ?

Non, car les écosystèmes terrestres ou marins peuvent se régénérer, comme le démontre la création d’une réserve de biodiversité par le photographe Sebastião Salgado et sa femme au Brésil. En seulement 20 ans, 700 hectares régénérés avec plus de 300 espèces de végétaux, 150 espèces animales, 30 espèces de batraciens…sur la terre héritée de son grand-père, devenue aride à cause de l’agriculture bovine intensive.

La réserve du Minas Gerais au Brésil

Nous le savons aussi, l’économie et les entreprises sont à l’origine d’une très grande partie de cet effondrement. Et elles ont aussi les leviers, par construction, pour atténuer leur impact et contribuer à la restauration des écosystèmes. L’heure n’est plus de nous interroger sur le pourquoi mais à nous mettre en action pour travailler sur le comment. Comment réduire cet impact ? Comment contribuer à la restauration des écosystèmes ?

Que faire donc et comment agir efficacement à la hauteur de l’enjeu, telle est la seule question qui prévaut désormais.

Il s’agit de comprendre les racines du problème puis de transformer l’économie et les entreprises pour en faire des alliés du vivant, des entreprises restauratrices.
Comprendre, cela veut dire d’abord se former pour saisir les enjeux. Cela veut dire ensuite analyser ses dépendances et ses impacts.

Transformer, cela signifie réduire ses interrelations avec le vivant, comme premier pas ; cela signifie ensuite repenser son modèle d’affaires en privilégiant, par exemple, une économie d’usage ; cela signifie enfin, et il s’agit sans nul doute de l’étape la plus complexe, rediriger ou renoncer à certaines activités trop néfastes.
Bref, replacer l’entreprise au service du vivant, cela veut dire réinventer l’entreprise, pour son bien et celui de la planète. Oui, pour son bien, car ces transformations sont les conditions de sa résilience. Face aux risques, nouveaux et de plus en plus intenses qui l’entourent, opérationnels, de marché, financiers, réglementaires, réputationnels, une entreprise qui ne se transforme pas se condamne, à court ou moyen termes, selon les secteurs.

L’entreprise et l’économie sont donc à un moment pivot de leur histoires

C’est bien d’un changement radical dont nous parlons. L’entreprise doit opérer sa mue et abandonner certaines croyances, certaines certitudes, certains réflexes pour devenir restauratrice.

Elle doit se muer en organisation apprenante tout d’abord pour faire entrer, en son sein, de nouvelles connaissances, de nouveaux savoirs fondamentaux, dont elle était auparavant éloignée, les sciences du vivant par exemple.
Elle doit se muer en organisation participative voire, osons le mot, démocratique, pour que tous ses collaborateurs et décideurs, à tous niveaux hiérarchiques, participent à sa refonte, car les solutions sont au croisement des enjeux opérationnels et stratégiques, des activités et des métiers.
Elle doit se muer enfin, en organisation ouverte, car c’est avec l’ensemble de ses parties prenantes, en relation constante avec son écosystème de partenaires, fournisseurs, acteurs publics, citoyens, associations, qu’elle pourra définir des actions pertinentes, en relation avec son territoire.

Cette trajectoire de réinvention est sans aucun doute une aventure passionnante pour l’entreprise, à même d’entraîner l’adhésion de ses collaborateurs, de replacer ses actions au cœur de la société et d’en faire un lieu de confiance et d’engagement lorsque d’autres acteurs de la société ou corps intermédiaires se disloquent.

Pour en savoir plus :

Géo – La réserve de Sebastiã Salgado au Brésil
Salamandre – Pourquoi les truites disparaissent-elles ?

