La conjoncture qui se durcit, les perspectives qui s’assombrissent, la fluctuation des réglementations et l’inflation fiscale ont déjà sonné le glas d’une série d’actions, initiatives, programmes, soutiens et investissements en faveur de la biodiversité, du climat et de l’environnement en général. Beaucoup de structures associatives, de conseil, de formation, de recherche ou d’entreprises innovantes se voient déjà nettement fragilisées et tirent le signal d’alarme. On se dirige tout droit vers un tsunami de la démobilisation, du découragement et un crash de l’économie de la transition.

La conjoncture ne doit pas mettre l’avenir en pause.

Chers partenaires, tant publics que privés, qui œuvrez déjà à rebâtir ce monde de demain, restez sur le pont et au front à ce moment crucial, lorsque tout se joue. Maintenez vos programmes de recherche, vos actions de sensibilisation et de formation, les événements qui font grandir les idées et les solutions d’avenir, les programmes expérimentaux, les réflexions stratégiques, les investissements dans les solutions d’avenir. Vous en avez été pour certains les pionniers et initiateurs, n’affalez pas les voiles face au coup de vent conjoncturel. Pour ne pas s’arrêter en pleine course, mais s’adapter aux courants et contraintes, réorienter les priorités, se focaliser sur les actions concrètes de terrain, ne pas subir mais transformer ces enjeux en nouveaux atouts. La conjoncture ne doit pas mettre l’avenir en pause.

La Nature, elle, n’attend pas. La planète et l’Humanité n’ont pas les moyens de remettre ces actions et investissements à plus tard, ce qui n’aurait qu’une seule conséquence, celle d’accélérer la chute du cours de l’action Vivre sur Terre et le coût des décisions futures. Les effets du dérèglement climatique et de l’extinction de la biodiversité ne suivent pas un lent processus linéaire, c’est par étapes violentes, subites et douloureuses que l’histoire va s’écrire. Les contraintes de pouvoir d’achat, les flux migratoires, la santé humaine, le coût des soins, les rendements agricoles, la qualité de vie, les catastrophes dites naturelles … tout ne fera que s’aggraver encore davantage si on lâche maintenant. Personne ne peut profiter de sa vie ou bâtir des projets sur une planète en surchauffe, appauvrie et insalubre.

L’avenir a besoin de vous, ne le lâchez pas au cœur de la bataille, il vous le rendra au centuple.

Investir le long terme et le bien commun, c’est rentable. Nous vivons désormais en communauté de destins, liés, et cela renverse les paradigmes et schémas de pensée qui ont bâti notre croissance économique depuis le 18ème siècle : nos intérêts économiques individuels dépendent de notre capacité à servir les intérêts collectifs, en investissant dans le bien commun pour le maintenir en bonne santé économique, sociale et écologique. Le manque de vision et de continuité n’a déjà que trop nui à la crédibilité politique, à la pérennité économique, et à la capacité à proposer le projet et récit collectif tant attendu et tant repoussé.

Demain a déjà démarré. Les solutions sont là, les alternatives existent, le travail de prise de conscience a été largement entamé, lâcher maintenant c’est comme refuser de prendre ses bénéfices, c’est accepter de perdre des années d’investissement et de travail. L’écosystème socio-économique de la transition reste sur le pont et mobilisé. Le relâchement conjoncturel va en décimer les troupes, et contrairement au tardigrade, il ne redémarrera pas à la première goutte d’eau budgétaire. Ralentir maintenant, c’est aussi décevoir votre propre mobilisation interne, nuire à votre crédibilité, à votre attractivité auprès des nouvelles générations. C’est aussi laisser le champ libre d’un côté aux sceptiques, et de l’autre au contraire aux acteurs qui maintiendront leurs engagements et tireront profit de l’avenir.

L’avenir a besoin de vous, ne le lâchez pas au cœur de la bataille, il vous le rendra au centuple.

Article paru dans La Tribune

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(*) Co-signataires :

  • Fanny Agostini, journaliste, co-fondatrice de Landestini
  • Arthur Auboeuf, co-Fondateur de Team for the Planet
  • Lucie Basch, co-Fondatrice de Too Good To Go ; Présidente de la Climate House
  • Sandrine Bélier, Directrice d’Humanité et Biodiversité
  • Maxime Blondeau, Fondateur de Cosmorama
  • Gilles Bœuf, Biologiste ; ancien Président du Muséum national d’Histoire naturelle ; Professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie et Sorbonne Université
  • Gildas Bonnel, Président de la Fondation pour la Nature et l’Homme
  • Fabrice Bonnifet, Président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D)
  • Allain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)
  • Tarik Chekchak, Directeur du pôle stratégies inspirées du vivant de l’Institut des Futurs souhaitables
  • Jérôme Cohen, Président-fondateur d’Engage
  • Franck Courchamp, Directeur de recherche CNRS ; Médaille d’argent CNRS ; Grand Prix de la Société Française d’Ecologie & Evolution ; Chaire Biodiversité au Collège de France
  • Emmanuel Delannoy, co-créateur de la Fresque de l’économie régénératrice
  • Eric Duverger, Fondateur de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC)
  • Marion Enzer, Directrice du Développement de Fermes d’Avenir ; Coordinatrice France du Climate Reality Project
  • Françoise Gaill, Vice présidente de la plateforme Océan & Climat
  • François Gemenne, Président du conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l’Homme
  • Philippe Grandcolas, Directeur de recherche CNRS ; Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle
  • Roland Jourdain, Navigateur ; co-fondateur du Fonds de dotation Explore
  • Galitt Kenan, Directrice du Jane Goodall Institute France
  • Henri Landes, co-fondateur de Landestini
  • Alizée Lozac’hmeur, co-fondatrice et porte-parole de makesense
  • Henry François Martin, co-directeur général de la Climate House
  • Claudio Muskus, Directeur général de Fermes d’avenir
  • Maika Nuti, co-directrice générale de la Climate House
  • Alexandra Palt, Présidente du WWF France
  • Magali Payen, Fondatrice d’OnEstPrêt et d’Imagine 2050
  • Kalina Raskin, Directrice générale du Ceebios
  • Alain Renaudin, Président-fondateur de Biomim’expo et de NewCorp Conseil
  • Patricia Ricard, Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard
  • Cédric Ringenbach, Fondateur de la Fresque du Climat
  • David Robert, Directeur général de J’accueille by Singa
  • Maxime de Rostolan, Fondateur de Sailcoop ; Fondateur de Planteurs d’avenir
  • Jacques Rougerie, Architecte ; Membre de l’Institut
  • Sabine Roux de Bézieux, Présidente de la Fondation de la mer
  • Brieuc Saffré, co-fondateur et CEO de Circulab
  • Marc-André Selosse, Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle ; Président de la Fédération Biogée
  • Isabelle Susini, Directrice du 1% pour la Planète
  • Romain Troublé, Directeur de la Fondation Tara Océan ; Président de la plateforme Océan & Climat
  • Christian Vannier, Créateur et directeur du Forum International de la Météo et du Climat
  • Jean-Luc Verreaux, Directeur général de l’Institut des Futurs souhaitables

Et si…Et si finalement l’arrivée de Trump à la tête des Etats-Unis était une chance, voire une dernière opportunité, à ne surtout pas laisser passer.

Une chance pour l’Europe, une chance, pour notre démocratie, notre économie, l’environnement ou notre système éducatif… Et si nous nous apercevions que Trump est le symptôme d’un monde en fin de vie et qu’il s’agit aujourd’hui de faire des choix structurants, sous peine de sombrer définitivement. 

Il s’agit de changer drastiquement nos logiciels

Un dernier rappel à l’ordre alors que notre modèle insoutenable tente de résister dans un dernier cabrage mortifère. Il s’agit désormais de changer de route, définitivement, sans regret aucun. Il s’agit de changer drastiquement nos logiciels. 

Bien sûr, Antonio Gramsci avait raison. C’est dans ces périodes de clair-obscur entre deux mondes qu’apparaissent les monstres et nous sommes bien entre deux ères. Et Trump est manifestement un monstre. De vulgarité, d’idiotie, d’incompétence, de masculinisme. La litanie serait longue. Chacun choisira ses qualificatifs. Mais il peut aussi jouer le rôle improbable, involontaire, inattendu et pour tout dire efficace de lanceur d’alerte lorsque tant d’autres ont échoué.

Avec lui, la vulgarité fait office de culture de gouvernement, la vanité de mission et l’improvisation de stratégie. A nous, ici, en Europe, de réinventer justement notre façon de faire Europe, de gouverner, de nous donner collectivement une mission à la hauteur des enjeux, une stratégie claire et des moyens pour y parvenir.

Nous avons l’occasion unique de nous unir, de faire alliance à tous les niveaux, pour inventer un autre modèle qui nous corresponde, qui assimile nos valeurs et nous projette vers un monde habitable, juste et désirable.

Cela veut dire avoir le courage de repenser nos modèles démocratiques pour les rendre fondamentalement et sincèrement participatifs. Cela veut dire abandonner la vieille doxa économique pour réinventer des modèles compatibles avec le vivant, humain et non humain. Cela veut dire aussi assumer des choix de société avec clarté et détermination pour décider collectivement nos investissements et faire émerger, de façon volontariste, une société juste, régénératrice et émancipatrice. 

Et si toutes les outrances de Trump et de son administration nous poussaient à redéfinir une éthique de l’action, politique et économique

Trump trahit l’Europe et le multilatéralisme, construisons enfin les Etats-Unis d’Europe, des peuples, sur un autre modèle de croissance qui s’émancipe de la pensée unique et de la surconsommation morbide. Trump bafoue la veille démocratie américaine, réinventons la nôtre vers plus de participation et de proximité. Trump se retire des Accords de Paris, faisons bloc et renforçons nos ambitions écologiques, en matière de climat et de biodiversité. Trump impose des droits de douane imbéciles et erratiques, sortons de notre naïveté ou de notre faiblesse et construisons une zone ouverte mais protégée, solidaire et juste, fondée sur des critères environnementaux et sociaux. Trump trahit la science et l’éducation, investissons massivement dans la recherche, le savoir et les futures générations, à l’heure où l’esprit critique constitue un outil de résistance massive de nos piliers fragilisés. 

Ces exemples, nous pourrions les multiplier, aborder les enjeux de santé, de technologie, d’IA…
Il ne s’agit pas d’égrainer des y’a qu’à faut qu’on désincarnés mais de dessiner une vision et de définir des objectifs impératifs que nous devons nous assigner pour faire advenir le monde dans lequel nous voulons vivre.

La marche est haute probablement, mais d’une contrainte immédiate et sidérante, faisons collectivement une opportunité de long terme. Faisons de l’Europe un phare, non pour nous opposer mais pour progressivement imposer sans frilosité notre modèle. 

Et si toutes les outrances de Trump et de son administration nous poussaient à redéfinir une éthique de l’action, politique et économique, un humanisme 2.0 qui fasse du vivant, humain et non humain, notre gouvernail ?

Jérôme Cohen
Fondateur ENGAGE

Jean-Louis Bertrand est CEO de Tardigrade AI, Vice-président du GIEC Pays de la Loire et professeur de Finance à l’ESSCA. Il a notamment été expert pour le Grand Défi. Dans cette interview, Jean-Louis nous parle de son nouveau projet Tardigrade AI qui a pour mission d’agir et de renforcer la résilience des entreprises et des collectivités face au changement climatique mais aussi pour préserver le bien-être des employés et des usagers.

Pouvez-vous vous présenter ?

J’accompagne les entreprises face aux risques climatiques depuis plus de 20 ans. J’ai participé au Grenelle de l’environnement en 2007, étudié l’impact du climat sur l’activité des entreprises pour piloter  leur quotidien, créé des produits financiers pour les protéger à court terme et les aider à faire face durablement. Mon engagement se prolonge avec le GIEC des Pays de la Loire dans un rôle de Vice-Président et porte-parole.

Pourquoi avoir créé Tardigrade AI ? 

Je souhaitais partager ce que j’ai appris dans une offre de services actionnables pour agir et renforcer la résilience des entreprises et des collectivités face au changement climatique et pour préserver le bien-être des employés et des usagers.

Le tardigrade est un micro-organisme connu pour son extrême résilience et sa capacité d’adaptation aux conditions les plus hostiles (froid, chaleur, vide spatial).

A son image, Tardigrade AI propose des solutions pour s’adapter aux défis climatiques, en transformant l’incertitude en opportunités d’actions concrètes pour un avenir plus résilient pour tous.

Comment ça marche ?

Notre méthodologie A.D.A.P.T. (Anticiper/Diagnostiquer/Adopter/Protéger /Transformer) est directement inspirée des besoins remplis sur les post-it pendant les rendez-vous du Grand Défi. Nous avons développé les outils de formation pour embarquer les équipes dans l’adaptation et la résilience. Nous proposons un diagnostic précis à la coordonnée GPS, disponible partout dans le monde et accessible financièrement au plus grand nombre. Enfin, nous avons mobilisé des partenaires pour le traduire en solutions concrètes. Chaque organisation peut ainsi comprendre son exposition face aux risques climatiques actuels et à venir, sélectionner et dimensionner les stratégies d’adaptation pour continuer à développer son activité.

A qui est destiné cet outil ?

ADAPT est disponible pour tout type d’entreprise ou collectivité,  quelle que soit sa taille.

Question 5 :  Une entreprise, à quoi lui sert votre analyse ?  Et comment peut-elle s’en servir ? 

Notre plateforme A.D.A.P.T. offre un cadre d’actions, quel que soit le niveau d’avancement de la réflexion des parties prenantes, pour s’engager dans la voie de l’Adaptation et de la Résilience Climatique.  

  • Anticiper : c’est prendre conscience de la réalité du dérèglement climatique et de la nécessité de tout mettre en œuvre pour assurer sa résilience,
  • Diagnostiquer : c’est disposer d’indicateurs de risque fiables pour bâtir une stratégie d’adaptation et de transformation,
  • Adopter : c’est partager la stratégie avec l’ensemble des collaborateurs et des partenaires,
  • Protéger : c’est s’engager dans la mise en œuvre,
  • Transformer :  c’est protéger les personnes et les biens face aux changements climatiques, et assurer la prospérité de l’entreprise.

Vous étiez expert pour le Grand Défi : cela a-t-il eu un impact sur Tardigrade AI ? 

C’est l’ADN de notre entreprise ! Nous nous sommes attachés à remplir chaque critère du cahier des charges idéal qui a émergé au travers des ateliers et des réunions Teams. Transparence, fiabilité, accessibilité, facile à utiliser… c’est ce qui nous a guidé. Nous avons construit notre solution à partir d’un besoin exprimé par des personnes engagées qui avaient à cœur d’agir, et de poursuivre le développement de leurs entreprises dans le respect de la planète et des gens, quand les autres solutions d’évaluation de risque climatique fournissent des scores à des gérants de portefeuilles… Tout est dit

Et vos futurs désirables ?

Nous n’avons qu’une planète et il n’y a pas de plan B ! ce que nous voulons préserver, c’est notre capacité à l’habiter et à y vivre. Œuvrons pour un avenir qui puisse concilier respect de la planète et développement économique sans oublier le bien être humain. L’ambition est énorme mais c’est la mission que nous nous sommes donnée en créant Tardigrade : aider à intégrer le changement climatique dès maintenant, lui donner un coût, un horizon sur lequel on peut mesurer les progrès, pour préserver l’outil de travail et le bien-être des collaborateurs, et pour inciter à se transformer durablement.

Quel est le point commun entre : le velcro, le TGV japonais, le scotch, le verre anti-reflets, l’Eastgate building à Harare au Zimbabwe, le Fastskin et l’aiguille de seringue Nanopass 33 ?

Toutes ces inventions humaines sont fondées sur le biomimétisme. Sans le savoir, nous vivons au quotidien avec des objets inspirés du vivant. Le biomimétisme est un terme qui revient souvent dans les actualités sans pour autant que nous sachions déterminer avec précision ce à quoi il fait référence.

Biomimétisme, c’est quoi ?

Le biomimétisme est défini comme une philosophie et des approches conceptuelles interdisciplinaires prenant pour modèle la nature afin de relever les défis du développement durable

Kalina Raskin, directrice générale du CEEBIOS (Centre national d’études et d’expertise dans le domaine du biomimétisme) définit le biomimétisme comme “l’approche scientifique qui inclut la notion de durabilité et garantit la prise en compte des enjeux de transition écologique”.
En effet, le biomimétisme repose sur le principe suivant : au cours de l’évolution, par des essais et des erreurs, les espèces vivantes ont progressivement acquis la capacité à s’adapter au mieux à leur environnement se traduisant par des performances techniques diverses. L’objectif du biomimétisme est d’atteindre ces performances et ces aboutissements dans les conditions propices à la durabilité telles que l’on les entrevoit dans le vivant, qui fonctionne grâce aux énergies renouvelables, à des matériaux entièrement recyclables, à une gestion extrêmement efficace de l’information, à des consommations énergétiques optimisées…

Le biomimétisme représente une opportunité inédite d’innovation responsable : s’inspirer du vivant et tirer parti des solutions et inventions qui y sont produites, éprouvées par 3.8 milliards d’années d’évolution.

Divers exemples de biomimétisme, inspirés de la nature, utilisés quotidiennement

Le biomimétisme est donc la démarche qui consiste à innover, en s’inspirant de la nature, en trouvant de nouvelles solutions optimisées pour rendre un domaine ou une activité économique, plus durable, moins coûteuse en énergie, utilisant moins de matières premières, générant moins de déchets et étant plus résilientes. En somme, le biomimétisme permet de faire converger un intérêt technique avec les contraintes et les opportunités environnementales.
Cette approche, qui connaît actuellement un écho face aux enjeux actuels, doit permettre de repenser nos modes de production, de conception et de consommation en répondant aux enjeux multiples du dérèglement climatique, aux objectifs du développement durable et à la lutte pour la préservation de la biodiversité.

Biomimétisme n’est pas synonyme de bio-inspiration

Il faut distinguer la bio-inspiration et le biomimétisme. La bio-inspiration est une approche créative basée sur l’observation des systèmes biologiques. C’est en somme, s’inspirer du vivant pour l’innovation, au sens très large du terme, tant pour les produits, que pour les procédés de fabrication voire pour l’organisation générale de la société et des structures. Cependant, la bioinspiration n’est ni nécessairement scientifique, ni durable. On la trouve par exemple dans l’art et s’illustre par l’imitation de formes inspirées du vivant pour des raisons artistiques et esthétiques.

L’Eastgate Building est un supermarché construit en 1996 à Harare au Zimbabwe, qui s’inspire directement du fonctionnement des termitières. Ce biomimétisme permet de maintenir une chaleur uniforme, une ventillation et climatisation peu coûteuse en énergie.

L’exemple emblématique du Shikansen

L’un des exemples emblématiques de biomimétisme est le Shikansen, autrement appelé le « train martin-pêcheur ». En effet, lors de la création du train à grande vitesse, inauguré au Japon en 1964 pour les Jeux Olympiques de Tokyo, celui-ci avait une vitesse de croisière de 320 km/h, ce qui en faisait le train le plus rapide du monde. Cependant, dès sa mise en service, le Shinkansen a rencontré des problèmes, l’un d’entre eux étant dû à la topographie du pays. Région montagneuse, le Shikansen était amené de manière régulière à emprunter des tunnels. Néanmoins, un bruit sourd se produisait à la sortie des trains des tunnels. Par des mouvements de compressions et de déplacements d’air vifs, dus à la grande vitesse du train, ceux-ci étaient obligés de ralentir pour franchir les tunnels et limiter ce bruit assourdissant pour les riverains.

A chaque problème, une solution inspirée de la nature.
Eiji Nakatsu, l’ingénieur et ornithologue, s’est inspiré du bec du martin-pêcheur qui plonge dans l’eau en provoquant un minimum de remous, pour la conception du Shikansen. En effet, Eiji Nakatsu a eu l’idée d’imiter la forme du bec du martin-pêcheur, afin que les trains puissent passer du milieu moins dense à l’extérieur du tunnel au milieu plus dense de l’intérieur du tunnel sans émettre de bruit. Comme pour le martin-pêcheur au bec pointu et fuselé lui permettant de plonger à la verticale dans l’eau pour attraper sa proie, le Shikansen s’est profilé, permettant de réduire la consommation d’énergie de 16% et d’augmenter sa vitesse d’à peu près 10%.

Célestin Schmid
Chargée d’étude biodiversité

Pour aller plus loin :

Découvrez le festival LIFE!

La nature est notre meilleur modèle de performance, d’excellence et de résilience, l’allié incontournable de notre avenir. À travers l’exposition “Nature championne et inspirante” proposée lors du Festival LIFE! créé par ENGAGE, le biomimétisme incite à protéger et à s’inspirer du vivant pour réinventer un monde durable, de prospérité partagée entre l’humanité et l’ensemble de la vie.

Nous vous donnons rendez-vous les 13, 14 et 15 Juin 2024 à l’Académie du Climat pour admirer l’exposition “Nature championne et inspirante” présentée par Biomim’expo lors du Festival LIFE!.

Connaissez-vous Biomim’expo ?

C’est Le grand rassemblement du biomimétisme et des innovations bio-inspirées en France dont la 8e édition se tiendra le 11 et 12 juin 2024 au Parc floral de Paris. Sachant que la nature est notre plus puissant partenaire et notre meilleur modèle d’avenir, Biomim’expo est le plus grand open lab du monde : 3,8 milliards d’années de Recherche & Développement pour inspirer de nouvelles idées et pistes d’innovations pour nos modes de production et d’organisation. Un événement pluridisciplinaire atypique, hors des silos pour penser hors des sentiers battus. Une rencontre entre ingénieurs, industriels, scientifiques, startups, enseignants, étudiants, associations.

Biomim’expo, en cohérence avec son sujet, propose un composite entre colloque, salon professionnel, showroom et agora. Pour proposer des conférences, tables rondes, débats, keynotes… mais aussi des démonstrations, des ateliers, des séances de pitchs-projets, des prototypes, des maquettes, des animations, des expériences sensorielles, une librairie éphémère et des dédicaces, des expositions apprenantes.

Pendant deux jours, venez découvrir les acteurs du biomimétisme, pour vous mettre en action et innover en entreprise grâce à la nature.

Pour en savoir plus :

– Suivre notre Atelier MISSION Biodiversité : https://lnkd.in/eJb2zJ35
– Suivre notre MOOC Biodiversité : https://lnkd.in/eTXq7iUE
– Participer à notre formation Action Biodiversité : https://lnkd.in/e93iX_WZ

Marie-Sarah Adenis, sera intervenante du festival Life! et y présentera son exposition Gloire aux microbes.
Artiste-designer, diplômée en création industrielle (ENSCI) et en biologie (ENS Ulm), elle est co-fondatrice et directrice artistique de l’entreprise PILI et enseigne dans des écoles d’art et de design.

Quelle est votre relation à la biodiversité et au vivant ?

Ma première relation est une appartenance évidente puisque je suis moi-même partie prenante de cette biodiversité. Mes études de biologie m’ont permis d’établir une connexion plus fine en prenant conscience de la richesse infinie de son histoire évolutive, des mécanismes qui sont à l’oeuvre en nous et partout autour de nous. C’est un premier prisme théorique mais vertigineux et passionnant.
J’ai aussi construis au fil du temps une relation plus directe et plus surréaliste avec les autres vivants, notamment avec les êtres microscopiques qui invitent à un rapport presque magique quand on comprend que le monde est fait de ce tissu invisible vivant qui rend la vie possible par le biais de ces micro-organsimes. J’ai toujours un petit microscope de poche sur moi qui me permet de voir ce qui m’entoure et qui m’échappe. Cela crée une attention au monde radicalement différente. De la même manière que je “vois” l’invisible, je “sens” les vivants à travers l’emprunte qu’ils laissent derrière eux. Je respire leur activité métabolique à chaque bouffée d’oxygène, je partage mes repas avec eux au moment de la digestion, et j’établis cette connexion intime de plein de manières qui rendent ma perception plus fine et plus riche. C’est comme ça que j’habite le monde et que je lui donne du sens.

Pouvez-vous partager une anecdote qui illustre ce rapport ‘intime’ ?