Pour aller plus loin :

– Suivre notre atelier Mission Biodiversité : https://lnkd.in/eJb2zJ35
– Suivre notre Mooc Biodiversité : https://lnkd.in/eTXq7iUE
– Participer à notre formation Action Biodiversité : https://lnkd.in/e93iX_WZ
– Engager votre entreprise dans un Défi Transition : https://lnkd.in/e3Q9eek9

Taxonomie, CSRD, Accords de Kunming… Ces dernières semaines, l’évolution de la réglementation Européenne sur les enjeux environnementaux, et plus spécifiquement de biodiversité a fait couler beaucoup d’encre. Quand certains qualifient ces avancées de réelle révolution, d’autres les jugent trop peu ambitieuses. Mais finalement, quels sont les grands axes de cette nouvelle législation ? Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles nouvelles obligations en découlent ? Le point.

L’accord historique de la COP15

Le 19 décembre 2022, 196 pays adoptaient un nouvel accord historique dans le cadre de la COP15 Biodiversité à Kunming.

Son objectif ? Fournir une trajectoire d’action internationale à la hauteur de l’urgence pour faire oublier l’échec des accords d’Aichi. Le résultat ? Un cadre mondial pour la biodiversité, qui comprend 4 objectifs de long-terme (2050) et 23 cibles pour l’action (2030).

Parmi elles, la cible 15 a retenu l’attention des acteurs économiques. Cette dernière implique les états à prendre des mesures juridiques, administratives ou politiques pour inciter les entreprises, et plus particulièrement les multinationales et les institutions financières, à :
– Contrôler, évaluer et divulguer régulièrement et de manière transparente leurs risques, dépendances et impacts sur la biodiversité.
– Fournir les informations nécessaires aux consommateurs pour promouvoir des modes de consommation durables.

Bien qu’il s’agisse ici d’incitation et non d’obligation, cette mesure fait date. C’est la première fois qu’un accord international vise directement les acteurs financiers et économiques. D’autres cibles concernent indirectement les entreprises, notamment la 16 qui vise à réduire l’empreinte mondiale de la consommation. Si ces avancées représentent un enjeu de taille pour les entreprises, elles répondent aussi à une vraie attente des sphères économiques et financières. En amont de la COP15 et à travers la campagne #MakeItMandatory, plus de 400 entreprises avaient sollicité les négociateurs pour rendre des exigences de reporting obligatoires.

La CSRD : le pari ambitieux de l’UE

C’est là qu’entre en jeu la fameuse directive sur le reporting environnemental, social et de gouvernance des entreprises, plus connue sous le nom de “CSRD”, pour “Corporate Sustainability Reporting Directive”. Adoptée en décembre 2022, avec pour objectif de normaliser l’information extra-financière, cette directive introduit pour la première fois une obligation de reporting et de vérification d’informations normées en matière de durabilité pour plus de 50 000 entreprises européennes. Ce reporting devra de surcroît s’inscrire dans le principe novateur de ” double matérialité ” : une entreprise devra aussi bien identifier les risques et opportunités que la société et l’environnement ont sur elle, que les impacts (négatifs et positifs) qu’elle peut avoir sur eux. La CSRD vient compléter les avancées de la Taxonomie verte, du Green Deal et de la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), et il est désormais admis que l’entreprise doit répondre à des intérêts que l’on peut qualifier de généraux et non simplement privés.

Contrairement à ce qui était prescrit par l’EFRAG, l’organe européen spécialiste de l’information financière, la Commission Européenne a considérablement revu à la baisse l’ambition initiale de la CSRD dans ce projet.

Entre espoirs et désillusions

Pour être opérationnelle, la CSRD s’appuie sur une série de normes et d’indicateurs (ESRS) qui visent à standardiser les déclarations non financières. Leur contenu et les modalités de leur application ont été dévoilés dans un projet d’acte délégué publié en juin par la Commission Européenne.

Contrairement à ce qui était prescrit par l’EFRAG, l’organe européen spécialiste de l’information financière, la Commission Européenne a considérablement revu à la baisse l’ambition initiale de la CSRD dans ce projet. Le principal recul est le renoncement à rendre obligatoire la divulgation d’indicateurs clés, qui est maintenant conditionnée à une analyse de matérialité. En d’autres termes, il appartiendrait aux entreprises, avec leurs consultants et leurs conseillers, de déterminer ce qui est important ou non de divulguer.