J’en ai beaucoup mais la plus récente est la rencontre que j’ai faite et documentée avec une mue de crabe sur l’île de Lanzarote. Je l’ai emmenée partout avec moi, dans les randonnées, sur les volcans où je retournais avec elle aux premiers matins du monde, mais aussi dans les bars et les restaurants où je la posais sur la table face à moi, ce qui ne manquait pas de créer du trouble, des rires, des regards intrigués, et je pense que ce trouble est une bonne chose. C’est le point de départ de tout renversement de notre rapport au monde. Il faut inventer d’autres manières de vivre cette immense fresque burlesque, fragile et foisonnante qu’est la vie.

Pour vous, qu’est-ce que la biodiversité représente ?

La biodiversité est un vertige. Elle représente le miracle de la vie qui se perpétue depuis 3,8 milliards d’années. C’est aussi ma famille. Chaque être est un cousin ou une cousine, plus ou moins éloignés. Ce sont autant de formes spectaculaires et divergentes que la vie a prises pour s’incarner et peupler le monde. Elles viennent toute à l’origine d’ancêtres unicellulaires qui ont été les premiers à expérimenter la vie et qui ont établi la grammaire et les règles auxquelles nous nous soumettons encore aujourd’hui, avec quelques fautes de frappes qui sont parfois retenues et qui enrichissent d’autant le vocabulaire de la vie qui se prononce avec des ailes, des griffes, des neurones, des branchies, des capteurs sensoriels extrêmements variés qui donnent à chaque être une expérience du monde singulière et une umwelt particulière.
Et puisqu’il est question de biodiversité ici, il faut qu’on prenne conscience que les microbes forment la clé de voûte des écosystèmes. Aucune vie ne serait possible sans eux non seulement parce que ce sont eux qui nous ont donné la vie à l’origine, mais aussi parce qu’ils sont aujourd’hui les gardiens du temple, ceux qui perpétue et régule la vie, ceux qui peuvent la faire basculer dans un sens ou dans un autre.

Vous présenterez notamment l’exposition ‘Gloire aux Microbes’ lors du festival. Quelle est l’ambition de cette exposition ?

Gloire aux microbes est un cri d’amour qui visait à contrecarrer l’animosité et la terreur que les microbes ont toujours inspirés aux humains, plus encore avec la dernière pandémie. Le projet renouvelle les mots et l’imagerie pour conter l’histoire vraie et fascinante des microbes. Le point de départ est un texte manifeste que j’ai écrit comme un “Appel microscopique du 18 juin” (2020). J’ai ensuite réuni douze artistes qui se sont emparés des faits scientifiques qui sont détaillés dans le texte, et qui les ont sublimé dans des dessins qui proposent de nouveaux imaginaires, radicalement différents de ceux qui se sont cristallisés en nous.
Enfin, les oeuvres ont été sérigraphiées avec une encre produite par les bactéries elles-mêmes, ce qui donne une raison de plus de s’émerveiller de leurs pouvoirs innombrables. C’est un projet exigeant qui ne se contente pas de faire de la vulgarisation mais qui cherche à travers le texte et l’image à proposer un contrepoint puissant à nos imaginaires collectifs. C’est surtout une occasion de s’émerveiller avec la possibilité de parler de vivant et de biodiversité dans une perspective enthousiasmante, qui redonne le sourire alors que tout ce qu’on peut constater par ailleurs est clairement décourageant. Enfin un sujet qui donne de l’espoir !

Enfin, quels sont vos futurs désirables en matière de biodiversité ?

J’aimerais qu’on dépasse nos peurs et qu’on se mette à voir dans l’invisible, à travers l’espace et à travers le temps, pour reconnaître nos liens et nos interdépendances avec les autres habitants de la planète, qu’on puisse enfin voir en eux la puissance de nos alliances passées, présentes et à venir. La preuve avec le projet Pili que j’ai co-fondé (qui porte d’ailleurs le projet Gloire aux microbes) et qui fait alliance avec les bactéries pour produire des colorants et pigments écologiques. Une solution née de la collaboration entre les humains et les bactéries (même s’il faut bien dire que les humains portent déjà en eux bien plus de bactéries que de cellules humaines !).

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Captures accidentelles de dauphins, un signal pour une pêche durable
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Le 20 février 2024 a sonné la réouverture de la pêche dans le Golfe de Gascogne. Dans cette zone allant du Finistère au Pays Basque, toutes les embarcations de plus de 8 mètres et certaines techniques de pêche ont été suspendues, pendant 1 mois, dans l’objectif de préserver les populations de dauphins des captures accidentelles et de leur permettre de se reproduire. Cette interdiction a, à la fois, agité le secteur économique et a reçu de vives critiques, mais questionne également sur l’état de nos océans et sur la durabilité de la filière face à l’effondrement de la biodiversité.  

Au fur et à mesure, l’océan se vide

La pêche est la première source de destruction des écosystèmes marins.

Entre 1950 et 1990 les stocks ont massivement diminué et la pression de pêche a augmenté si bien qu’à la fin des années 1990, 90% des populations de poissons évaluées dans l’Atlantique Nord-Est étaient surexploitées.

Face à cet effondrement de la biodiversité marine, la réaction de la filière a été de pêcher plus loin, plus profond et avec des méthodes de plus en plus performantes, mais qui, en parallèle, épuisent les écosystèmes.

Navires de pêche hauturière avec leurs filets à quai

Cependant, cette filière est dans une impasse. Les quantités de poissons pêchés diminuent du fait de la surexploitation des espèces et de la capture des juvéniles. L’océan a atteint les limites de ce qu’il peut nous offrir.

C’est dans ce contexte global, et après des tentatives infructueuses de caméras embarquées sur les navires et de moyens de dissuasion pour éviter la capture des dauphins, que l’interdiction a été décidée.

La flotte de pêche française est diverse, alliant pêche côtière, pêche hauturière et pêche industrielle. Cependant, une technique de pêche fait l’objet de tous les regards : le chalutage. Le chalutage pélagique, non-sélectif, est décrié pour les captures accidentelles de dauphins et le chalutage de fond pour la destruction des habitats marins qu’il engendre.

En effet, 84% des débarquements issus de ressources surexploitées proviennent des grands chaluts et sennes, plus de 1 juvéniles sur 2 péché est capturé par un grand chalut ou une grande senne et 90% de l’abrasion des fonds est causé par les grands chaluts et sennes de fond.

Quels bienfaits, de cette interdiction, pour la biodiversité ?

Même si l’interdiction ne dure qu’un mois, c’est un premier pas qui a été fait en direction de la biodiversité marine. Cette interdiction, qui se renouvellera à la même période en 2025 et 2026, permet de mettre en lumière une menace concrète sur les cétacés du golfe tels que le dauphin commun ou le marsouin, menacés de disparaître, mais plus largement sur l’état des océans.

Il faut rappeler que cette mesure fait suite à une hausse des captures et échouages de dauphins sur les côtes françaises. Selon l’observatoire français Pelagis, 90% des dauphins retrouvés morts sur les côtes françaises ont été victimes des filets de pêche pendant l’hiver 2022-2023.

Filets de pêche qui conduisent à la capture accidentelle des dauphins

Par conséquent, cette mesure mise en place en 2024 doit, à court terme, permettre aux dauphins de se reproduire, aux juvéniles de grandir et octroie à tout l’écosystème un moment de répit.

Sur le temps long, nous sommes tous dépendants des océans et de la biodiversité qu’ils préservent. Il existe des  contributions matérielles (matières premières, ressources médicinales, d’élevage…), des contributions non–matérielles (sources d’inspiration et d’apprentissage dans l’art, la littérature, la musique, la cuisine, le tourisme…), et des contributions régulatrices (oxygénation de l’atmosphère, régulation du climat et du cycle de l’eau…) de l’océan et de ses ressources.

La pêche durable et l’adaptation de la filière

Au vu des enjeux actuels, il est nécessaire de transformer la filière pour tendre vers une pêche durable. L’un des premiers axes de transformation est le “déchalutage” du secteur économique. Cette méthode, employée largement par la pêche industrielle, ne permet pas, à long terme, de penser une gestion durable des ressources.

En parallèle, un investissement dans le secteur de la pêche côtière doit d’être encouragé. Comme le montre l’étude menée par l’association BLOOM, la pêche côtière combine les points positifs : faible impact sur les fonds marins et les émissions de gaz à effet de serre, absence de dépendance aux subventions publiques, création d’emplois et de valeur.

La transition du secteur doit permettre de conserver son segment le plus vertueux et durable : la petite pêche côtière, soit plus de 70% des navires, dont le déclin est aujourd’hui tel qu’on peut parler d’une menace de disparition !

Navire de la flotte côtière.

Même si la pêche côtière est la solution actuelle la plus viable, durable et vertueuse, celle-ci doit également évoluer et progresser sur le sujet des captures accidentelles de dauphins ou d’oiseaux.

Transiter vers une pêche durable, c’est ce que l’on peut appeler la « pêchécologie ». Cette pêche minimise les impacts sur le climat et le vivant tout en contribuant à la souveraineté alimentaire européenne, en maximisant les emplois et en offrant des perspectives socio-économiques et humaines dignes.

La restriction de pêche dans le Golfe de Gascogne est gagnante-gagnante, pour les pêcheurs, les dauphins, le climat, et illustre le principe de co-bénéfices. Préserver les dauphins aujourd’hui doit permettre aux pêcheurs de pratiquer leur activité demain et contribue à la régulation du climat.

 

Pour en savoir plus :

Pour aller plus loin :

– Suivre notre atelier Mission Biodiversité : https://lnkd.in/eJb2zJ35
– Suivre notre Mooc Biodiversité : https://lnkd.in/eTXq7iUE
– Participer à notre formation Action Biodiversité : https://lnkd.in/e93iX_WZ

Exploiter les fonds marins : une menace durable pour la biodiversité
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Les mobilisations récentes qui ont eu lieu en Norvège et sur la scène internationale ont permis de faire émerger, à nouveau, les dangers liés à l’exploitation des fonds marins. Mardi 9 janvier 2024, les députés norvégiens ont donné leur feu vert à la prospection minière en grande profondeur – entre 200 mètres et 11 kilomètres – d’une zone située au cœur du plateau continental norvégien entre la mer de Barents à l’archipel du Svalbard. L’exploitation à des fins commerciales de ces ressources a cependant été repoussée dans l’immédiat. Cette décision pose question sur les conséquences de ces nouvelles perturbations sur les écosystèmes à court et long terme, à l’échelle locale et globale.

Mais pourquoi vouloir exploiter ces fonds marins ?

Cuivre, cobalt, manganèse, nickel, zinc, thallium, fer, argent, or … autant de ressources rares sur lesquelles lorgnent les industriels. Les gisements de minéraux se situent sur les monts sous-marins, les cheminées hydrothermales et les plaines abyssales. Celles-ci sont de vastes étendues situées en profondeur, recouverts de sédiments et de dépôts minéraux, également appelés nodules polymétalliques, principales cibles de la potentielle exploitation à venir.

Comment récupérer ces ressources ?

Selon The Ocean Foundation la méthode serait d’envoyer des machines excavatrices, tels des tracteurs des mers qui aspirent les quatre premiers centimètres du fond marin, envoyant les sédiments, les roches, les animaux écrasés et les nodules jusqu’à un navire à la surface.

Machines excavatrices d’exploitation potentielle de nodules de manganèse. – Wikimedia Commons/CC BY 4.0 Deed/ROV-Team/Geomar

À l’heure de la transition énergétique, la construction des voitures électriques, panneaux solaires, éoliennes requièrent une grande quantité de minerais et de métaux rares. Cette hausse de la demande, « multiplié[e] par 3,5 d’ici à 2030 » selon l’Agence internationale de l’énergie, conduit à une recherche toujours plus forte de nouveaux sites d’exploitation. Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone et sachant que les réserves planétaires en minerais commencent déjà à montrer leurs limites, les fonds marins semblent être une aubaine pour les industriels. Cependant, cela pose question quant aux écosystèmes florissants et interconnectés dans cet océan profond qui abritent une diversité stupéfiante de biodiversité.

Les leçons du passé :

Deux études ont été menées permettant de mettre en évidence les impacts de cette potentielle nouvelle méthode industrielle sur la biodiversité.
→ En 1989, dans les eaux territoriales du Pérou, une simulation d’exploitation minière des fonds marins a été réalisée. En 2019, une équipe de chercheurs a conclu dans une étude publiée dans Scientific Reports, que l’écosystème du bassin sédimentaire était encore en mauvaise santé et moins diversifié.
En juillet 2020, le Japon a mené une excavation « test » d’une durée de 1 h 49, sur une surface mesurant de 130 mètres de long, qui a eu des effets pendant plusieurs mois sur cet écosystème.