De ce fait, un consortium d’une centaine d’investisseurs et d’acteurs financiers déplore ce manque d’ambition dans un communiqué publié début juillet. Il appelle notamment la Commission à reconsidérer la nature totalement facultative des plans de transition pour la biodiversité, afin de fournir aux investisseurs des informations sur la manière dont les entreprises alignent leur stratégie aux cadres internationaux émergents.

Une fois le sort de la CSRD fixé, les instances européennes devront s’accorder sur un chantier tout aussi conséquent : celui du devoir de vigilance. Après avoir normé et régulé le déclaratif, l’Union européenne devra faire de même avec la mise en œuvre des plans d’action des entreprises. C’est là toute l’ambition du projet de directive sur le devoir de vigilance (CSDDD ou CS3D), adopté en juin 2023 par le Parlement européen. Cette directive vise à encadrer les obligations de responsabilité des entreprises sur le plan social et environnemental ainsi qu’à appliquer au niveau européen la notion de « devoir de vigilance ». La CS3D devra passer par le trilogue de l’Union Européenne afin d’être définitivement adoptée en 2024.

Une stratégie nationale

À l’échelle nationale, la démarche “ Éviter, Réduire, Compenser ” a été introduite en droit français, dans la loi relative à la protection de la nature en 1976. Elle a depuis été renforcée par la loi pour la reconquête de la biodiversité en 2016, afin d’atteindre l’absence de perte nette de biodiversité dans la conception puis la réalisation de plans, de programmes ou de projets d’aménagement du territoire (ZAN). Le premier volet de la stratégie nationale biodiversité 2030, dévoilé en février 2022, à également ancré l’ambition que “ les entreprises rendent compte de leurs impacts et dépendances à la biodiversité et qu’elles réduisent leurs impacts négatifs de 50 % ” d’ici 2030. Le second volet, qui devrait être publié dans les prochaines semaines, viendra sûrement conforter le rôle de l’entreprise dans la préservation de la biodiversité.

Quentin Thomas
Responsable Biodiversité

 

Pour aller plus loin 

Vous souhaitez vous former aux enjeux de biodiversité ?
Suivez notre MOOC Biodiversité.
Expérimentez l’atelier MISSION Biodiversité

Sources

Monitoring framework for the Kunming-Montreal global biodiversity framework – Convention on Biological Biodiversity 

COP15 biodiversité : un accord historique, mais imprécis et non-contraignant – Carbone 4

CDC BIODIVERSITÉ (2023), COP 15, ET APRÈS ? ANALYSE DES CIBLES ÉCONOMIQUES ET RECUEIL DE POINTS DE VUE. BOURCET, C., CHESNOT, Y., MAGNIER, D., N°44, 50P – CDC Biodiversité

Corporate sustainability reporting – Europa.eu

CSRD : modalités et perspectives. Comment vous aider à préparer le reporting de durabilité ? – EY 

Normes européennes d’information en matière de durabilité – premier ensemble de normes – Europa.eu

Joint statement on ESRS – Eurosif, PRI, IIGCC, EFAMA, UNEP FI

Le dérèglement climatique accélère et frôle déjà les 2° en France, la biodiversité s’effondre et les insectes disparaissent, un plan d’adaptation est désormais envisagé qui anticipe un réchauffement de 4° sur notre territoire. Bref, les occasions de se réjouir se multiplient.

Pourtant, dans cet océan de noirceur, une bonne nouvelle pointe son nez…si, si… que nous pourrions appeler, avec une pointe d’humour, la convergence des luttes.
L’explication est très simple : l’intérêt privé et l’intérêt général tendent à ne faire plus qu’un, ce qui pourrait accélérer l’engagement des acteurs économiques qui, faut-il le rappeler, pèsent à hauteur de 75% dans les dérèglements environnementaux.
Autrement dit, lorsque l’éthique d’action ne suffit pas à provoquer la grande transformation, il se pourrait que la protection de leurs intérêts, privés par essence, pousse les entreprises à se mettre enfin véritablement en mouvement et infléchissent massivement leur politique RSE .