Plus d’un an après l’excavation, la densité des animaux marins mobiles – poissons, crevettes, crabes, cténaires, etc. – était inférieure de 43 % à la normale dans les zones directement affectées par le déplacement de sédiments généré par les machines. Sur les zones adjacentes la densité des animaux marins mobiles a chuté de 53 %.

Des nodules polymétalliques sur une plaine abyssale. – Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Abramax

Quelles conséquences sur la biodiversité :

Envisagée à l’échelle industrielle en Norvège, l’exploitation des fonds marins, pourrait avoir de pérennes conséquences à la fois sur les organismes benthiques tels que les crabes yétis, vers tubicoles géants, coraux noirs, mais également sur les organismes pélagiques tels que le zooplancton, baleines, calmar géant, poisson-lanterne.

En effet, les scientifiques alertent sur :
→ Le stress physiologique et un épuisement métabolique infligés par les nuisances sonores, lumineuses et chimiques aux espèces entraînant des détresses respiratoires et auditives, un endommagement des branchies, une modification des comportements, des difficultés de flottabilité et de communication par bioluminescence.

L’altération ou la destruction des habitats naturels induit une perte irréversible de la biodiversité marine. Les migrations forcées des populations, la fragmentation des habitats peuvent être fatales au bon fonctionnement des écosystèmes. Les scientifiques alertent également sur une potentielle hausse du taux de mortalité, une réduction de la reproduction et une modification de la chaîne alimentaire.

→ L’excavation des fonds marins induit des pollutions des eaux par des panaches de sédiments et de particules mis en suspension dans les colonnes d’eau ou des rejets toxiques provenant des navires, modifiant la composition chimique de l’eau et ayant un impact sur les communautés microbiennes et animales.

 

D’autres répercussions ?

L’exploitation des fonds marins aurait également des conséquences sur le climat planétaire en menaçant le bon fonctionnement des puits de carbone de l’océan. En effet, la redistribution des sédiments dans la colonne d’eau entraverait le rôle des sédiments dans le stockage du carbone.

Enfin, de nombreuses conséquences économiques, sociales et diplomatiques sont à prévoir. Des contaminations de l’alimentation issues de la mer et des pêcheries internationales, une déstabilisation de la chaîne alimentaire, l’impossibilité de faire de nouvelles découvertes scientifiques fondées sur le biomimétisme, l’ouverture à l’exploitation industrielle en Norvège qui sert d’exemple à l’échelle mondiale, sont autant de conséquences à prendre en compte.

 

La recherche toujours plus intense de ces minerais, pour permettre une “transition verte”, ne doit pas être synonyme de destruction de la biodiversité marine. Les fonds marins sont un patrimoine mondial à préserver car :

“Si on commence à altérer une zone, on a la quasi-certitude que l’ensemble de l’océan va finalement être altéré. Le problème, c’est qu’on ne sait pas en combien de temps et dans quelles conséquences”, estime Pierre-Antoine Dessandier, biologiste marin à l’Ifremer.

C’est pour protéger ces écosystèmes rares et inexplorés que de nombreuses mobilisations citoyennes et gouvernementales demandent un moratoire sur l’exploitation des fonds marins pour tenter d’éviter une catastrophe environnementale, économique et sociale annoncée par les scientifiques.

Une note d’espoir : des entreprises se sont déjà engagées à ne pas utiliser de minerais provenant des grands fonds marins, si leur exploitation n’est pas réglementée. Ainsi pas de demande, pas d’extraction : c’est la loi du marché !

 

Pour en savoir plus :

Pour aller plus loin :

– Suivre notre atelier Mission Biodiversité : https://lnkd.in/eJb2zJ35
– Suivre notre Mooc Biodiversité : https://lnkd.in/eTXq7iUE
– Participer à notre formation Action Biodiversité : https://lnkd.in/e93iX_WZ

Hortense Dewulf vient de rejoindre ENGAGE pour déployer l’atelier MISSION biodiversité.

Qui es-tu, Hortense ?

Vaste question… Il me faudrait la journée pour y répondre ! Plus sérieusement, je viens de rejoindre ENGAGE après une expérience dans le conseil en innovation et un voyage au coeur de l’Amazonie.

Pourquoi alors ENGAGE et cette MISSION Biodiversité ?

Je ne vais pas te surprendre. Je souhaitais faire coïncider à 100% mes convictions personnelles et mes responsabilité professionnelles. M’engager chez ENGAGE… ça allait de soi !

En quoi consiste ton travail ?

ll a de multiples dimensions. Un aspect de conception d’abord, en travaillant à la refonte de l’atelier avec Quentin Thomas, notre responsable biodiversité. Un aspect d’adaptation ensuite, pour accorder le troisième temps de mise en action aux enjeux des entreprises avec qui nous le déployons (en fonction de l’organisation, de son niveau d’engagement ou d’avancée sur ces sujets). Enfin, un aspect de déploiement pour trouver des nouveaux partenaires, des entreprises ou des universités dans lesquels le déployer. D’ailleurs, si vous souhaitez le tester ou le déployer, n’hésitez pas à me contacter, je serai ravie de vous aider 😉

Et toi, dans quel type d’organisations préfères-tu le déployer ?

Difficile de répondre. J’aime beaucoup le déployer dans les universités (nous l’avons fait avec l’Université de Sfax, en Tunisie, récemment) car je crois que les étudiants qui ont bien compris les enjeux, sont à la recherche de moyens pour être acteurs du changement.

Dans les entreprises la dynamique est différente car les collaborateurs ou dirigeants sont à mes yeux moins au courant de la crise de la biodiversité, qui est encore le parent pauvre, par rapport au climat. Nous avons du chemin à faire et c’est évidemment motivant.

Alors, justement, que propose l’atelier pour se mettre en action ?

Il est organisé en trois temps, avec une approche progressive pour permettre à chacun de s’emparer des enjeux. Le premier temps pour comprendre, le second pour s’entraîner et puis le dernier pour se lancer dans sa propre entreprise ou dans n’importe quelle organisation d’ailleurs. Il relie donc la compréhension théorique de ce qu’est la biodiversité et l’appréhension pratique de ses liens avec les activités économiques. Il est aussi très interactif et fait appel à l’intelligence collective. C’est une approche fondamentale dans cet atelier mais aussi plus génériquement car je pense que ce n’est que collectivement que nous trouverons des solutions.

Tu gardes donc espoir ?

Et comment ! Je ne veux pas vous dire que tout est foutu à 26 ans. La situation est grave oui, mais pas désespérée. Nous pouvons travailler à la défense, à la restauration, voire à la régénération de la biodiversité. Nous le devons même ! C’est maintenant qu’il faut s’engager. Regardez l’exemple du couple Salgado dont nous parlons dans cette ActionLetter, ils l’ont fait et le résultat est là. Je crois aussi que nous vivons un Momentum. Les planètes de l’engagement, notamment du monde économique, commencent à s’aligner. Les entreprises n’ont plus le choix car les risques liés à l’inaction commencent à être trop évidents. Et puis la biodiversité, c’est aussi une opportunité d’aller chercher l’engagement par le sensible. Qui, autour de vous, ne voudrait plus d’oiseaux, de poissons, de fruits juteux et de paysages variés ? Je suis certaine que nous pouvons jouer là-dessus. Attention, ce n’est pas de la manipulation hein ;), juste la meilleure stratégie à adopter. Bref, plus de tergiversations… de l’action !

Et tes futurs désirables, Hortense, à quoi ressemblent-ils ?

Je rêve d’un futur où il ira de soi d’investir dans le Vivant à la hauteur des services qu’il nous rend. Comme l’explique Emmanuel Delannoy, il s’agit “juste” d’une démarche de bon gestionnaire de réinvestir dans le capital (naturel) les bénéfices que l’on tire de la productivité du vivant.

Noémie Aubron est fondatrice du studio Prospective Créative et de la newsletter hebdomadaire La Mutante . Elle revient dans cette interview sur la force des mots et des récits pour transformer le réel.

Qui es-tu et qu’est ce que la “Prospective Créative” ?

Je suis Noémie Aubron et ma mission consiste à “ouvrir des futurs possibles”.
J’ai longtemps travaillé sur des projets d’innovation pour de grands groupes sur des problématiques de renouvellement de modèles économiques mais je me sentais toujours frustrée car je ne réussissais pas à faire entrer la dimension du changement dans le paradigme et les modèles d’innovation. 

C’est pour cela que j’ai commencé à creuser la question du “comment” parler de changements en sachant que j’avais déjà tenté de le faire sans succès via des méthodes plus rationnelles et corporate. J’ai commencé à  intégrer la notion de fiction en l’associant à la prospective.

Cela fait maintenant 5 ans que j’écris des récits qui sont l’incarnation de ce qui pourrait se passer. J’appelle cela de “l’analyse prospective”. J’essaie d’abord de détecter le changement, de le comprendre.

 

Comment racontes-tu le changement justement ?

Le plus important c’est de trouver le bon angle, une manière nouvelle de raconter ce changement.

Dans ma Newsletter je vais plutôt raconter le changement que j’observe personnellement, de façons très subjective, je partage mon regard sur le monde. 

Mais je travaille aussi auprès des entreprises pour les aider à comprendre et décrypter les tendances nouvelles. Nous sommes à la recherche des “angles morts” ou de ce que l’on appelle les “éléphants noirs” dans notre jargon : des tendances que l’on ne veut pas voir mais qui sont bien présentes et dont les entreprises ont tout intérêt à se saisir pour les intégrer dans leur modèle. 

 

Y a-t-il une réelle volonté de la part des entreprises de transformer le réel pour des futurs plus désirables?

Je dirais que la fiction prend surtout une dimension “de conte d’avertissement”, de lanceur d’alerte qui fait prendre conscience aux entreprises d’un futur non souhaitable, dystopique, pour elles et pour le monde afin de les inciter à travailler sur des transformations plus désirables. 

Pour cela j’aide les entreprise à définir leur intention, je les aide à se projeter pour définir leur mission, les nouveaux métiers qui en découlent et surtout à définir ce vers quoi elles ont envie de se projeter. C’est ce chemin de transformation que j’essaie d’installer grâce à la fiction qui devient un réel outil de transformation.

 

Dans quelles domaines observes-tu le plus de potentialité ou de nécessité de changement ?

Il y en a beaucoup bien évidemment ! Ce sont surtout nos modes de vie car ils vont nécessairement impacter l’activité des entreprises. 

Il y a par exemple notre rapport au confort. Le confort tel qu’il a été conceptualisé ces 50 dernières années devient inopérant aujourd’hui. Se pose la question de savoir ce qu’est un environnement confortable. Il ne s’agit plus, à mes yeux, de le définir comme un confort matériel. 

L’apparition des low tech est aussi un marqueur important à l’heure de notre interrogation sur l’utilisation de nos ressources naturelles.

Dans un monde en accélération constante, je parlerais aussi de notre rapport au temps, de notre gestion des espaces. Pour parler de façon triviale, le confort s’incarne-t-il dans notre désir de posséder la dernière machine à café la plus perfectionnée ou dans le temps dont nous disposons pour cultiver nous-même, notre jardin ?

Il semble que s’ouvre un nouveau chapitre dans nos manières de consommer, d’envisager notre rapport au monde.

 

Et justement, quels seraient tes futurs désirables ?

Habitant à La Rochelle, j’ai une sensibilité toute particulière sur les sujets lié à la mer, à sa protection et plus généralement à notre rapport au vivant. 

Dans cette même veine, je pense aussi à l’urgence de redéfinir notre rapport à l’alimentation. Cela touche les aliments eux-mêmes, leur qualité mais aussi leurs modes de production, de distribution avec des conséquences en matière de santé publique, d’aménagement du territoire.

Pourquoi la thématique de la biodiversité est si importante pour ENGAGE ?

Pour plusieurs raisons, qui font système. D’abord parce que nous sommes particulièrement sensibles à ce sujet chez ENGAGE, à titre individuel. Parce que la biodiversité est encore le parent pauvre de l’engagement en matière environnementale. Parce que les entreprises et le milieu économique en général sont très en retard sur cet enjeu, faute de sensibilisation, de connaissances, d’indicateurs pertinents, etc.

Parce qu’enfin, bien sûr, et malheureusement, la biodiversité se meurt et que nous regardons tous ailleurs. L’effondrement est patent, s’accélère, ce qui me rend immensément triste. C’est de cela dont a parlé Olivier Dubois d’ailleurs lors de la dernière Conférence-Action du Défi Biodiversité. La solastalgie, le fait de vivre la disparition du vivant.

Pour finir sur une note positive, la biodiversité aussi parce que nous pouvons agir sur le vivant et contribuer à sa restauration, ici, sur nos territoires.

 

Comment d’ailleurs définirais-tu la biodiversité ?

La biodiversité peut se définir comme les interrelations entre les espèces en mouvement dans des écosystèmes en constante évolution. La biodiversité ou le vivant peut se caractériser par sa dynamique. Je me souviens des interventions de Pierre-Henri Gouyon, grand biologiste français, qui aimait filer la métaphore du cycliste qui, s’il n’avance plus, tombe.

 

Elle est donc tellement en danger ?

Écoute, trois chiffres suffisent à caractériser son déclin. Les grands mammifères ont décliné de 70% en 50 ans au niveau mondial, les oiseaux de 30% et les insectes de 75% en 25 ans au niveau européen. Donc oui, elle est grandement en danger, les causes de cet effondrement sont connues, il s’agit de passer réellement à l’action désormais.

 

Comment faire justement ? A un niveau individuel ou collectif ?

A un niveau individuel, chaque citoyen peut agir bien sûr, utiliser moins de plastique par exemple, s’engager dans des associations de sciences participatives, etc. Mais pour être honnête, je pense que c’est au niveau collectif, économique ou collectif que nous aurons un impact massif et à la mesure des enjeux. Je veux surtout éviter de sur-responsabiliser le citoyen.

Pour briser le fameux cercle de l’inaction, l’engagement du citoyen est important, certes, mais la réforme du système est fondamentale.

Pour faire simple, il s’agit, je crois, de courage ou d’audace. Courage politique d’imposer des réformes, comme la ZAN (zéro artificialisation nette). Audace du milieu économique et des dirigeants de mettre en œuvre des changements qui ne soient pas homéopathiques ou périphériques à l’activité mais qui osent interroger la pertinence des modèles d’affaires.

Je crois en la possibilité de faire émerger un nouveau modèle d’entreprises ou de modèles d’affaires moins destructeur du vivant, qui contribue à sa restauration.

 

Justement, tu parles souvent d’entreprise restaurative ou d’économie restauratrice, qu’entends-tu par là ?

Je crois en la possibilité de faire émerger un nouveau modèle d’entreprises ou de modèles d’affaires qui ne soit plus ou en tout cas moins destructeur du vivant, qui contribue à sa restauration. Attention, je ne dis pas qu’une activité économique peut avoir intrinsèquement une contribution positive sur le vivant. C’est en cela que je trouve le concept ‘d’entreprise régénérative’ dangereux d’ailleurs, sur-prometteur.

L’entreprise restauratrice a pour ambition de se mettre au service du vivant et d’entretenir un rapport moins destructeur avec lui.

Pour dire les choses concrètement, chaque entreprise peut tout d’abord essayer de minimiser son impact, et ce à toutes les étapes de sa chaîne de valeur, elle peut ensuite reconsidérer son modèle d’affaire, en passant par exemple à l’économie de la fonctionnalité, elle peut enfin renoncer à certaines activités ou rediriger certaines activités, pour parler un langage mieux accepté par le monde économique – réduire, repenser, rediriger.

 

As-tu des exemples ?

Oui bien sûr. Prenons un exemple connu de réduction de son impact avec Interface, fabricant de moquettes qui agit à plusieurs niveaux : le réemploi et le recyclage de la matière et de celle de ses concurrents aussi, d’ailleurs ; La transformation des déchets en ressources ; le biomimétisme pour utiliser moins de colle en s’inspirant du gecko ou encore le design pour éviter d’utiliser des rouleaux et faciliter le remplacement de petits éléments.

Prenons l’exemple de Michelin qui commercialise ‘le pneu comme un service’ et vend non plus des pneus mais des kilomètres, ce qui permet d’économiser beaucoup de matières. Prenons enfin peut-être enfin l’exemple des stations de moyenne altitude qui abandonnent le ski pour réduire leur impact (utilisation d’eau, artificialisation de la montagne, etc.) et cherchent des activités alternatives.

En matière de biodiversité, il y aussi ce que nous pourrions appeler notre déconnexion. Pourquoi s’évertuer à sauver, à protéger quelque chose que l’on ne connaît pas.

 

En fait, j’ai l’impression, en t’écoutant, que les solutions sont connues. Qu’est-ce qui empêche les grands changements d’avoir lieu ?

Tu as raison, nous avons désormais de plus en plus de solutions et les problématiques sont connues, étudiées, documentées. Pourtant, les avancées sont encore grandement insuffisantes.

Ce qui nous retarde, de façon générique, c’est la peur du changement bien sûr et l’intérêt aussi, de certains, à ne pas agir. En matière de biodiversité, il y aussi ce que nous pourrions appeler notre déconnexion. Pourquoi s’évertuer à sauver, à protéger quelque chose que l’on ne connaît pas. Je vais essayer d’exprimer concrètement ce que veux te dire par une expérience que j’ai vécue.

Je me souviens d’un séminaire d’une semaine que j’avais animé dans le sud à côté d’Albi, dans la campagne, pour une vingtaine de jeunes entrepreneurs des banlieues. On m’avait demandé de les inciter à rendre leur modèle d’affaires plus compatible avec les enjeux environnementaux et sociaux.

Au bout de trois jours, un peu fatigué, j’allais me promener dans les bois, à côté, et je revenais les bras chargés de coulemelles, un magnifique et délicieux champignon au goût de noisette.

Figure-toi qu’au bout de quelques minutes, j’ai découvert que cent pour cent d’entre eux ne connaissaient pas ces champignons, ce qui est tout à fait concevable, voire normal, mais que, beaucoup plus inquiétant, au moins trente pour cent d’entre eux n’avaient jamais vu de champignon. Il ne savait pas ce qu’était un champignon.

Quel naïf j’étais. Comment les intéresser aux enjeux environnementaux alors qu’ils étaient totalement déconnectés du vivant. Ce n’est surtout pas un jugement de ma part, à leur égard, bien au contraire. C’est plus un constat de ce qu’il faut corriger. Comment engager une société totalement en perte de relation sensible avec le vivant sur ces sujets.

Dans la même veine, je crois qu’un enfant américain peut reconnaître 500 marques mais est incapable de nommer dix espèces du vivant de sa région.

 

C’est pour cela qu’ENGAGE a lancé le Défi Biodiversité, non ?

Oui absolument. Nous voulons progressivement faire émerger un ou plusieurs projets qui permettent de retisser notre lien individuel et collectif au vivant. Nous avons en quelque sorte oublié qu’il y avait de la terre sous le bitume. Nous dévoilerons ces projets à l’Académie du climat en décembre. En attendant, tous les mois, nous nous enrichissons avec des spécialistes, des acteurs de la biodiversité et nous réfléchissons avec les membres de la communauté aux projets que nous porterons.

 

Allez, pour finir, quels sont tes futurs désirables ?

Hum, il y en a tellement. Ce que je voudrais, c’est que mes enfants, si j’en ai un jour, ou en tout cas les futures générations, ne vivent pas dans un monde sans libellules ou sans mésanges. Je voudrais un monde qui ne soit pas sous l’emprise ou le diktat de l’économique, mais dans lequel l’économie reprenne sa juste place au service de l’humain et de la planète. Je voudrais un monde dans lequel énoncer ces phrases nous fasse passer pour un hurluberlu. Un monde réconcilié.

Pour aller plus loin :
– Pour reconnaître une coulemelle
– Mieux comprendre l’entreprise restauratrice

Les populations de truites, et en particulier de truites fario, pour les connaisseurs, s’effondrent, décimées par l’élévation de la température des rivières, la pollution des eaux, le remembrement et l’appauvrissement des écosystèmes, les espèces envahissantes et en particulier les écrevisses américaines.
Ce constat alarmant et tellement triste pour les amoureux de ce poisson emblématique de nos rivières illustre l’effondrement plus général de la biodiversité et les cinq causes qui le provoquent : le changement d’usage des terres et des mers, la surexploitation de certains organismes, le dérèglement climatique, la pollution des eaux, des sols et de l’air, la propagation des espèces envahissantes.

La situation est critique et nous le savons presque tous désormais, tant les articles et les prises de paroles se succèdent, enfin, dans les médias, les conférences.

Alors, doit-on baisser les bras ? La situation est-elle irrécupérable ?

Non, car les écosystèmes terrestres ou marins peuvent se régénérer, comme le démontre la création d’une réserve de biodiversité par le photographe Sebastião Salgado et sa femme au Brésil. En seulement 20 ans, 700 hectares régénérés avec plus de 300 espèces de végétaux, 150 espèces animales, 30 espèces de batraciens…sur la terre héritée de son grand-père, devenue aride à cause de l’agriculture bovine intensive.

La réserve du Minas Gerais au Brésil

Nous le savons aussi, l’économie et les entreprises sont à l’origine d’une très grande partie de cet effondrement. Et elles ont aussi les leviers, par construction, pour atténuer leur impact et contribuer à la restauration des écosystèmes. L’heure n’est plus de nous interroger sur le pourquoi mais à nous mettre en action pour travailler sur le comment. Comment réduire cet impact ? Comment contribuer à la restauration des écosystèmes ?

Que faire donc et comment agir efficacement à la hauteur de l’enjeu, telle est la seule question qui prévaut désormais.

Il s’agit de comprendre les racines du problème puis de transformer l’économie et les entreprises pour en faire des alliés du vivant, des entreprises restauratrices.
Comprendre, cela veut dire d’abord se former pour saisir les enjeux. Cela veut dire ensuite analyser ses dépendances et ses impacts.

Transformer, cela signifie réduire ses interrelations avec le vivant, comme premier pas ; cela signifie ensuite repenser son modèle d’affaires en privilégiant, par exemple, une économie d’usage ; cela signifie enfin, et il s’agit sans nul doute de l’étape la plus complexe, rediriger ou renoncer à certaines activités trop néfastes.
Bref, replacer l’entreprise au service du vivant, cela veut dire réinventer l’entreprise, pour son bien et celui de la planète. Oui, pour son bien, car ces transformations sont les conditions de sa résilience. Face aux risques, nouveaux et de plus en plus intenses qui l’entourent, opérationnels, de marché, financiers, réglementaires, réputationnels, une entreprise qui ne se transforme pas se condamne, à court ou moyen termes, selon les secteurs.

L’entreprise et l’économie sont donc à un moment pivot de leur histoires

C’est bien d’un changement radical dont nous parlons. L’entreprise doit opérer sa mue et abandonner certaines croyances, certaines certitudes, certains réflexes pour devenir restauratrice.

Elle doit se muer en organisation apprenante tout d’abord pour faire entrer, en son sein, de nouvelles connaissances, de nouveaux savoirs fondamentaux, dont elle était auparavant éloignée, les sciences du vivant par exemple.
Elle doit se muer en organisation participative voire, osons le mot, démocratique, pour que tous ses collaborateurs et décideurs, à tous niveaux hiérarchiques, participent à sa refonte, car les solutions sont au croisement des enjeux opérationnels et stratégiques, des activités et des métiers.
Elle doit se muer enfin, en organisation ouverte, car c’est avec l’ensemble de ses parties prenantes, en relation constante avec son écosystème de partenaires, fournisseurs, acteurs publics, citoyens, associations, qu’elle pourra définir des actions pertinentes, en relation avec son territoire.

Cette trajectoire de réinvention est sans aucun doute une aventure passionnante pour l’entreprise, à même d’entraîner l’adhésion de ses collaborateurs, de replacer ses actions au cœur de la société et d’en faire un lieu de confiance et d’engagement lorsque d’autres acteurs de la société ou corps intermédiaires se disloquent.

Pour en savoir plus :

Géo – La réserve de Sebastiã Salgado au Brésil
Salamandre – Pourquoi les truites disparaissent-elles ?