‘Les entreprises sont désormais soumises à des pressions et des risques systémiques sans précédent’

Pourquoi ? Car elles sont désormais soumises à des pressions et des risques systémiques sans précédent.

Risques opérationnels qui menacent leurs activités ; risques de marché face à l’évolution de leurs consommateurs ; risques de financement face à des investisseurs dont l’exigence va croissante ; risques réglementaires bien sûr, si les gouvernements et surtout l’Europe s’engagent durablement dans la voie plus ambitieuse qu’ils semblent emprunter; risques réputationnels enfin, en interne et en externe, qui menacent leurs politiques de recrutement et l’engagement de leurs collaborateurs de plus en plus intransigeants.

Certains ricanent peut-être, me traitant de doux rêveur. Je leur réponds d’un clin d’œil de cassandre. Non, je ne rêve pas, j’espère simplement, face à la gravité de la situation, hélas prévisible mais tellement lourde et prégnante désormais.

J’observe aussi, autour de moi, l’évolution de certains patrons, conscients et tiraillés par leurs incohérences et souvent harcelés par leur descendance.

‘La majorité a basculé vers la question du comment agir et c’est là que l’affrontement se concentre désormais entre des visions clairement opposées’

Évidemment, les blocages ont la vie dure mais ils ont évolué. Seuls quelques irréductibles restent bloqués sur la question du pourquoi agir, fleurtant encore avec le climatoscepticisme.
La majorité a basculé vers la question du comment agir et c’est là que l’affrontement se concentre désormais entre des visions clairement opposées.

D’un côté, les technologistes ou techno-solutionnistes arguent que l’Homme, dans son génie, saura trouver les solutions et qu’il ne sert à rien de chercher à réinventer notre modèle. Nous capterons le carbone, un jour…L’avion vert volera, un jour… On peut y adjoindre les tenants du jusqu’au-boutisme, nourris, non plus par le déni, mais plutôt par la conscience sclérosante de la gravité de la situation. Après-moi le déluge….

De l’autre, ceux qui refusent ce leurre technologique ou ce défaitisme cynique et pour qui vient le temps de l’engagement, volontariste et escarpé. Car il leur faudra slalomer entre les résistances internes, les injonctions contradictoires du court et du long terme, les logiques mercantiles difficiles à défaire et des arbitrages qui feront passer les timides avancées actuelles pour des prémisses dérisoires à mesure que les pressions augmenteront.

Ce sont eux qu’il faut aider bien sûr, en premier lieu, puis montrer en exemple. C’est grâce à ces ‘pionniers’ que nous pourrons convaincre la majorité qui résiste encore que cet engagement pour l’intérêt général n’est pas optionnel mais fondamental pour leur propre avenir, pour leur intérêt particulier et que leur croyance suranné dans un modèle dépassé ou leur immobilisme opportuniste les condamnent à moyen terme.

La convergence des intérêts particuliers et de l’intérêt général constitue bien un argument décisif. Je vous laisse en revanche décider s’il convient de parler, à ce stade, de convergence des luttes, je ne suis pas certain que cette forme d’humour fasse mouche.

Jérôme Cohen
Fondateur ENGAGE

Nathalie Bardin est Directrice Executive Marketing stratégique, RSE et Innovation d’Altarea. Elle est également alumni du Programme Transformation de l’ENGAGE University. Retour sur son expérience avec ENGAGE.

 

Peux-tu te présenter ?

Je suis directrice exécutive marketing stratégique de la RSE et de l’innovation dans le groupe Altaréa qui intervient sur la transformation urbaine et toutes les problématiques liées à la ville (logements, bureaux, commerce…).

 

Tu as participé au Programme Transformation, qu’est-ce que cela t’a apporté d’un point de vue professionnel et personnel ?