Pour aller plus loin :

– Suivre notre atelier Mission Biodiversité : https://lnkd.in/eJb2zJ35
– Suivre notre Mooc Biodiversité : https://lnkd.in/eTXq7iUE
– Participer à notre formation Action Biodiversité : https://lnkd.in/e93iX_WZ
– Engager votre entreprise dans un Défi Transition : https://lnkd.in/e3Q9eek9

Taxonomie, CSRD, Accords de Kunming… Ces dernières semaines, l’évolution de la réglementation Européenne sur les enjeux environnementaux, et plus spécifiquement de biodiversité a fait couler beaucoup d’encre. Quand certains qualifient ces avancées de réelle révolution, d’autres les jugent trop peu ambitieuses. Mais finalement, quels sont les grands axes de cette nouvelle législation ? Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles nouvelles obligations en découlent ? Le point.

L’accord historique de la COP15

Le 19 décembre 2022, 196 pays adoptaient un nouvel accord historique dans le cadre de la COP15 Biodiversité à Kunming.

Son objectif ? Fournir une trajectoire d’action internationale à la hauteur de l’urgence pour faire oublier l’échec des accords d’Aichi. Le résultat ? Un cadre mondial pour la biodiversité, qui comprend 4 objectifs de long-terme (2050) et 23 cibles pour l’action (2030).

Parmi elles, la cible 15 a retenu l’attention des acteurs économiques. Cette dernière implique les états à prendre des mesures juridiques, administratives ou politiques pour inciter les entreprises, et plus particulièrement les multinationales et les institutions financières, à :
– Contrôler, évaluer et divulguer régulièrement et de manière transparente leurs risques, dépendances et impacts sur la biodiversité.
– Fournir les informations nécessaires aux consommateurs pour promouvoir des modes de consommation durables.

Bien qu’il s’agisse ici d’incitation et non d’obligation, cette mesure fait date. C’est la première fois qu’un accord international vise directement les acteurs financiers et économiques. D’autres cibles concernent indirectement les entreprises, notamment la 16 qui vise à réduire l’empreinte mondiale de la consommation. Si ces avancées représentent un enjeu de taille pour les entreprises, elles répondent aussi à une vraie attente des sphères économiques et financières. En amont de la COP15 et à travers la campagne #MakeItMandatory, plus de 400 entreprises avaient sollicité les négociateurs pour rendre des exigences de reporting obligatoires.

La CSRD : le pari ambitieux de l’UE

C’est là qu’entre en jeu la fameuse directive sur le reporting environnemental, social et de gouvernance des entreprises, plus connue sous le nom de “CSRD”, pour “Corporate Sustainability Reporting Directive”. Adoptée en décembre 2022, avec pour objectif de normaliser l’information extra-financière, cette directive introduit pour la première fois une obligation de reporting et de vérification d’informations normées en matière de durabilité pour plus de 50 000 entreprises européennes. Ce reporting devra de surcroît s’inscrire dans le principe novateur de ” double matérialité ” : une entreprise devra aussi bien identifier les risques et opportunités que la société et l’environnement ont sur elle, que les impacts (négatifs et positifs) qu’elle peut avoir sur eux. La CSRD vient compléter les avancées de la Taxonomie verte, du Green Deal et de la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), et il est désormais admis que l’entreprise doit répondre à des intérêts que l’on peut qualifier de généraux et non simplement privés.

Contrairement à ce qui était prescrit par l’EFRAG, l’organe européen spécialiste de l’information financière, la Commission Européenne a considérablement revu à la baisse l’ambition initiale de la CSRD dans ce projet.

Entre espoirs et désillusions

Pour être opérationnelle, la CSRD s’appuie sur une série de normes et d’indicateurs (ESRS) qui visent à standardiser les déclarations non financières. Leur contenu et les modalités de leur application ont été dévoilés dans un projet d’acte délégué publié en juin par la Commission Européenne.

Contrairement à ce qui était prescrit par l’EFRAG, l’organe européen spécialiste de l’information financière, la Commission Européenne a considérablement revu à la baisse l’ambition initiale de la CSRD dans ce projet. Le principal recul est le renoncement à rendre obligatoire la divulgation d’indicateurs clés, qui est maintenant conditionnée à une analyse de matérialité. En d’autres termes, il appartiendrait aux entreprises, avec leurs consultants et leurs conseillers, de déterminer ce qui est important ou non de divulguer.

De ce fait, un consortium d’une centaine d’investisseurs et d’acteurs financiers déplore ce manque d’ambition dans un communiqué publié début juillet. Il appelle notamment la Commission à reconsidérer la nature totalement facultative des plans de transition pour la biodiversité, afin de fournir aux investisseurs des informations sur la manière dont les entreprises alignent leur stratégie aux cadres internationaux émergents.

Une fois le sort de la CSRD fixé, les instances européennes devront s’accorder sur un chantier tout aussi conséquent : celui du devoir de vigilance. Après avoir normé et régulé le déclaratif, l’Union européenne devra faire de même avec la mise en œuvre des plans d’action des entreprises. C’est là toute l’ambition du projet de directive sur le devoir de vigilance (CSDDD ou CS3D), adopté en juin 2023 par le Parlement européen. Cette directive vise à encadrer les obligations de responsabilité des entreprises sur le plan social et environnemental ainsi qu’à appliquer au niveau européen la notion de « devoir de vigilance ». La CS3D devra passer par le trilogue de l’Union Européenne afin d’être définitivement adoptée en 2024.

Une stratégie nationale

À l’échelle nationale, la démarche “ Éviter, Réduire, Compenser ” a été introduite en droit français, dans la loi relative à la protection de la nature en 1976. Elle a depuis été renforcée par la loi pour la reconquête de la biodiversité en 2016, afin d’atteindre l’absence de perte nette de biodiversité dans la conception puis la réalisation de plans, de programmes ou de projets d’aménagement du territoire (ZAN). Le premier volet de la stratégie nationale biodiversité 2030, dévoilé en février 2022, à également ancré l’ambition que “ les entreprises rendent compte de leurs impacts et dépendances à la biodiversité et qu’elles réduisent leurs impacts négatifs de 50 % ” d’ici 2030. Le second volet, qui devrait être publié dans les prochaines semaines, viendra sûrement conforter le rôle de l’entreprise dans la préservation de la biodiversité.

Quentin Thomas
Responsable Biodiversité

 

Pour aller plus loin 

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Sources

Monitoring framework for the Kunming-Montreal global biodiversity framework – Convention on Biological Biodiversity 

COP15 biodiversité : un accord historique, mais imprécis et non-contraignant – Carbone 4

CDC BIODIVERSITÉ (2023), COP 15, ET APRÈS ? ANALYSE DES CIBLES ÉCONOMIQUES ET RECUEIL DE POINTS DE VUE. BOURCET, C., CHESNOT, Y., MAGNIER, D., N°44, 50P – CDC Biodiversité

Corporate sustainability reporting – Europa.eu

CSRD : modalités et perspectives. Comment vous aider à préparer le reporting de durabilité ? – EY 

Normes européennes d’information en matière de durabilité – premier ensemble de normes – Europa.eu

Joint statement on ESRS – Eurosif, PRI, IIGCC, EFAMA, UNEP FI

Le dérèglement climatique accélère et frôle déjà les 2° en France, la biodiversité s’effondre et les insectes disparaissent, un plan d’adaptation est désormais envisagé qui anticipe un réchauffement de 4° sur notre territoire. Bref, les occasions de se réjouir se multiplient.

Pourtant, dans cet océan de noirceur, une bonne nouvelle pointe son nez…si, si… que nous pourrions appeler, avec une pointe d’humour, la convergence des luttes.
L’explication est très simple : l’intérêt privé et l’intérêt général tendent à ne faire plus qu’un, ce qui pourrait accélérer l’engagement des acteurs économiques qui, faut-il le rappeler, pèsent à hauteur de 75% dans les dérèglements environnementaux.
Autrement dit, lorsque l’éthique d’action ne suffit pas à provoquer la grande transformation, il se pourrait que la protection de leurs intérêts, privés par essence, pousse les entreprises à se mettre enfin véritablement en mouvement et infléchissent massivement leur politique RSE .

‘Les entreprises sont désormais soumises à des pressions et des risques systémiques sans précédent’

Pourquoi ? Car elles sont désormais soumises à des pressions et des risques systémiques sans précédent.

Risques opérationnels qui menacent leurs activités ; risques de marché face à l’évolution de leurs consommateurs ; risques de financement face à des investisseurs dont l’exigence va croissante ; risques réglementaires bien sûr, si les gouvernements et surtout l’Europe s’engagent durablement dans la voie plus ambitieuse qu’ils semblent emprunter; risques réputationnels enfin, en interne et en externe, qui menacent leurs politiques de recrutement et l’engagement de leurs collaborateurs de plus en plus intransigeants.

Certains ricanent peut-être, me traitant de doux rêveur. Je leur réponds d’un clin d’œil de cassandre. Non, je ne rêve pas, j’espère simplement, face à la gravité de la situation, hélas prévisible mais tellement lourde et prégnante désormais.

J’observe aussi, autour de moi, l’évolution de certains patrons, conscients et tiraillés par leurs incohérences et souvent harcelés par leur descendance.

‘La majorité a basculé vers la question du comment agir et c’est là que l’affrontement se concentre désormais entre des visions clairement opposées’

Évidemment, les blocages ont la vie dure mais ils ont évolué. Seuls quelques irréductibles restent bloqués sur la question du pourquoi agir, fleurtant encore avec le climatoscepticisme.
La majorité a basculé vers la question du comment agir et c’est là que l’affrontement se concentre désormais entre des visions clairement opposées.

D’un côté, les technologistes ou techno-solutionnistes arguent que l’Homme, dans son génie, saura trouver les solutions et qu’il ne sert à rien de chercher à réinventer notre modèle. Nous capterons le carbone, un jour…L’avion vert volera, un jour… On peut y adjoindre les tenants du jusqu’au-boutisme, nourris, non plus par le déni, mais plutôt par la conscience sclérosante de la gravité de la situation. Après-moi le déluge….

De l’autre, ceux qui refusent ce leurre technologique ou ce défaitisme cynique et pour qui vient le temps de l’engagement, volontariste et escarpé. Car il leur faudra slalomer entre les résistances internes, les injonctions contradictoires du court et du long terme, les logiques mercantiles difficiles à défaire et des arbitrages qui feront passer les timides avancées actuelles pour des prémisses dérisoires à mesure que les pressions augmenteront.

Ce sont eux qu’il faut aider bien sûr, en premier lieu, puis montrer en exemple. C’est grâce à ces ‘pionniers’ que nous pourrons convaincre la majorité qui résiste encore que cet engagement pour l’intérêt général n’est pas optionnel mais fondamental pour leur propre avenir, pour leur intérêt particulier et que leur croyance suranné dans un modèle dépassé ou leur immobilisme opportuniste les condamnent à moyen terme.

La convergence des intérêts particuliers et de l’intérêt général constitue bien un argument décisif. Je vous laisse en revanche décider s’il convient de parler, à ce stade, de convergence des luttes, je ne suis pas certain que cette forme d’humour fasse mouche.

Jérôme Cohen
Fondateur ENGAGE

Le trafic illégal d’espèces sauvages est considéré comme un des trafics les plus lucratifs au monde, après le trafic de drogues et le trafic d’armes. Représentant entre 7 et 23 milliards de dollars par an, il est présent sur tous les continents et participe directement à l’exploitation massive des ressources qui est une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité.

Ce phénomène planétaire représente également un danger pour nous, les Hommes comme l’a rappelé en novembre dernier, Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne :

« Le trafic d’espèces sauvages relève de la grande criminalité organisée et constitue une menace directe et croissante pour la biodiversité, la sécurité mondiale et l’Etat de droit ». 

L’ampleur de ce trafic est donc gigantesque. En effet, d’après l’ONG IFAW, 7 000 espèces animales et végétales sont victimes du trafic dans le monde et 1 000 écogardes ont déjà péri dans l’exercice de leurs fonctions. Certaines espèces sont particulièrement menacées. Elles peuvent être emblématiques comme les éléphants où 100 individus sont abattus, chaque jour, par des braconniers, soit 1 toutes les 15 minutes, mais peuvent également être moins connues du grand public, mais tout autant indispensables à leurs écosystèmes. Les Saïgas par exemple, une antilope située entre l’Europe de l’Est et l’Asie, est désormais en danger. Pourtant chassée pendant des centaines d’années, c’est depuis l’effondrement de l’Union Soviétique que son nombre a chuté de plus de 95% en raison du trafic illégal, d’après Interpol

Utilisés à des fins pharmaceutiques, décoratives, ornementales, récréatives, domestiques ou de médecine traditionnelle, les raisons de la demande qui alimente ce trafic sont nombreuses. Les revenus qu’il peut générer sont également énormes, principalement pour les trafiquants qui se trouvent à la tête des réseaux. En effet, les braconniers qui capturent ou tuent les espèces sauvages, sont ceux qui gagnent le moins d’argent sur le prix de vente du produit final. D’après Interpol : 

“Un braconnier peut vendre un chimpanzé à un prix compris entre 50 et 100 dollars,  alors que l’intermédiaire peut le revendre moyennant une marge allant jusqu’à 400 %.”

Ces trafiquants en tête de réseaux sont des acteurs notoires du crime organisé et utilisent souvent le trafic illégal d’espèces sauvages pour financer d’autres crimes. C’est le cas notamment de certaines milices ou groupes armés non-étatiques qui financent leurs actions via ce biais, profitant d’une situation de conflit dans un pays. 

Pour lutter contre ces activités illégales et contrôler le cadre de la vente légale d’espèces sauvages afin qu’elles ne menacent pas leurs survies, la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) internationale a été signée en 1973. Grâce à une catégorisation, faite selon le degré de menace pesant sur l’espèce et la délivrance de permis y correspondant, les États tentent de réguler les flux commerciaux autour des espèces sauvages et ainsi de lutter contre le trafic illégal. 

Cependant, des actions complémentaires doivent être prises au niveau régional ou national afin d’agir à toutes les échelles. L’Union européenne, plaque tournante de ce trafic, a adopté un plan d’action en novembre dernier visant à lutter contre ce phénomène. Quatre axes principaux ont été définis : 

  • Prévenir le trafic d’espèces sauvages et s’attaquer à ses causes profondes
  • Renforcer le cadre juridique et politique de lutte contre le trafic d’espèces sauvages
  • Faire appliquer la réglementation et les politiques afin de lutter de manière efficace contre le trafic d’espèces sauvages
  • Renforcer le partenariat mondial entre les pays d’origine, les pays consommateurs et les pays de transit contre le trafic d’espèces sauvages

Nombreux sont les acteurs qui ont un rôle à jouer dans cette lutte, qui s’avère colossale. 

 

Sources de l’article :

  • La France, plaque tournante du trafic d’espèces sauvages – Le Monde
  • La CITES en bref – CITES
  • Biodiversité: renforcement des mesures de lutte contre le trafic d’espèces sauvages – Commission européenne
  • The Environmental Crime Crisis – Interpol, UNEP
  • Wildlife Crime Initiative – WWF
  • Criminalité liée aux espèces sauvages – IFAW

On me demande souvent pourquoi la transition ou, pour être plus ambitieux, la bascule vers une société écologique ne se fait pas plus rapidement. Difficile de répondre simplement, bien évidemment, tant les raisons sont multiples et les racines du blocage, systémiques. Difficile de répondre aujourd’hui, lorsque certaines tendances que nous croyions ancrées, sont en train de se retourner.

Pour rester un brin optimiste malgré tout, constatons d’abord que la transition, sur le long terme, a tout de même tendance à progresser. Lorsque nous étions considérés comme des empêcheurs de manager en rond il y a quelques années, nous sommes aujourd’hui parfois appelés à la rescousse. C’était en tout cas vrai il y a quelques mois encore. Nous sommes encore loin de la médecine préventive, convenons-en, mais une certaine dynamique se fait, ici ou là, sentir.

Pendant des années, ce cercle a été grippé, chacun se renvoyant les responsabilités ou pour le dire plus prosaïquement, la patate chaude.

Pour expliquer le phénomène plus en profondeur et comprendre notre situation de blocage, le concept très didactique du triangle de l’inaction semble approprié.
Il part du principe que la société évolue lorsque les citoyens, le monde économique et la sphère politique alimentent un cercle vertueux. Or, pendant des années, ce cercle a été grippé, chacun se renvoyant les responsabilités ou pour le dire plus prosaïquement, la patate chaude.

Pourquoi ? Parce que les citoyens, mal aidés par les médias et les lobbys en tous genres, n’étaient pas suffisamment informés et donc conscients des phénomènes à venir, à savoir le dérèglement climatique et la chute de la biodiversité, pourtant excessivement documentés depuis des dizaines d’années.

Est-ce leur faute ? Probablement pas.
Face à cette société civile peu conscientisée, les politiques n’avaient aucune raison ‘politicienne’ de s’occuper du sujet. La pression populaire n’allait pas dans ce sens et les élections n’étaient en rien menacées par leur absence de courage politique, bien au contraire. Les Henri Dumont, premier candidat écologiste à la présidentielle, et autres écologistes avaient beau se remuer et agiter le chiffon rouge, rien, ou presque ne se passait. Constatons aussi que leur niveau de connaissances des enjeux était, lui aussi, très faible. Pour résumer, les politiques disaient et disent encore parfois, je ne peux rien faire, la société civile n’est pas prête.
Hop, je renvoie la patate, de plus en plus chaude, sur le citoyen…

Par construction, la pression mise par les politiques sur le monde économique était donc, elle aussi, nécessairement limitée. Et, par effet miroir, les entreprises, peu conscientes et insuffisamment à l’écoute des risques que ces crises faisaient peser sur leur activité, et pas volontaristes pour un sou, n’avaient elles-mêmes peu de motivations pour demander aux politiques d’agir. Elles ne ressentaient aucune pression en interne de leurs salariés-citoyens, nous l’avons déjà mentionné et se contentaient de politiques RSE, presque par construction timides et suivistes, car surtout motivées par le réglementaire.
Pour résumer, les décideurs économiques disaient de leur côté: que voulez-vous que nous fassions si le consommateur n’est pas prêt…Hum, et la politique de l’offre ?
Hop, je renvoie la patate chaude qui devient brûlante à mesure que la planète se réchauffe, sur les citoyens…

Voilà, vous l’aurez compris, la mise en mouvement de la société était bloquée, les responsabilités ‘habilement’ et réciproquement renvoyées, c’est ce qu’on appelle le triangle de l’inaction. Malin, aujourd’hui, la patate nous brûle les doigts…

Alors, doit-on perdre espoir ? La machine est-elle définitivement grippée et notre monde condamné aux +4° ?
Disons qu’il va falloir mettre beaucoup d’huile dans les rouages pour qu’ils se mettent à tourner dans le bon sens, mais que rien n’est perdu si l’on agit vite.

Passer à une dynamique de mise en mouvement, que nous pouvons nommer le vortex de la régénération.

Disons aussi, que dans un contexte de prise de conscience généralisée, en tout cas en France, en Europe et dans certaines régions ‘en avance’ sur le sujet, il semble que les choses se mettent ou pourraient se mettre, à changer.
Pourquoi, car les citoyens, conscientisés, alertés et inquiets, pourraient faire pression sur les politiques d’une part et sur leurs entreprises d’autre part pour qu’ils bougent (cf. le phénomène de grande démission des jeunes générations qui quittent de plus en plus les entreprises accusées de cynisme et d’inaction environnementale) ; les politiques seraient dès lors poussés à réglementer plus vite, contraignant ou incitant les entreprises à agir ; les entreprises, par devoir de bonne gestion et de plus en plus conscientes des risques, pourraient elles-mêmes demander aux politiques un cadre plus clair et plus juste pour planifier leur transformation.

Pour trouver une formule et par soucis de clarté, nous passerions alors d’une situation de blocage, le triangle de l’inaction, à une dynamique de mise en mouvement, que nous pouvons nommer le vortex de la régénération.

 

Voilà ce à quoi nous devons tous œuvrer et ce pourquoi toutes les formes d’actions sont souhaitables et se complètent.
Faire pression sur les médias pour qu’ils alertent toujours plus et accélèrent encore d’avantage la prise de conscience citoyenne. Favoriser la mobilisation de la société civile, des consomacteurs et salariés-citoyens, pour qu’ils pèsent de plus en plus sur les décideurs économiques, au sein de leurs organisations et sur les décideurs politiques à toutes les échelles territoriales.
Faire pression sur les politiques pour qu’ils aient le courage de réglementer à la hauteur des enjeux, sans faire trop de pauses… Cela pourrait aider les entreprises, responsables de 75% des dérèglements actuels à comprendre que leurs intérêts et l’intérêt général ne font désormais plus qu’un, car un monde à +4° ne sera pas très bon pour leur business, comme ils disent…

Evidemment, la situation internationale, géopolitique et économique, les reculs réglementaires, aux niveaux français et européens et les nouvelles priorités affichées ne nous conduisent pas à l’optimisme.

Mais, sait-on jamais, les délires trumpiens et autres poussées réactionnaires pourraient, pourquoi pas, pousser l’Europe à réagir, à se positionner en pionnière et à comprendre enfin qu’un engagement fort n’est en rien contraire à notre santé économique mais constituera un avantage concurrentiel puissant dans les années à venir, qu’il serait dommage de laisser à la Chine…Il n’est encore pas interdit de rêver, après tout.

Jérôme Cohen
Fondateur ENGAGE

Les différents éléments de la biodiversité sont notamment liés entre eux à travers la chaîne alimentaire : chaque être vivant mange celui qui le précède. Si certains organismes n’ont pas la chance d’être à la tête de la chaîne alimentaire en tant qu’espèce prédatrice, détritivore ou composteur, ils doivent alors trouver des moyens d’adaptation pour survivre. Focus sur le camouflage.

Au fil du temps et de la mutation génétique nourrie par la sélection naturelle, certains animaux ont mis en place des moyens de défenses subtils et adaptés : le camouflage et le mimétisme.

Mais ces techniques ne servent pas uniquement contre les prédateurs, en effet, les différentes espèces peuvent également s’en servir afin de tromper leurs proies. 

Le camouflage est une méthode de dissimulation qui permet à des êtres vivants de se fondre dans leur environnement. Différentes techniques peuvent être utilisées afin de passer inaperçu. 

Une des premières catégories de camouflage est l’homochromie : l’animal s’adapte aux couleurs de l’environnement qui l’entoure. Cette adaptation peut se faire de différentes manières. L’animal peut naître directement avec la couleur qui correspond à son environnement, mais dans d’autres cas, sa couleur peut varier en fonction de la saison ou encore de son milieu. 

Certaines espèces utilisent également les couleurs disruptives, c’est-à-dire qu’elles sont très contrastées. Cela leur permet de rendre troubles les contours de leurs corps et de mieux se confondre avec les éléments qui l’entourent. Les couleurs ne sont pas forcément unies, en effet, des tâches, rayures ou autres formes peuvent faire partie de ce phénomène d’adaptation. Les fameux guépards, bénéficient grâce à leurs fourrures tachetées, d’un avantage de dissimulation pour mieux surprendre leurs proies. 

Dans la même lignée, certains motifs très présents peuvent servir à distraire d’autres espèces, notamment des prédateurs ou des proies, afin d’avoir une longueur d’avance dans toutes les situations. 

Une deuxième technique développée par certaines espèces est l’homotypie. Cela consiste également à accorder sa couleur à son environnement, mais également sa forme. Les principales espèces concernées par cette méthode sont des insectes qui se fondent notamment dans des éléments de plantes ou d’arbres. C’est notamment le cas du Papillon-feuille, qui comme son nom l’indique prend la forme et la couleur d’une feuille d’arbre afin de se camoufler efficacement. 

Une troisième technique de camouflage est le mimétisme. Ici, le bluff est poussé à son paroxysme. En effet, l’animal va essayer de ressembler à une autre espèce, souvent plus dangereuse ou menaçante, afin d’échapper à ses prédateurs. Certaines espèces nocives ou venimeuses s’imitent même entre elles via des couleurs vives sur leurs corps, ainsi elles bénéficient d’une protection mutuelle car elles sont souvent confondues. 

Tous ces mécanismes de défenses ou de prédations qui ont été adoptées par certaines espèces, bénéficient directement à leur survie dans la nature. La sélection naturelle qui consiste à sélectionner certains individus en fonction de leurs caractéristiques, est le phénomène qui permet de développer ces techniques de camouflage pour les rendre communes à nombre d’individus d’une espèce présente dans un certain milieu.