Sur le plan professionnel cela m’a apporté trois choses :

  • De l’inspiration : on a tendance à s’assécher, parfois, dans le cadre professionnel. Le Programme Transformation m’a apporté l’inspiration dont j’avais besoin en me confrontant à des problématiques que je n’avais pas encore suffisamment approfondies, à des personnalités incroyables, d’universitaires, d’intellectuels, d’entrepreneurs… Cela ouvre un champ des possibles et des solutions pour changer les choses.
  • Une logique de stimulation et partage : les profils des participants du programme sont variés et cela est très enrichissant d’interagir avec des personnes d’univers différents, de réfléchir ensemble en bonne intelligence, de confronter nos visions, nos expériences, de s’appuyer aussi dans nos parcours et nos objectifs.
  • Un passage à l’acte : c’est une formation tournée vers l’action. Concrètement, j’ai par exemple découvert la Fresque du Climat grâce à ce programme et je suis devenue fresqueuse. J’ai également découvert de nouvelles approches, comme la permaéconomie et de nouveaux outils. J’ai également souhaité poursuivre l’expérience avec ENGAGE dans mon entreprise pour que nous allions plus loin dans nos engagements en proposant des cycles de conférences pour sensibiliser et former nos collaborateurs et collaboratrices.

D’un point de vue personnel, je pense qu’on ne rentre pas chez ENGAGE par hasard. J’étais déjà dans une dynamique d’action, prête à entrer et à approfondir mon engagement dans la transition. Le programme m’a conforté dans ces intentions.

 

« Le Programme Transformation m’a apporté l’inspiration dont j’avais besoin en me confrontant à des problématiques que je n’avais pas encore suffisamment approfondies »

 

Ce programme a-t-il transformé ta vision de la transformation de la société et de l’entreprise ? Et de quelle façon ?

Cela m’a donné une plus grande ouverture sur des thématiques que nous n’avions pas abordées dans mon entreprise, comme la biodiversité. Le programme m’a apporté une connaissance en profondeur des sujets, une vision systémique et globale des enjeux.

Il m’a aussi éveillé à de nouveaux savoir-faire comme l’intelligence collective. J’ai expérimenté de nouvelles approches, de nouvelles façons d’accélérer la transformation et de réfléchir collectivement à des solutions.

 

Tu as décidé de poursuivre ton expérience personnelle au travers d’un cycle de conférences dédié à l’ensemble des collaborateurs du groupe Altarea, pourquoi ?

Je souhaite mener une transformation en profondeur et densifier notre passage à l’acte au sein d’Altaréa, et c’est évidemment plus facile de s’appuyer sur un tiers, doté d’une réelle crédibilité sur ces sujets de fond.

Les échanges que nous avons avec les experts du réseau nourrissent notre réflexion collective. Cela accélère la mise en mouvement des dirigeants et des collaborateurs, sans qui rien de durable ne se fera.

 

Qu’attends-tu d’une organisation comme ENGAGE ?

Nous sommes aujourd’hui dans une phase de sensibilisation, qui ambitionne d’éclairer les collaborateurs sur ces thématiques de fond. J’aimerais poursuivre le travail avec ENGAGE avec des focus sur des sujets que l’on estime prioritaires pour notre groupe, comme la biodiversité.

ENGAGE est un vrai partenaire de notre transition. Il enrichit notre réflexion, en y associant les bons experts, puis nous accompagne dans la conception et la mise en œuvre de transformations concrètes.

 

Finalement, comment caractériserais-tu ces premières expériences ?

Profondément humain. Les personnes qui interviennent au sein d’ENGAGE sont convaincues de ce qu’elles font, le portent, c’est incarné. Je qualifierais également mon expérience de « transformation active », une sorte d’utopie concrète et éclairée. On ressent dans cette communauté l’envie de changer les choses et de s’en donner les moyens. Nous sommes dans la projection vers un futur plus désirable mais aussi dans le présent et la transformation concrète, dès aujourd’hui.

 

 

 

Participez à la prochaine édition du Programme Transformation !

Trois semaines consacrées à l’approfondissement d’une thématique incontournable du XXIe siècle et deux semaines dédiées à l’expérimentation pour se donner les moyens d’agir dans le système, pour une immersion complète au sein des enjeux de la transition.

Le Programme Transformation vous permettra de :

  • Vous saisir des défis du 21e siècle – environnement, gouvernance, numérique, complexité, leadership d’impact – pour mettre le bien commun au cœur de ses activités.
  • Acquérir savoir-être et savoir-faire indispensables dans notre monde en transition – intelligence collective, mobilisation, leadership conscient, créativité, rhétorique.
  • Ancrer votre engagement personnel et professionnel à travers des temps de réflexions individuels et des moments d’échange entre pairs.
  • Rencontrer des apprenant·e·s engagé·e·s qui partagent une envie profonde de réinvention, en promotion réduite (20 participant.e.s) et des intervenant·e·s passionné·e·s et passionnant·e·s grâce à des échanges privilégiés
  • Bénéficier d’un accès privilégié à l’écosystème ENGAGE.

En savoir plus : www.engage-programmetransformation.com

 

Que garder de vraiment important de ce mois de mai ? Entre pluie et soleil

Pluie : la sortie du rapport de L’IPBS alarmant à plus d’un titre. La nature se dégrade de plus en plus vite et les objectifs pour la conservation durable de la nature ne peuvent être atteints par les trajectoires actuelles. Seul des « changements transformateurs » profonds dans les domaines économiques, sociaux, politiques et technologiques permettront de revenir dans la trajectoire 2030 et après.

Pluie et soleil : Les élections européennes entre timide embellie (remontée du taux de participation, poussée des Verts) et coup de déprime (l’avancée significative des extrêmes) nous indiquent que l’Europe est loin d’être morte et qu’elle reste un espace démocratique ouvert et vivant à protéger des poisons du nationalisme. Espace où une réelle alternative écologique est en passe de peser sur les choix économiques au niveau national comme européen. L’Europe recycle 31 % de ses plastiques. Pas grand-chose me direz-vous mais pas ridicule lorsque l’on sait que les US ne recyclent que 10% des leurs.

Soleil : La mobilisation des étudiants et des lycéens pour le climat a renvoyé notre génération dans les cordes question prise de conscience, maturité, engagement citoyen et passage à l’action. Gardons donc l’espoir que la génération qui se lève saura mieux que nous sauver ce qu’il reste de la maison commune.

Michel Serres, si ma mémoire est bonne, avait coutume de dire que dans la vie, il y a des renards et des sangliers. Le renard vagabonde, explore, découvre de nouveaux territoires, connait sa nature et fait confiance à son intuition – au risque de se disperser. Le sanglier, quant à lui, creuse profondément son sillon, avec persévérance, ténacité et efficacité – au risque de se scléroser. Le monde a besoin de renards et de sangliers.

Le renard et le sanglier ont un point commun. Ils comprennent le territoire dans lequel ils vivent et agissent dessus différemment, avec leurs propres moyens.

Nous partageons cette ambition chez ENGAGE. Celle de comprendre pour agir ou, plus exactement dit, celle de transmettre cette double joie si chère à Michel Serres, de comprendre et d’agir.

Ensemble.

Philippe Bertrand

Anne de Bagneux, directrice générale adjointe France et Béatrice Jung, directrice RSE groupe de Transdev font partie du Cercle Leadership au féminin lancé en septembre avec Engage. Elles reviennent sur leurs motivations et leur vision du leadership au féminin

En quoi consiste le Cercle Leadership au féminin que vous avez lancé?
Anne : il s’agit d’amorcer, ou de ré-amorcer un travail collectif sur la place des femmes dans le groupe, et plus largement sur les questions de mixité ou de diversité.
Transdev étant mobilisé et actif pour réfléchir à la mobilité de demain, engagé dans cette modernisation de notre activité, l’entreprise ne peut faire l’impasse sur le sujet. Le cercle est aussi l’opportunité de se demander quelle contribution peut être celle des femmes à cette modernité, quel rôle les femmes peuvent-elle prendre pour accélérer notre transformation?
Je suis convaincue que la mixité est un marqueur de modernité…

Béatrice : le cercle de Femmes de Transdev mobilisé avant l’été est volontairement restreint ; il complète le Club Mixité & Performance du groupe. La question n’est pas tellement le « quoi » mais le « pourquoi » : pour relancer une dynamique, et le « comment » à travers une dizaine de rencontres de femmes conscientes et motivées pour contribuer à faire bouger notre culture à travers un plan d’actions qui sera porté au Comex.