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Sources de l’article :

  • Les animaux apprennent-ils à se camoufler ? – Ça m’intéresse
  • Les animaux jouent à cache-cache : l’art du camouflage – Noé
  • Camouflage et mimétisme chez les animaux – Instinct Animal
  • Qu’est ce que la sélection naturelle – Géo

Élément essentiel de la biodiversité marine, les herbiers marins sont présents dans différentes zones de notre planète. Composés de plantes à fleurs, ils sont considérés comme des “prairies sous-marines”, situés à une faible profondeur sous l’eau, afin que la lumière puisse les atteindre. 

Malgré leur faible densité d’occupation des espaces marins, environ 0,15%, leurs fonctions écologiques est indispensable à la bonne santé des écosystèmes qui les accueillent. 

Ils façonnent leur environnement, par tous les services écosystémiques qu’ils apportent : oxygénation de l’eau, stabilisation des fonds et des courants marins, production de matière organique, zone de refuge et source de nourriture pour de nombreuses espèces. Ils jouent également un rôle important dans le stockage de carbone, puisqu’ils absorbent 18% du total stocké par les océans chaque année. Ainsi, leur conservation est indispensable à la bonne santé des espaces marins, mais également à celle de notre planète. 

Seulement, depuis les années 90, leur répartition à diminuer de moitié, notamment en conséquence des activités humaines.

Une des premières causes énoncées dans une étude scientifique publiée dans The Global Change Biology, est l’impact du secteur maritime sur ces herbiers : hélice, pêche de fond, ancre marine, loisirs nautiques… Toutes ces activités dégradent directement la santé des herbiers et donc tout l’écosystème qui y est rattaché. Avec toutes ces activités, qui se sont multipliées ces dernières années, vient s’ajouter la qualité de l’eau, qui de par les innombrables mouvements et la pollution, devient plus trouble et agitée. En conséquence, les rayons du soleil ont plus de mal à atteindre les zones où les herbiers sont installés, mettant en péril leur photosynthèse et leur croissance. 

En France et plus particulièrement le long des côtes méditerranéennes, l’herbe marine la plus répandue est la posidonie. D’après une étude de la revue Scientific Reports, cette dernière joue un rôle primordial dans la lutte contre la pollution plastique. En effet, ces herbiers auraient développé la capacité de capturer puis de filtrer les déchets plastiques, dont les microplastiques, qui sont par la suite mélangés à des déchets végétaux marins et relâchés sous forme de boules sur les côtes lors de moment de forte agitation des mers. 

Afin de protéger ces éléments indispensables à leurs écosystèmes et au bon fonctionnement de la planète, de plus en plus de mesures de protection sont et doivent être mises en place : formation et programme sur l’éco navigation, mise en place d’aires marines protégées, contrôles des méthodes d’ancrage, sensibilisation, et même restauration d’habitat. 

 

Sources :

  • Les herbiers marins, essentiels à notre survie – Fondation de la mer
  • Cinq façons dont les herbiers marins stimulent la biodiversité – UNFCC
  • Seagrasses provide a novel ecosystem service by trapping marine plastics – Scientific Reports
  • Les herbiers marins : des prairies sous-marines au rôle écologique considérable – OFB
  • Long-term declines and recovery of meadow area across the world’s seagrass bioregions – The Global Change Biology

Un écosystème est constitué d’une multitude d’interactions entre les espèces qui y sont présentes, certaines sont sédentaires, d’autres nomades, mais elles ont toutes un rôle significatif dans le maintien de la bonne santé de leurs milieux. Rencontre avec les espèces clés de voûte.

Certaines espèces, cependant, ont des rôles majeurs dans l’architecture des écosystèmes : elles les façonnent à travers leurs déplacements, leurs alimentations ou leurs interactions. Elles ont des fonctions essentielles, qui ne peuvent pas être remplies par d’autres espèces, c’est ce qu’on appelle des espèces clés de voûte.

Différents exemples peuvent être donnés, comme le castor. Il modifie son environnement et participe directement à la création de nombreuses zones humides sur son territoire, permettant ainsi la conception de zones de sédimentation et de puits de carbone.

De nombreuses espèces “clés de voûtes” sont également considérées comme des espèces dites parapluie, c’est-à-dire que la protection de ces espèces, dont le domaine vital est large, assure également la protection des autres espèces de l’écosystème, dans un effet domino.

L’éléphant appartient à ces deux catégories. En effet, par leur alimentation et leur déplacement, il modifie physiquement son environnement, permettant de créer, changer ou maintenir différents habitats. Son passage peut permettre de créer de nouveaux lieux d’habitation à des espèces plus petites comme les lézards, qui vont ainsi pouvoir trouver refuge dans les crevasses des branches cassées des arbres.
Les brèches causées par le passage des éléphants dans les forêts, permettent également de faire pénétrer de la lumière à certains endroits et de favoriser l’existence et la prolifération de certaines espèces végétales. Cela peut aussi permettre aux arbres de gagner en force et en hauteur, avec une plus grande capacité de stockage de carbone, ayant ainsi non seulement un impact local, mais mondial.
La consommation alimentaire importante des éléphants et leur système digestif rapide (environ 24h) permettent aussi la dispersion de graines à travers leurs selles. Grâce aux qualités d’engrais de la bouse d’éléphants, ces graines peuvent germer et se développer, favorisant la création de nouveaux habitats via l’implantation de certaines végétations dans de nouvelles zones où les éléphants sont passés.

Le rôle des éléphants est essentiel au bon maintien des écosystèmes, et leur protection ne bénéficie donc pas uniquement à cette espèce, mais aux centaines d’autres avec lesquelles ils cohabitent, dont les humains.

 

Sources :

  • Les éléphants en tant qu’ingénieurs de l’écosystème – Save the Elephants
  • Les espèces parapluies au secours de la nature – Géo
  • Les espèces parapluies assurent la biodiversité – Notre nature

Nos fleurs, plantes, fruits et arbres ne seraient pas les mêmes sans elles. Les abeilles ont un rôle primordial dans le fonctionnement de la biodiversité et la survie de la majorité des êtres vivants.

On estime qu’elles contribuent à la conservation d’environ 80% des espèces végétales dans le monde.

Elles jouent le rôle de pollinisatrices, puisque lorsqu’elles butinent, elles déplacent le pollen de fleurs en fleurs permettant ainsi la reproduction végétale.

De nombreuses espèces d’abeilles peuplent aujourd’hui notre terre, mais il semble important d’en différencier deux catégories : les abeilles sauvages et les abeilles domestiques – Apis mellifera. Les abeilles sauvages sont les plus nombreuses sur la planète, elles représentent environ 80% de la population totale. Généralement solitaires, elles peuvent se regrouper par groupe de petites dizaines d’individus contrairement aux abeilles domestiques qui peuvent aller de 20 000 à 60 000 individus par ruche. L’Apis mellifera est un réel outil de production pour les différents dérivés issus du travail des abeilles :

D’après l’IPBES “Environ 81 millions de ruches dans le monde produisent environ 1,6 million de tonnes de miel par an”.

Malheureusement, les menaces qui pèsent sur ces pollinisateurs sont nombreuses : changements d’affectation des sols, agriculture intensive et pesticides, pollution, espèces exotiques envahissantes, agents pathogènes et changement climatique. Mais depuis quelques années, de plus en plus de scientifiques viennent également mettre en garde contre une concurrence possible entre les abeilles sauvages et les abeilles domestiques.

En effet, différentes études ont été menées pour étudier ce potentiel phénomène. Dans les espaces ruraux, des résultats ont montré que le butinage des abeilles sauvages était deux fois inférieur à la normale, dans les 600 mètres aux alentours des ruchers d’élevages.  Cependant, au-delà de ce périmètre, la concurrence entre les espèces ne révèle rien d’alarmant. En France, 92 % des exploitations comportent moins de cinquante ruches, limitant de cette façon l’impact des populations domestiques sur les populations sauvages, surtout à la campagne.

La situation la plus inquiétante serait celle des villes. En effet, le nombre de ruches s’est multiplié dans nos agglomérations. À Paris, on peut désormais compter plus de 2 000 ruches, souvent installées dans une démarche écologique et/ou pédagogique. Seulement, ce nombre exponentiel d’abeilles domestiques sur ce territoire limité, ne favorise pas le développement de la biodiversité, au contraire, la diversité des espèces sauvages est alors mise à mal. Une étude sur la diversité des abeilles dans Paris, menée par Isabelle Dajoz, a démontré ce phénomène dans la capitale parisienne, tirant ainsi la sonnette d’alarme sur l’utilisation massive des ruches. Ses recommandations tendent vers une autre gestion des espaces verts : plus de fleurs, moins de tonte régulière des herbes, mais surtout une limitation des ruches à 2 au kilomètre carré, donc deux fois moins que leur nombre parisien.

De nombreuses villes limitent déjà le nombre de ruches dans leur agglomération comme Metz, et des parcs nationaux lancent de plus en plus de recherches sur les effets de la cohabitation entre les abeilles sauvages et domestiques, afin de repérer les éventuelles concurrences qui pourraient être néfastes et ainsi pouvoir réagir à temps.

La protection des abeilles sauvages ne peut être que bénéfique, puisqu’elle sera favorable à tous les autres pollinisateurs qui souffrent des mêmes menaces. La concurrence avec les abeilles domestiques reste, en France, un danger assez réduit et surtout ciblé selon les espaces.

 

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Sources :

  • Pourquoi les abeilles sont cruciales pour les personnes et pour la planète – UNEP
  • Nos abeilles domestiques, un danger pour la nature ? – GÉO
  • Le rôle des abeilles dans la nature – Ma Ruche en Pot 

Quand nous pensons au désert, l’image d’une vaste étendue de sable fin sous une forte chaleur nous vient souvent à l’esprit. Or, les milieux désertiques comprennent en réalité différentes catégories : tropicaux, tempérés, continentaux ou polaires. Ces catégories ont néanmoins des caractéristiques communes : une faible intensité de précipitations, une forte évaporation, des vents violents et la pauvreté des sols. Les déserts, souvent qualifiés de zones arides ou semi-arides, sont présents à de nombreux endroits sur Terre.

Le continent où ces zones sont les plus présentes est l’Afrique, notamment par la présence du désert du Sahara et du désert du Namib. Ce continent est également le plus touché par les zones dénommées de “désert absolu” où les formes de vie sont très rares, voire inexistantes.

Dans les milieux arides ou semi-arides, cependant, une biodiversité a réussi à s’adapter à ces déserts et aux conditions de vie difficiles qui les caractérisent. Focus sur l’adaptabilité des espèces

La végétation y est bien présente, dépendante de la quantité d’eau disponible, de l’état du sol et des vents, certaines espèces bien précises réussissent à perdurer dans cet élément.  Pour limiter les effets des rayons du soleil, certaines plantes ont développé des feuilles de très petites tailles, d’autres en ont aucune. Parmi les types de plantes qu’on peut retrouver dans ces zones, nous pouvons notamment citer les plantes succulentes, les cactus, les palmiers et des herbes sous différentes formes. 

La faune n’a pas non plus déserté ces zones. Souvent actives la nuit, la plupart ont su développer des techniques d’adaptation aux conditions difficiles de ces milieux. Un des animaux désertiques le plus connu est le chameau, qui stocke les graisses dans ses bosses lui permettant de pouvoir passer plus de 4 mois sans manger. Grâce à l’adaptation de leurs cellules, notamment les globules rouges qui ont une plus grande capacité d’absorption de l’eau, cet animal est capable de rester une semaine sans boire une goutte d’eau. 

Beaucoup de ces espèces sont nomades et donc en constant mouvement à la recherche de sources d’eau et de nourriture sur de vastes zones. À cela, s’ajoute le développement d’une pigmentation dans les tons clairs, afin de moins souffrir des rayons du soleil. D’autres espèces comme les lézards, sont hétérothermes, c’est-à-dire que leurs températures internes varient avec la température ambiante. Bénéficiant des rayons du soleil la journée, ils sont également capables de résister à des températures plus froides souvent présentes la nuit. 

Les déserts regorgent donc de différentes espèces capables de s’adapter à des conditions extrêmes.

Malheureusement, le réchauffement climatique vient également affecter ces écosystèmes. Les températures sembleront augmenter davantage dans ces zones que dans le reste du monde, mettant directement en danger la faune et la flore qui y sont présentes.

Les vagues de chaleur de plus en plus intenses risquent de ne plus être supportables pour de nombreux animaux et végétaux, et de transformer de plus en plus d’espaces en désert absolu.

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Sources :