Qui ce cercle regroupe-t-il?
Anne : Il regroupe 10 femmes managers de Transdev, fonctions corporate / siège ou opérationnelles en région ; des femmes toutes sensibles aux enjeux de la mixité et engagées pour faire bouger les choses.

Béatrice : 10 femmes manageuses, de différentes filières, ayant la responsabilité d’équipes différentes, d‘âge et de parcours différents

Quels sont ses objectifs à court et moyen terme?
Anne : à court terme, nous avons un objectif de solidarité. Nous sommes toutes un peu seules dans nos rôles/missions, donc chacune de nos rencontres est l’occasion de partager, prendre un peu de temps ensemble pour échanger ; à moyen terme, nous avons pour objectif d’élaborer un plan d’actions et d’engager le Comex.

Béatrice : c’est drôle car je complèterais la réponse d’Anne en disant que l’objectif à court terme est un plan d’actions à mettre en œuvre rapidement et l’objectif moyen terme est un objectif de solidarité durable pour faire perdurer et déployer autour de nous ce cadre de protections et de permissions mis en œuvre au sein du cercle dans lequel nous expérimentons l’importance de la parole de chacune.

Les femmes ont-elles une vision différente du management, du leadership?
Anne : je dirais oui. Les femmes sont dans la contribution, la construction…et moins dans le pouvoir… sans tomber dans la caricature, les femmes sont plus naturellement à l’aise entre bienveillance et fermeté. Les femmes ont une capacité d’écoute…juste de s’écouter, en réunion par exemple. Il y a une notion de courage aussi. Les femmes veulent être utiles à quelque chose qui les dépasse.

Béatrice : je me méfie des stéréotypes inversés…mais résolument la partie féminine de chacun… « embrasse plus large »…les femmes ont moins besoin de se positionner, de se différencier de façon compétitive…elles ont une approche des sujets plus unifiée…une femme sait être une professionnelle et une mère, elle sait être dans la relation et dans le résultat, elle sait se mettre en avant ou pas selon le jeu de rôle qui s’impose à un instant T, elle sait être dans sa vulnérabilité et forte…C’est cette épaisseur de savoir-être (et qu’un homme peut tout à fait avoir évidemment) dont l’entreprise doit prendre conscience, qu’elle doit apprendre à respecter et surtout utiliser car il y a beaucoup d’intelligence derrière.

Pourquoi avoir fait appel à Engage pour l’initier et l’animer?
Anne : Il nous fallait être accompagnées pour nous ouvrir à ce qui se passe à l’extérieur sur ces sujets. Sortir de notre caverne. Avoir quelqu’un qui nous aide à partager et à intégrer d’autres pratiques. Engage avait cette approche « réseau » et une sincérité dans son action, dans son ambition de changer le monde qui ont fait la différence.

Béatrice : tout à fait ! Engage a en particulier une conviction et une expertise précieuse de formation à l’intelligence collective. Et notre enjeu est bien celui de mettre en œuvre les conditions d’une meilleure collaboration entre hommes et femmes : plus de femmes, plus de femmes responsables et écoutées, et un meilleur dialogue

Question + : Au final est-ce qu’on y croit ?
Anne : oui…mais la route sera longue et difficile. Cela doit je pense passer par des contraintes…par exemple une charte de comportements.

Béatrice : oui…de toutes façons l’avenir est dans cette complémentarité…les femmes y arriveront…et ma conviction est que si Transdev veut survivre, cette prise de conscience de chacun est incontournable.